Home ActualitéReconstitution numérique à Valence pour le drame de Crépol

Reconstitution numérique à Valence pour le drame de Crépol

by charles
France

La reconstitution numérique des faits liés au drame de Crépol démarre à Valence ce lundi 22 septembre, avec 14 mis en examen et une procédure qui doit durer entre dix et quatorze jours. Un expert judiciaire s’est préalablement rendu dans le village drômois pour numériser la scène et l’emplacement de tout élément relevé pendant l’enquête, afin de constituer un canevas numérique enrichi au fil des témoignages. Objectif: mieux comprendre l’enchaînement des faits et, le cas échéant, individualiser le rôle de chacun des mis en examen. Le dispositif se déroule au Palais de justice de Valence et s’appuie sur la 3D pour visualiser la scène sans déplacement sur les lieux.

Illustration numérique représentant une affaire de justice
Reconstitution numérique représentant une affaire de justice

À Valence, la reconstitution numérique clarifie le drame de Crépol

La démarche, qui s’inscrit dans une tradition d’instruction permettant de repositionner les acteurs, repose sur la modélisation en 3D et sur des données tirées des constats et des témoignages. Selon le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny, « Il est usuel en matière d’instruction d’essayer de repositionner, remettre en présence et en scène les acteurs de l’affaire. Mais on peut utiliser des moyens technologiques, c’est-à-dire qu’au lieu d’aller sur place, nous allons être dans le cabinet des juges d’instruction ». La base numérique a été préalablement créée par un expert judiciaire, qui a numérisé la scène et l’emplacement des éléments relevés, et elle peut être enrichie par les déclarations des parties au palais de justice.

Une numérisation préalable a été réalisée et la base peut être complétée à mesure que les témoins et les avocats apportent de nouvelles informations. Cette approche vise à offrir des « points de vue différents » et à permettre de parcourir la scène à volonté, y compris sur des vues à 360 degrés, selon les explications des acteurs de l’enquête.

Vue d'une procédure judiciaire en Drôme
La base numérique est enrichie au fil des témoignages

Le dispositif répond à des enjeux de précision et de sécurité: il évite de déplacer toutes les parties sur les lieux en présence de l’ensemble des personnes concernées et facilite les échanges entre les avocats et les juges d’instruction. « Mon intime conviction, c’est que c’est l’humain qui prédomine et qu’un mis en examen qui souhaite parler, qui souhaite dire la vérité ou qui souhaite se cacher derrière les contrefaçons, que ce soit une reconstitution physique ou une reconstitution numérique, le résultat sera le même », a estimé Me Farelly.

Les avocats des mis en examen insistent sur l’utilité pratique de l’outil, tout en soulignant ses limites potentielles. « Savoir qui a pu porter ces coups de couteau ce soir-là. C’est toute l’utilité de ce type de reconstitution », a résumé Me Bilel Hakkar.

Objectifs, méthode et chiffres clés

Quatorze mis en examen, dont certains étaient mineurs au moment des faits, restent tous poursuivis pour « homicide volontaire et tentative d’homicides volontaires en bande organisée ». Neuf d’entre eux ont été extraits de détention provisoire pour participer à la procédure, et une cinquantaine de parties civiles et leurs avocats sont également invités à suivre l’opération, même si tous ne feront pas le déplacement.

« Aujourd’hui, on est dans une situation qui ne peut plus durer, qui consiste à reprocher à chacun des mis en examen la totalité des faits. Il faut (…) qu’on sache avec précision ce qui peut être reproché à chacun », a également fait echo Me Romaric Chateau, avocat de trois suspects.

« Il y avait plus de 400 (témoins) ce soir-là, et donc matériellement c’est impossible, et les magistrats instructeurs ont décidé de limiter un peu drastiquement le nombre de personnes présentes », a observé Me Bilel Hakkar. L’ouverture de la reconstitution a été marquée par des échanges entre avocats et magistrats autour de l’ampleur du dispositif et des conditions de participation des parties civiles. Le procureur et les défenseurs précisent toutefois que l’objectif est de parvenir à une « individualisation des responsabilités » et d’utiliser le canevas numérique comme outil pour éclairer les versions des uns et des témoins des autres.

« Nous attendons de cette reconstitution qu’il y ait une individualisation des responsabilités », a résumé Me Guillaume Fort, avocats de plusieurs des mis en examen, ajoutant que la démarche se fait « sans défiance, avec une confiance raisonnée, simplement pour concourir la manifestation de la vérité et savoir ce qui a pu se jouer ce soir-là ».

Réactions et enjeux pour les parties civiles

Outre les 14 mis en examen, une cinquantaine de parties civiles et leurs avocats sont invités à suivre l’opération, même si tous ne feront pas le déplacement. Cette présence, selon les avocats, vise à ouvrir la voie à une clarification des faits et, potentiellement, à une meilleure démonstration des responsabilités.

Les avocats de la défense soulignent néanmoins que la reconstitution numérique ne peut pas, à elle seule, régler toutes les questions liées à l’affaire. « C’est toute la procédure qui va permettre une condamnation », a précisé Me Alexis, lors de l’ouverture de la séance, rappelant que les conclusions finales dépendront des éléments réunis durant l’instruction et des pièces présentées lors du procès.

La procédure a été décrite comme une étape inédite en France par les spécialistes consultés. Elle s’inscrit dans une logique de transparence et de confrontation des versions, tout en restant prudente quant à l’interprétation des éléments dans un décor virtuel. La question centrale demeure: la reconstitution numérique peut-elle vraiment aider à établir l’ordre exact des faits et attribuer les responsabilités de manière fiable?

You may also like

Leave a Comment