Home ActualitéRésistance à la GenAI : un défi pour les entreprises en France et USA

Résistance à la GenAI : un défi pour les entreprises en France et USA

by Sara
France, États-Unis

Quel employé pourrait bien vouloir adopter un outil installé pour le remplacer ? Brian Jackson, directeur de recherche principal du cabinet de conseil Info-Tech Research Group, pose cette question. Les réponses se trouvent en partie dans le rapport 2025 sur l’adoption de la GenAI en entreprise, réalisé par la start-up américaine Writer. Selon cette enquête menée auprès de 1 600 employés des secteurs de la connaissance aux États-Unis, dont la moitié sont des cadres supérieurs, près d’un sur trois (31 %) déclare avoir « saboté la stratégie d’IA générative de son entreprise ! ». Ce chiffre grimpe à 41 % pour les employés des générations Y et Z.

Des comportements préoccupants

En outre, un répondant sur dix « altère les indicateurs de performance pour faire croire que l’IA est moins efficace, ou génère intentionnellement des résultats de mauvaise qualité, refuse d’utiliser des outils ou ne souhaite pas suivre de formation à l’IA ». Certains employés indiquent même qu’ils saisissent des informations sur l’entreprise dans des outils de GenAI non approuvés par leur employeur (27 %), utilisent globalement des outils de GenAI non approuvés (20 %), ou encore choisissent de ne pas signaler un problème de sécurité lié à l’IA (16 %).

Tout contournement n’est pas sabotage

Cependant, certains observateurs se refusent à qualifier tous ces comportements de sabotage. Dans de nombreux cas, ces violations du code de conduite viennent de la volonté d’améliorer la productivité ou de faciliter l’exécution du travail. « S’ils induisent intentionnellement leur employeur en erreur sur les résultats de l’utilisation de la GenAI, il s’agit bel et bien de sabotage », affirme Brian Jackson. En revanche, ne pas utiliser les résultats fournis par la GenAI pour des raisons légitimes de qualité pourrait faire partie intégrante de leur travail.

Protection des emplois, inclusion dans les projets

Jackson souligne aussi que le sabotage existe principalement parce que les dirigeants promeuvent l’IA comme un moyen de réduire les effectifs. « L’IA automatise désormais des aspects du travail nécessitant créativité et intelligence humaines », précise-t-il. La résistance à l’IA peut s’exprimer lorsque les employés ont l’impression qu’elle est utilisée pour les remplacer. Il conseille aux dirigeants d’écouter les préoccupations de leurs équipes concernant la valeur de la GenAI, plutôt que d’adopter une approche descendante.

La délicate lutte contre le sabotage

Patrice Williams Lindo, PDG de Career Nomad, a également constaté ces comportements, qu’elle ne considère pas toujours malveillants. « Ces personnes cherchent souvent à se protéger », explique-t-elle. Lorsque les employés craignent que l’adoption de l’IA menace leurs emplois, leur refus devient une tactique de survie. Elle prévient que si ces craintes sont ignorées, une résistance active pourrait se développer.

De la responsabilité de l’entreprise et des employés

Les entreprises doivent éduquer leurs employés sur les conséquences de leurs actions. Cameron Powell, avocat spécialisé, souligne que si une entreprise permet le sabotage d’un employé, elle pourrait être tenue responsable de violations légales, notamment sur la confidentialité des données. Les employés, quant à eux, s’exposent à des sanctions civiles et pénales.

Gare à la rébellion

Lars Nyman, directeur marketing chez Fractional, évoque le parallèle avec les luddites, ces ouvriers qui avaient détruit des machines pour défendre leurs emplois. Aujourd’hui, la résistance à la technologie peut prendre des formes variées, comme le sabotage discret d’outils d’IA. « Si la direction fait preuve d’arrogance, il y aura rébellion », prévient-il.

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