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L’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al‑Burhan, a annoncé le retrait de ses derniers soldats d’el‑Fasher, dernier bastion dans la région du Darfour. Cette décision intervient alors que l’ONU alerte sur des rapports faisant état d’atrocités commises par les forces paramilitaires Rapid Support Forces (RSF), désormais maîtresses de la ville.
Annonce du retrait et circonstances
Al‑Burhan a rendu publique la décision tard lundi, un jour après que les RSF ont affirmé avoir pris le contrôle de la principale base de l’armée à el‑Fasher et proclamé leur victoire. Selon lui, les officiers militaires ont choisi de se retirer complètement pour épargner la population civile d’une violence accrue.
Dans son allocution, il a dénoncé « la destruction systémique et les tueries systématiques de civils » attribuées aux RSF, ajoutant que l’armée espérait « épargner les citoyens et le reste de la ville de la destruction ». Il a également promis que les responsables seraient tenus pour compte : « Nous sommes déterminés à venger ce qui est arrivé à notre peuple à el‑Fasher. »
Situation humanitaire et contrôle de la ville
Le retrait de l’armée laisse plus d’un quart de million de personnes — dont la moitié sont des enfants — sous le contrôle des RSF, augmentant l’urgence d’une intervention humanitaire. Les organisations d’aide ont décrit des scènes chaotiques, avec des combats entre combattants des RSF et des troupes en départ, ainsi que des affrontements impliquant des alliés restants.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 26 000 personnes ont fui leurs foyers et se sont repliées vers les zones rurales et la ville voisine de Tawila, déjà débordée.
Atrocités signalées à el‑Fasher
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a qualifié ces événements de « terrible escalade » du conflit, soulignant que le niveau de souffrance au Soudan est « insoutenable ». Le bureau des droits de l’homme de l’ONU a indiqué que des combattants des RSF auraient commis des atrocités à el‑Fasher, incluant des exécutions sommaires de civils tentant de fuir, avec des indices de motivations ethniques.
Volker Türk, haut‑commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a averti que « le risque de nouvelles violations à grande échelle, motivées ethniquement, et d’atrocités à el‑Fasher augmente de jour en jour ». Le réseau Sudan Doctor Network a décrit l’attaque comme un « massacre odieux » et rapporte des dizaines de morts.
- Des combattants des RSF auraient pillé des hôpitaux et détruit des infrastructures de santé essentielles.
- Plusieurs sources font état d’arrestations massives et d’actes de violence contre des civils en fuite.
- Le Darfur Network for Human Rights signale plus de 1 000 détentions, qualifiées de ciblage systématique et d’arrestations arbitraires.
Cas de journalistes et risques de violations massives
Parmi les personnes détenues figure un journaliste local, l’un des derniers encore présents en ville, selon le Syndicat des journalistes soudanais, qui met en garde contre des « violations massives » similaires à celles survenues à Geneina en 2023. À cette époque, des combattants des RSF avaient tué des centaines de personnes.
Le Syndicat des médecins soudanais a décrit el‑Fasher comme un « champ de massacre brutal », accusant les RSF d’une politique barbare visant à terroriser et anéantir les civils, et appelant la communauté internationale à considérer le groupe comme une organisation terroriste.
Réactions humanitaires et appel à l’accès
Le coordinateur humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher, s’est dit « profondément alarmé » par les rapports de victimes civiles et de déplacements forcés. Il a insisté sur la nécessité d’un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave pour atteindre les populations encore présentes.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux depuis dimanche montrent des combattants des RSF célébrant autour de l’ancienne base militaire et, dans d’autres vidéos, des scènes de tirs, de coups et de détentions de personnes cherchant à fuir.
Contexte du conflit et bilan
Le conflit actuel a débuté en avril 2023 après l’explosion des tensions entre l’armée et les RSF à Khartoum et ailleurs. Il a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et déplacé près de 12 millions d’individus, créant la pire crise humanitaire mondiale.
Les RSF trouvent leur origine dans la milice Janjaweed, liée au gouvernement et responsable de violences massives au Darfour dans les années 2000. Depuis 2023, le conflit a été marqué par des atrocités graves, dont des tueries à caractère ethnique et des viols, selon l’ONU et les ONG.
- Plus de 40 000 morts recensés depuis le début du conflit.
- Régions du Soudan, dont el‑Fasher, plongées dans la famine.
- Plus de 14 millions de personnes déplacées internes ou réfugiées.
La Cour pénale internationale a annoncé qu’elle enquêtait sur des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité liés à ce conflit.
Documents et reportages complémentaires
Pour un développement plus approfondi, voir les reportages liés publiés par la même rédaction :
- Road out of el‑Fasher: Ransom, violence and the price of survival in Sudan — https://www.aljazeera.com/news/2025/10/27/road-out-of-el-fasher-ransom-violence-and-the-price-of-survival-in-sudan
- Battle for Sudan’s el‑Fasher intensifies as RSF claims seizing army HQ — https://www.aljazeera.com/news/2025/10/26/battle-for-sudans-el-fasher-intensifies-as-rsf-claims-seizing-army-hq
- Sudanese journalist Muammar Ibrahim detained by RSF in el‑Fasher — https://www.aljazeera.com/news/2025/10/27/sudanese-journalist-muammar-ibrahim-taken-by-rsf-in-el-fasher
- Concerns for civilians high after RSF claims control of Sudan’s el‑Fasher — https://www.aljazeera.com/news/2025/10/27/concerns-for-civilians-high-after-rsf-claims-control-of-sudans-el-fasher