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Réactions internationales face à la mort de journalistes à Gaza

by Sara
Israël, Palestine, Suède, Royaume-Uni, Canada, Australie, France, États-Unis

Une coalition internationale créée pour défendre la liberté des médias a peiné à formuler une réponse commune après la mort de six journalistes palestiniens à Gaza le mois dernier, selon des courriels rendus publics. Les échanges montrent que plusieurs pays membres ont manqué une date limite pour rejoindre une déclaration condamnant la violence à l’encontre des médias, révélant des divisions et des hésitations au sein du groupe.

La difficulté à s’accorder sur un message commun met en lumière les tensions diplomatiques autour de la crise à Gaza et la complexité de produire une réaction multilatérale face à des événements rapides et sensibles.

Contexte et chronologie

Le 10 août, une frappe de drone israélienne a tué six journalistes à Gaza, parmi lesquels plusieurs collaborateurs d’Al Jazeera, dont le correspondant Anas al-Sharif. L’événement a suscité une vague de condamnations de la part de gouvernements et d’organisations de défense de la liberté de la presse.

La Media Freedom Coalition (MFC) a finalement publié, le 21 août, une déclaration dénonçant la violence contre les journalistes à Gaza, soit près de deux semaines après les faits. La déclaration condamnait le « ciblage délibéré » des professionnels des médias et appelait à l’enquête et à la poursuite des responsables.

Depuis le début du conflit israélo-palestinien en octobre 2023, le Committee to Protect Journalists (CPJ) estime qu’environ 200 travailleurs des médias ont été tués dans des attaques israéliennes à Gaza.

Ce que révèlent les courriels suédois

Des courriels obtenus par la Suède via une demande d’accès à l’information montrent les difficultés internes à la coalition pour pondre une déclaration commune. La Suède, membre de la MFC, a fourni ces échanges à Al Jazeera.

Le secrétariat de la coalition avait demandé aux pays membres de confirmer leur adhésion à la déclaration avant midi le 20 août. Selon les courriels, seulement 16 pays avaient répondu dans les délais.

Quelques heures avant la fin du délai, l’ancienne fonctionnaire suédoise Christina Linnarud a indiqué qu’il « pourrait être difficile » de respecter la date butoir et a demandé plus de temps pour prendre une décision finale, tout en demandant quelles autres capitales avaient déjà signé.

Réactions au secrétariat et déroulé

Tally Kapadia, coordinatrice de projet au secrétariat basé à Londres, a répondu que la confirmation après la date limite « ne devrait pas poser de problème » et a précisé que d’autres pays « étaient dans la même position ». Elle anticipait que la liste des participants s’allongerait.

Les noms des pays ayant demandé un délai ont été censurés dans les courriels publiés, ce qui empêche de savoir précisément qui a manqué le cut-off et pourquoi.

  • Pays ayant finalement signé la déclaration (21 au total) : Suède, Royaume-Uni, Canada, Australie, France, entre autres.
  • Pays n’ayant pas apposé leur nom : États-Unis, Corée du Sud, Argentine, Maldives, et plusieurs autres membres.

Kapadia a souligné qu’ils avaient « essayé au mieux d’accommoder toutes les lignes rouges » et que la déclaration privilégiait des « points centraux » plutôt que de revenir en détail sur chaque événement, en raison de la rapidité des développements à Gaza.

Les enjeux derrière l’hésitation

La nécessité d’obtenir un consensus entre de nombreux gouvernements explique en partie le délai. Le secrétariat a rappelé que les déclarations multilatérales demandent du temps pour assurer une formulation qui rassemble le plus grand nombre.

Certains pays, selon les échanges, souhaitaient plus de temps pour évaluer les implications diplomatiques d’une prise de position publique. D’autres redoutaient que la déclaration ne couvre pas l’intégralité des préoccupations ou n’aille pas assez loin sur des points précis.

Réactions des organisations et de la presse

La tuerie du 10 août, qui a notamment touché des correspondants et des opérateurs d’Al Jazeera, a provoqué des réactions fortes d’organisations de défense des journalistes. Reporters sans frontières et le CPJ ont condamné l’attaque.

Le réseau Al Jazeera a qualifié ces assassinats d’« attaque flagrante et préméditée contre la liberté de la presse » et d’une « tentative désespérée de faire taire les voix qui dénoncent la saisie et l’occupation imminentes de Gaza ». Ces mots ont renforcé la pression sur les États et coalitions internationales pour qu’ils réagissent.

La déclaration de la MFC du 21 août représente le premier communiqué du groupe concernant la bande de Gaza depuis le début de la guerre en octobre 2023.

Historique de la coalition

La Media Freedom Coalition a été créée en 2019 à l’initiative du Royaume-Uni et du Canada. Depuis, elle a publié des déclarations sur la liberté des médias dans plusieurs pays et territoires, notamment la Russie, la Turquie, Hong Kong, et le Venezuela.

L’an dernier, la coalition avait déjà exprimé son inquiétude face à la fermeture des bureaux d’Al Jazeera en Cisjordanie occupée, montrant une attention régulière aux restrictions visant les médias dans la région.

Illustration des documents

Les courriels suédois fournissent un aperçu rare des discussions internes à une coalition internationale face à une crise médiatique. Ils montrent comment des questions de calendrier, de formulation et de lignes rouges politiques peuvent retarder une réponse collective.

Documents et échanges de la Media Freedom Coalition

La publication de ces échanges remet en lumière la difficulté à produire des positions communes sur des sujets aussi sensibles que la mort de journalistes à Gaza, et souligne l’importance d’une réponse coordonnée pour défendre la sécurité des professionnels des médias.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/9/11/countries-struggled-to-respond-to-killings-of-al-jazeera-staff-emails-show

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