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Entre le 17 et le 23 octobre 2025, plusieurs centres de recherche ont publié des études majeures portant sur les enjeux géopolitiques et les conflits mondiaux.
Cette synthèse rassemble les conclusions et scénarios clés présentés par ces instituts afin d’offrir un panorama clair des dynamiques régionales et internationales actuelles.
Mot-clé principal : études géopolitiques octobre 2025.
Centre Al Jazeera pour les études
Le Centre publie une analyse intitulée « Stratégie de retrait et d’expulsion dans les pays du Sahel : souveraineté en suspens entre émancipation et dépendance ».
L’étude examine comment le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont adopté des politiques de « retrait et d’expulsion » vis‑à‑vis d’institutions internationales et de partenaires occidentaux au nom de la souveraineté.
Les auteurs montrent que, loin d’une souveraineté retrouvée, ces pays ont basculé d’une dépendance vis‑à‑vis de la France et de l’Occident vers de nouvelles dépendances, notamment envers la Russie et d’autres acteurs.
La souveraineté demeure donc « en suspens », marquée par un repositionnement stratégique et des relations extérieures réorientées.
Rubrique connexe — titres signalés dans la publication :
- « « Souveraineté sans nom » : accélération de l’annexion de la Cisjordanie par Israël »
- « Famine conditionnée et reconstruction : outils de « l’économie sans État » après la guerre à Gaza »
Groupe international de crise (International Crisis Group)
Le rapport du groupe identifie plusieurs dossiers prioritaires et propose des orientations politiques à court et moyen terme.
Les principaux points sont présentés ci‑dessous.
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Gaza : une trêve décisive, mais première étape
La trêve est qualifiée d’étape essentielle pour sauver des vies civiles et permettre l’acheminement d’aide.
Toutefois, elle ne constitue pas une solution globale : le document appelle à une pression internationale soutenue pour définir des arrangements sécuritaires et politiques, et pour engager une reconstruction crédible garantissant une stabilité durable. -
Une fenêtre diplomatique pour le Sahara occidental
Le rapport note une phase diplomatique ouverte qui pourrait permettre la reprise des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario après des années d’impasse.
Il insiste sur la nécessité de mesures de confiance et sur l’implication d’acteurs internationaux, en particulier les Nations unies, pour éviter l’escalade et réorienter le processus vers une solution politique. -
Sauver le Yémen d’un double danger
Deux crises imbriquées menacent le Yémen : les attaques houthies contre la navigation et le commerce mondial via la mer Rouge, et la poursuite de la guerre civile entre les Houthis et le gouvernement reconnu internationalement.
Le rapport souligne l’impact humanitaire et la nécessité d’une approche combinant sécurité maritime et relance des négociations de paix. -
Les grands défis européens restent à venir
Selon l’étude, l’Europe fait face à des défis économiques, sociaux et démocratiques internes, conjugués à des pressions géopolitiques extérieures et à un ordre mondial en mutation.
Ces risques, encore insuffisamment contenus, annoncent une période d’épreuves pour les États membres et leurs institutions. -
Aider la Somalie à dépasser la fragilité
Malgré quelques progrès, la Somalie reste vulnérable en raison du conflit avec Al‑Shabaab et d’un appareil étatique faible.
Le rapport met en garde contre un glissement vers une déstabilisation accrue si des réformes structurelles et un soutien soutenu ne sont pas engagés.
Conseil Atlantique (Atlantic Council)
Le Conseil Atlantique analyse plusieurs dossiers diplomatiques et sécuritaires internationaux, en proposant des scénarios et en évaluant leur portée stratégique.
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Indonésie et Israël : la visite qui n’a pas eu lieu et son importance
Le Conseil détaille les spéculations autour d’une visite potentielle du président indonésien à Israël et les conséquences possibles d’un rapprochement.
Jakarta tente de concilier les pressions en faveur de l’ouverture diplomatique et ses sensibilités internes en tant que plus grande nation musulmane, faisant de toute évolution un acte chargé de risques politiques et sociaux. -
Les États‑Unis peuvent‑ils sceller un accord global avec l’Iran ?
L’étude évalue deux trajectoires : un accord majeur permettant un allègement des sanctions en échange de concessions nucléaires et stratégiques, ou un statu quo toxique où les tensions restent gelées mais susceptibles d’escalader.
Le deuxième scénario est considéré comme le plus dangereux, ouvrant la porte à des affrontements incontrôlés. -
Après le cessez‑le‑feu à Gaza, quelle stratégie pour les Houthis ?
Le Conseil explore ce que pourraient faire les Houthis après un arrêt des hostilités entre le Hamas et Israël : une pause tactique des attaques en mer Rouge, une réorganisation interne ou une réutilisation de la pression contre des cibles régionales.
Trois scénarios sont proposés : recentrage sur le Yémen, chantage visant les infrastructures du Golfe, ou nouvelle montée en intensité régionale comme bras d’influence iranien.
أبعاد للدراسات الإستراتيجية (Ab’ad pour les études stratégiques)
L’institut se concentre sur l’escalade potentielle entre le Pakistan et l’Afghanistan dans le contexte d’une médiation internationale.
Un cessez‑le‑feu conclu avec l’aide du Qatar et de la Turquie est suivi d’une série de rencontres prévues pour stabiliser la frontière.
Une nouvelle ronde de pourparlers, organisée sous l’égide d’Ankara le 25 octobre 2025, vise à transformer la trêve en un accord durable et à prévenir une reprise des hostilités après les affrontements survenus le 11 octobre 2025.
Centre Al‑Ahram pour les études politiques et stratégiques
Le Centre propose plusieurs notes sur les relations euro‑méditerranéennes, les tensions régionales et l’évolution des doctrines militaires et politiques.
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Égypte et Union européenne : une charte pour la Méditerranée fixe de nouvelles règles
Le « pacte » met l’accent sur trois axes : la dimension humaine (éducation et échanges culturels), l’économie (commerce, investissement, énergie et lutte contre l’immigration irrégulière) et la sécurité (stabilité régionale, lutte antiterroriste et cybersécurité).
Le document privilégie des intérêts partagés et des approches régionale et pragmatique plutôt qu’une exportation de modèles politiques. -
Pourquoi les affrontements persistent entre Afghanistan et Pakistan ?
Le rapport rappelle que les hostilités le long de la ligne Durand résultent de différends historiques et du soutien à des groupes armés, rendant les cessez‑le‑feu fragiles malgré les médiations extérieures.
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Espagne et Gaza : motivations stratégiques et répercussions régionales
L’étude analyse la récente posture espagnole, marquée par une interdiction permanente des exportations d’armement à destination d’Israël, le soutien aux enquêtes internationales et l’aide accrue à Gaza.
Ces choix traduisent une plus grande autonomie stratégique mais pèsent sur la position de Madrid au sein de l’Union européenne et dans ses relations régionales. -
Pas une défaite arabe : le bilan des confrontations entre Israël et les acteurs non étatiques
Le centre conclut que les récents échanges ont permis à Israël de réaffirmer certains éléments de sa dissuasion, provoquant un recul du pouvoir opérationnel et du soutien populaire pour des groupes comme le Hezbollah, le Hamas et les Houthis.
Ces combats, asymétriques par nature, invitent à une réévaluation des stratégies militaires et politiques dans la région.
Centre Al‑Zaytouna pour les études et consultations
Les travaux du centre se focalisent sur l’avenir de Gaza et sur les réactions politiques des mouvements palestiniens face à des propositions internationales.
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Gaza : le prochain affrontement des volontés
Après la fin des hostilités, la scène politique s’annonce dominée par un conflit de volontés entre Palestiniens, Israël et la pression américaine.
Les enjeux porteront sur le contrôle des points de passage, la composition du gouvernement et la question du désarmement des factions, la cohésion palestinienne restant décisive pour l’avenir du territoire. -
Analyse de la réponse du Hamas au plan Trump
Le mouvement a adopté une posture nuancée : il n’a ni rejeté entièrement le plan ni adhéré sans réserve.
Hamas a accueilli favorablement certaines mesures humanitaires et politiques (fin de l’agression, retrait des forces), tout en laissant les questions structurantes — notamment le désarmement — à la discussion nationale et internationale, en insistant sur le respect de la volonté populaire.
Carnegie pour la paix internationale
Une étude examine la coopération pragmatique mais peu structurelle entre pays arabes, illustrée par des accords d’échanges bilatéraux.
Exemple cité : des livraisons de carburant de l’Irak au Liban en échange de services médicaux.
Les chercheurs estiment que ces arrangements, souvent présentés comme de la solidarité, masquent en réalité la fragilité des systèmes politiques et économiques.
Ils n’entraînent guère de réformes profondes et confortent des réseaux d’élites et de courtage opaque plutôt que de renforcer des institutions résilientes.
Institut de Washington pour la politique au Proche‑Orient
L’institut analyse la dépendance persistante des États du Golfe vis‑à‑vis des États‑Unis malgré des efforts de diversification stratégique.
Il souligne que la Chine, la Russie ou d’autres coalitions régionales ne peuvent, à ce stade, remplacer l’étendue des engagements stratégiques fournis par Washington.
Les auteurs notent que des incidents régionaux — comme l’attaque israélienne contre le territoire qatarien en septembre 2025 — ont renforcé les doutes sur la stabilité régionale et la fiabilité des garanties.
Néanmoins, les capacités américaines demeurent, pour l’heure, l’option la plus réaliste pour assurer certains engagements de sécurité aux États du Golfe.
Cette synthèse reprise des principaux rapports publiés entre le 17 et le 23 octobre 2025 offre une vision transversale des défis actuels : recomposition des alliances, fragilité institutionnelle, processus de paix incertains et risques d’escalade régionale.
Les analyses convergent vers la nécessité d’une diplomatie active, de mesures de confiance et d’un appui ciblé aux processus de stabilisation pour prévenir des crises plus larges.
