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Pourquoi l’Inde déteste Arundhati Roy

by Sara

Pourquoi l’Inde déteste Arundhati Roy

Après avoir perdu inopinément leur majorité parlementaire lors des élections de cette année et été contraints de former un gouvernement de coalition, j’avais prédit que les nationalistes hindous au pouvoir en Inde intensifieraient leurs attaques contre leurs détracteurs pour tenter de réaffirmer leur hégémonie sur la politique indienne.

Malheureusement, ma prédiction s’est rapidement avérée.

Quelques jours seulement après les élections, un officiel du nouveau gouvernement dirigé par le BJP a permis la poursuite de l’auteure et militante indienne, lauréate du prix Booker, Arundhati Roy, pour des remarques qu’elle avait faites lors d’une discussion en 2010 suggérant que le Cachemire n’avait jamais été une partie intégrante de l’Inde.

La poursuite a été accordée en vertu de la draconienne Loi sur la prévention des activités illégales (UAPA), souvent utilisée contre les individus que le gouvernement nationaliste hindou juge antinationaux, non patriotiques et sympathisants de groupes terroristes.

Une Voix Dérangeante

Cette attaque contre Roy est révélatrice des inquiétudes croissantes de la direction du BJP après une performance électorale en deçà des attentes. Mais l’auteure acclamée n’est pas sanctionnée simplement parce qu’elle a osé dire ou faire quelque chose qui remettait en question l’autorité du BJP. Elle n’est pas simplement une critique ordinaire qui a parlé franchement et a bouleversé un poids lourd du parti.

Roy est ciblée en raison de sa capacité intrinsèque à mettre en lumière certaines des corruptions fondamentales qui sous-tendent les piliers socio-économiques et politiques de l’État indien. Et bien qu’électoralement affaibli, cette aptitude effraie profondément le BJP.

Le Combat pour le Cachemire

Il n’est pas surprenant que les commentaires pour lesquels Roy est poursuivie soient liés au Cachemire. Le déni véhément des droits des Cachemiris ainsi que la répression violente du mouvement de libération cachemiri ont depuis longtemps marqué le nationalisme indien belliqueux.

À maintes reprises, la tyrannie s’est manifestée au Cachemire. Par exemple, entre la fin des années 1980 et le début des années 2000, les forces armées indiennes sont soupçonnées d’avoir fait disparaître de force entre 8 000 et 10 000 hommes cachemiris. Ces hommes sont portés disparus depuis des années, mais ne peuvent être officiellement déclarés décédés. Les épouses de ces hommes, surnommées les « veuves à moitié », et leurs enfants se retrouvent sans grande protection légale, luttant souvent contre la pauvreté voire le sans-abrisme.

Une Voix pour les Opprimés

Arundhati Roy a récemment été récompensée du Prix PEN Pinter. Le prix est décerné aux écrivains qui portent un regard intrépide sur le monde et font preuve d’une détermination intellectuelle féroce à définir la véritable vérité de nos vies et de nos sociétés.

Le regard intrépide d’Arundhati Roy est indéniablement nécessaire car la politique dans l’Inde de Modi est un mélange enivrant de nationalisme religieux, d’autoritarisme et de capitalisme. Sa détermination intellectuelle féroce à dire la vérité aux puissants est une anomalie bienvenue à une époque où les voix critiques sont si facilement réduites au silence.

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