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Référendum en Italie : naturalisation facilitée et protections pour les salariés

by charles
Référendum en Italie, les citoyens appelés à voter sur la naturalisation et le droit du travail
Italie

Le 8 et 9 juin 2025, les citoyens italiens ont été appelés à se prononcer sur deux questions majeures lors d’un référendum : la réforme de la procédure de naturalisation et la réforme du marché du travail. Ces référendums, largement discutés dans le paysage politique, pourraient profondément modifier la société italienne et son rapport à l’immigration, au travail et à l’intégration des étrangers.

Une réforme de la naturalisation pour faciliter l’intégration

Actuellement, un résident non-européen sans lien familial ou sanguin avec l’Italie doit attendre dix ans de résidence avant de pouvoir faire une demande de naturalisation, une procédure pouvant prendre plusieurs années. La proposition soumise au vote vise à réduire ce délai à cinq ans, s’alignant ainsi sur d’autres pays européens comme l’Allemagne et la France. La réforme pourrait profiter à environ 2,5 millions de personnes, selon ses promoteurs, principalement soutenus par le Parti démocrate (PD), opposition historique au gouvernement en place.

Ce référendum a été lancé par des partis d’opposition et des ONG, qui ont recueilli plus de 500 000 signatures, conformément à la législation italienne. La députée et ambassadrice de cette initiative, soutenue par une partie de la société civile, insiste sur le fait que cette mesure permettrait de reconnaître plus rapidement le statut de citoyen aux étrangers ayant vécu plusieurs années dans le pays. La députée Ghali, rappeur Milanese d’origine tunisienne, a appelé à voter « oui » pour que cinq ans de résidence deviennent suffisants pour devenir Italien, dénonçant le fait que de nombreux jeunes vivent et se sentent italiens, mais restent en situation irrégulière ou non reconnue.

Le gouvernement et la majorité de la coalition menée par Giorgia Meloni, arrivée au pouvoir en 2022 avec un programme anti-migrants, sont opposés à cette mesure. La première ministre a déclaré que la loi actuelle sur la nationalité était « excellente » et « très ouverte », citant notamment le nombre important de naturalisations en 2023, qui a atteint 213 500, représentant un cinquième de toutes les naturalisations dans l’Union européenne, selon Eurostat. Elle a aussi indiqué que la limitation de l’accès à la naturalisation par lien de sang, instaurée en mars dernier, restait inchangée, ciblant désormais uniquement les étrangers ayant des grands-parents ou des parents italiens, alors qu’auparavant, l’éligibilité incluait jusqu’aux arrière-arrière-grands-parents.

Manifestations en Italie autour du référendum sur la naturalisation

Le référendum sur la réforme du marché du travail

Parallèlement, une autre consultation populaire concernait la proposition d’abolir quatre lois de libéralisation du marché du travail. Soutenue par le principal syndicat de gauche, la CGIL, cette réforme vise à renforcer la protection contre les contrats précaires, les licenciements abusifs et les accidents du travail. La campagne, menée avec le soutien du Parti démocrate, cherche à rétablir des mesures de sauvegarde pour les travailleurs, qui avaient été supprimées ou assouplies dans le passé.

Maurizio Landini, secrétaire général de la CGIL, a expliqué que cette réforme visait à « renverser une culture qui privilégie les intérêts des entreprises au détriment des droits des travailleurs ». Plusieurs mesures liberticides ou favorisant la flexibilité du marché y figurent, ce qui a suscité une vive opposition, notamment de la part du gouvernement de Giorgia Meloni, qui a appelé à l’abstention pour invalider le scrutin, estimant que ces changements affaibliraient le modèle social italien.

Le Parti démocrate, tout en soutenant la majorité des propositions, a lui-même adopté en partie ces mesures par le passé, quand il était au pouvoir. Aujourd’hui, le parti tente de récupérer une partie du vote ouvrier, en proposant une plateforme plus sociale. Si les sondages montrent une stabilité autour de 30 % d’intentions de vote pour Meloni, le parti d’opposition reste englué à 23 %, loin derrière la dirigeante de Fratelli d’Italia qui domine largement le tableau électoral.

Manifestation en Italie contre la réforme du marché du travail

Ces deux référendums, très suivis dans le pays, illustrent un clivage profond entre une majorité conservatrice, défendant un modèle social rigide, et une opposition qui prône une plus grande ouverture à l’intégration et une meilleure protection des salariés. Jamais autant de sujets liés à l’immigration et au travail n’ont été abordés en même temps dans le contexte politique italien, marquant une étape clé dans l’évolution des politiques sociales et migratoires du pays.

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