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Une nouvelle procédure endoscopique innovante ciblant le duodénum semble prometteuse pour améliorer les paramètres glycémiques chez les personnes atteintes de diabète de type 2 (DT2). Cette technique, basée sur une thérapie de re-cellularisation par électroporation, a montré des bénéfices significatifs sur la sensibilité à l’insuline et la fonction des cellules bêta.
Une thérapie non thermique pour le diabète de type 2
La thérapie ReCET (re-cellularization via electroporation therapy), développée par Endogenex, utilise des champs électriques pulsés pour stimuler la régénération du duodénum sans recourir à la chaleur. Présentée par le Dr Barham Abu Dayyeh, directeur de la gastroentérologie interventionnelle au Cedar-Sinai Hospital de Los Angeles, cette méthode vise la régénération des tissus muqueux et sous-muqueux du duodénum, qui semblent être des cibles thérapeutiques clés dans la gestion du DT2.
« Ce n’est pas simplement une ablation, c’est une régénération du duodénum qui pourrait modifier le diabète de type 2 », explique le Dr Abu Dayyeh lors du congrès Digestive Disease Week (DDW) 2025.
Une nouvelle vision du rôle du duodénum dans le diabète
Une analyse basée sur l’intelligence artificielle de biopsies du duodénum, menée sur 111 personnes atteintes de DT2 et 120 témoins sans diabète, a révélé des caractéristiques distinctes liées à la maladie métabolique. Elles incluent une inflammation importante de la muqueuse profonde et de la sous-muqueuse, une fibrose accrue, ainsi qu’une dysfonction de la barrière intestinale, un ensemble que les chercheurs ont nommé « duodénopathie diabétique ».
Le Dr Abu Dayyeh compare le duodénum à un chef d’orchestre de la maladie métabolique : « Il intègre des signaux provenant de l’alimentation et du microbiome, et communique cette réponse métabolique aux organes en aval comme le pancréas, le foie et le tissu adipeux. »
Selon lui, les traitements actuels se concentrent sur les effets en aval (« le violoniste et le flûtiste »), tandis que son approche cible le « chef d’orchestre » pour potentiellement synchroniser l’ensemble et modifier la progression de la maladie.
Présentation des résultats cliniques du protocole REGENT-1
L’étude REGENT-1 est une étude multicentrique, ouverte, à dose croissante, menée sur 51 patients atteints de DT2 depuis moins de 10 ans, avec un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) compris entre 7,5 % et 11 %, malgré l’utilisation d’au moins un médicament antidiabétique non insulinique.
Le succès de la procédure, défini par le traitement d’au moins 6 cm du duodénum, a été atteint chez tous les participants. Dès un taux de base de 8,6 % d’HbA1c, une baisse dose-dépendante a été observée aux semaines 12 et 48 :
- Réduction de 1,00 point de pourcentage chez 18 patients au niveau de dose moyen
- Réduction de 1,70 point de pourcentage chez 21 patients au niveau de dose élevé
Le poids corporel a également diminué de façon proportionnelle à la dose d’énergie appliquée, allant de 1,2 % de perte au niveau le plus faible à 6,2 % au plus élevé.
Amélioration des paramètres glycémiques
Les tests de tolérance au repas mixte ont montré après 48 semaines :
- Une réduction de la surface sous la courbe de glucose
- Une amélioration de la sensibilité à l’insuline
- Un meilleur fonctionnement des cellules bêta
- Une hausse significative de l’indice de disposition, mesurant la réponse des cellules bêta à la résistance à l’insuline
Ces résultats ont été particulièrement significatifs à la dose énergétique la plus élevée, sans événements indésirables graves liés à l’appareil ou à la procédure.
Comparaison avec d’autres traitements
Selon le Dr Abu Dayyeh, les agonistes modernes des récepteurs du GLP-1 comme le sémaglutide et le tirzépatide augmentent davantage la fonction des cellules bêta que la procédure ReCET ou la chirurgie de dérivation gastrique (Roux-en-Y). Cependant, ReCET surpasse ces traitements en termes de sensibilité à l’insuline (+487 % contre +30 % pour sémaglutide et +62 % pour tirzépatide) et d’indice de disposition (+1032 % avec ReCET versus +367 % avec sémaglutide).
Perspectives et avis d’experts
Le Dr Ali Aminian, spécialiste en chirurgie et directeur de l’Institut de chirurgie bariatrique et métabolique à la Cleveland Clinic, souligne la complexité hétérogène du diabète. Il estime que la duodénopathie diabétique pourrait concerner un sous-groupe spécifique de patients, pour lesquels les procédures endoscopiques ciblant le duodénum pourraient avoir un rôle à jouer à l’avenir.
Il insiste toutefois sur la nécessité d’études contrôlées : « Les résultats de cet essai à un seul bras sont prometteurs, mais la prochaine étape est d’inclure un groupe témoin aveugle sous endoscopie sans intervention thérapeutique. »
Un tel essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par procédure simulée est en cours, avec des résultats attendus fin 2026.
Déroulement et accessibilité de la procédure
La procédure ReCET dure actuellement entre 30 minutes et une heure et se réalise en ambulatoire. Le Dr Abu Dayyeh espère qu’elle deviendra un jour une intervention rapide d’environ 20 minutes, aussi accessible qu’une coloscopie.
Il imagine que médecins généralistes et endocrinologues pourront orienter leurs patients vers un gastroentérologue ou un chirurgien pour cette intervention, permettant une prise en charge simplifiée et optimisée du diabète.