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La visite de Benjamin Netanyahu à Mar‑a‑Lago n’a pas rapporté les garanties qu’il espérait. Après plusieurs jours de spéculations dans la presse israélienne, le Premier ministre est reparti sans que Washington n’exclue la Turquie d’une force de stabilisation à Gaza ni n’accorde formellement une « feuille blanche » pour une frappe israélienne contre l’Iran. La rencontre confirme l’asymétrie manifeste dans la relation entre Donald Trump et son invité israélien.
Aucun compromis obtenu sur la Turquie et l’Iran
Netanyahu cherchait des concessions précises avant la rencontre : empêcher toute présence turque dans la force de stabilisation à Gaza et obtenir l’aval américain pour une action militaire contre l’Iran. Sur ces deux points il n’a pas obtenu satisfaction.
Le président Trump a évoqué sa bonne relation avec Recep Tayyip Erdogan et a salué le respect mutuel entre les deux dirigeants, revenant ainsi sur l’idée d’une exclusion turque. S’agissant de l’Iran, Trump a parlé de la volonté iranienne « de faire un accord » et a défini des lignes directrices pour l’implication américaine, sans pour autant autoriser une opération israélienne unilatérale.
La lecture donnée par certains médias israéliens d’un « feu vert » américain pour frapper Téhéran ne se reflète pas dans la déclaration officielle de la Maison‑Blanche.
Gaza : promesses vagues sur la reconstruction et la désarmement
Sur la reconstruction de Gaza, Trump a déclaré que les travaux commenceraient « bientôt », sans préciser de calendrier ni de modalités concrètes. Pour la question cruciale du désarmement du Hamas, il a insisté sur la nécessité d’un processus effectif, ajoutant que près de 60 États pourraient intervenir si besoin.
Le mouvement palestinien a déjà conditionné son désarmement à la mise en place d’une force dirigée par des Palestiniens, position qui n’a pas été contredite publiquement par Trump. Par ailleurs, la Maison‑Blanche n’a pas mentionné le destin des derniers otages détenus à Gaza comme condition explicite pour passer à une « phase II » du plan proposé.
Gestes symboliques et rapports de force
La dimension symbolique de la visite a été particulièrement révélatrice. En qualifiant Netanyahu de « grand premier ministre en temps de guerre » tout en présentant son propre plan de paix, Trump a envoyé un message double : reconnaissance publique et pression implicite sur la durée du mandat du leader israélien.
La relation s’est illustrée également par un moment anecdotique mais parlant : un bref entretien téléphonique entre Trump et le ministre israélien de l’Éducation, Yoav Kish, au cours duquel ce dernier a informé le président qu’il figurerait parmi les lauréats du Prix d’Israël en 2026. Cette scène a été perçue comme un exemple de la manière dont les marques d’honneur viennent sceller l’obéissance et la proximité.
Enfin, Trump a affirmé avoir discuté avec le président israélien Isaac Herzog d’une éventuelle grâce pour Netanyahu — une conversation qu’Herzog a ensuite niée.
Répercussions régionales et impasses politiques
Plusieurs analystes estiment que la visite s’inscrit dans un schéma plus large : les États‑Unis recentrent une partie de leur stratégie vers l’Asie, laissant la région au soin d’Israël pour contenir les menaces iraniennes. Dans ce contexte, les tensions internes aux pays arabes et les rivalités régionales compliquent toute réponse collective.
Des voix critiquent par ailleurs le maintien d’actions israéliennes lourdes à Gaza — bombardements, destructions d’infrastructures, restrictions humanitaires — et dénoncent l’absence de pression américaine pour mettre fin à ces pratiques. Selon ces observateurs, ces opérations prolongent une dynamique de violence qui a des effets profonds sur la société israélienne elle‑même : hausse de la violence interne, recul démocratique et persistance d’un état de guerre permanent.
Parallèlement, des initiatives évoquées dans certains milieux, comme la « réinstallation » de Palestiniens vers le Somaliland ou la reconnaissance de cette entité pour créer des zones de relégation, alimentent les inquiétudes quant à une stratégie visant à régler la question palestinienne par des déplacements et des arrangements géopolitiques plutôt que par une solution politique durable.
Perspectives et impasses
La visite à Mar‑a‑Lago illustre une réalité douloureuse : malgré la puissance militaire et le soutien international d’une partie des alliés, Israël semble confronté à des impasses stratégiques et politiques. Les options sur la table pour obtenir une paix durable ou une stabilisation viable apparaissent limitées.
Pour l’heure, la coopération entre Washington et Tel‑Aviv reste largement axée sur des intérêts immédiats et symboliques, tandis que les problèmes structurels — droits des Palestiniens, reconstruction de Gaza, désarmement durable — demeurent sans solution claire. La rencontre Trump‑Netanyahu a confirmé l’ampleur des désaccords tactiques et l’absence d’engagements contraignants pour sortir de l’impasse régionale.