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RN et maisons closes : le débat s’intensifie

by charles
France

Le Rassemblement national propose d’ouvrir des maisons closes en France, selon des propositions évoquées en décembre 2025 et présentées comme une forme de coopérative gérée par les prostituées elles‑mêmes. L’idée viserait à offrir des droits sociaux, notamment pour la retraite, et à encadrer le travail sexuel afin de mieux protéger les personnes concernées. Cette initiative a déclenché un débat régional et national, avec des soutiens et des critiques provenant d’associations, de syndicats et de partis politiques. Au 9 décembre 2025, les discussions se poursuivent sans consensus.

Illustration du débat sur les maisons closes en France
Discussion publique autour de la réouverture des maisons closes en France

La proposition du RN et son cadre juridique envisagé

Le RN propose de créer des lieux coopératifs tenus par les prostituées elles‑mêmes, qui définiraient leur cadre et bénéficieraient de droits sociaux, notamment pour la retraite, s’il voit le jour, a précisé Sébastien Chenu. Le texte, s’il devait voir le jour, « permettrait aux prostituées de se mettre dans une sorte de coopérative où elle gèreraient elles‑mêmes un endroit qu’elles définiraient et qui leur donneraient également des droits sociaux qu’elles n’ont pas aujourd’hui, notamment pour la retraite », a précisé Sébastien Chenu.

Le député du Nord, qui avait participé avant la dissolution de 2024 au groupe d’étude sur la prostitution présidé par Anaïs Sabatini, estime que la loi de 2016 « sur la pénalisation des clients n’a rien résolu ». Car « on est aujourd’hui face à des nouvelles structures de prostitution qui n’existaient pas à l’époque » et « sur des violences extrêmement importantes faites (aux) prostituées, quel que soit leur sexe », ajoute‑t‑il.

« On s’est dit : on va abolir la prostitution en pénalisant les clients, ça n’a pas marché. Les prostituées sont obligées d’exercer leur métier dans des endroits toujours plus cachés, obscurs, dangereux », avait déjà expliqué Jean‑Philippe Tanguy sur BFMTV lundi soir, voyant dans sa proposition « la moins pire des solutions ».

Devant ce dispositif, certains qualifient le débat de « Populisme sexuel ».

« Dans une société mature il faut savoir être courageux et traiter ce problème de face, en particulier lutter contre les violences, contre les trafics, contre la prostitution de rue, contre la prostitution sur internet qui exposent, qui fragilisent encore plus les professionnels de ce secteur », a‑t‑il insisté, disant soutenir « à titre personnel » la proposition de M. Tanguy qui « ouvre un débat » mais « ne dit pas qu’elle solutionne tout ».

Réactions des associations et des partis politiques

La porte‑parole du Mouvement du Nid, Lénaig Le Fouillé, décrit la position du RN comme « extrêmement conservatrice » et rappelle que « nous vivons dans une société post‑MeToo où on a bien compris que les hommes ne peuvent plus s’accaparer le corps des femmes contre de l’argent ». Le mouvement s’oppose à toute forme de légalisation. Selon la porte‑parole, « nous vivons dans une société post-MeToo où on a bien compris que les hommes ne peuvent plus s’accaparer le corps des femmes contre de l’argent ». « Il s’agit d’une mise à disposition du corps qui se fait la plupart du temps dans une situation d’extrême précarité des personnes qui ont vécu la violence dans l’enfance. »

Le STRASS, Syndicat du Travail sexuel, défend pour sa part une approche radicalement différente. Le collectif milite contre la pénalisation des clients et pour la reconnaissance du travail sexuel comme une activité professionnelle déclarée. Mais pour Lénaig Le Fouillé, « aujourd’hui, le STRASS représente une minorité de personnes ». La porte‑parole regrette aussi le manque de moyens de l’État « pour accompagner les personnes à quitter la prostitution », même si la loi permet cet accompagnement. « Aujourd’hui, nous manquons de moyens d’enquête auprès des clients. La prostitution, c’est aujourd’hui des personnes extrêmement jeunes, des mineurs, les clients cherchent la jeunesse. Nous ne pourrons pas l’encadrer. Nous ne voulons pas l’encadrer et nous ne créerons pas de bordels avec des jeunes filles de 14 ans », explique‑t‑elle.

« Le Rassemblement national relance un vieux marronnier autour de la question de la prostitution », conclut Lénaig Le Fouillé, invitant « Monsieur Tanguy à relire la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui rappelle que c’est une atteinte à la dignité des femmes ».

Des figures politiques et associations se sont également exprimées sur les enjeux, notamment Mathieu Valet qui défend « une solution pour ces femmes qui sont dans la clandestinité » et Matthias Renault qui souhaite « offrir aux prostituées un cadre sanitaire et sécuritaire renforcé (…) sans tomber dans l’apologie de l’activité ». Le Parti communiste a dénoncé une « vision réactionnaire qui réduit les femmes à des corps à vendre » et rejeté le principe des maisons closes qui « ne protègent pas (mais) servent clients et proxénètes ». Le député socialiste Jérôme Guedj a aussi évoqué, sur Sud Radio, « une forme de populisme sexuel » visant à « flatter quelques bas instincts » et « caresser la nostalgie que certains auraient » de ce qui « reste un système de domination sur les femmes ».

Du côté des associations, le Mouvement du Nid fustige une vision « aberrante » et « déconnectée de ce que vivent les personnes », soulignant que « les maisons closes ne protègent pas les femmes mais les clients ». Même le STRASS, qui milite pour une dépénalisation, ne veut pas travailler avec le RN, selon Thierry Schaffauser, qui estime que le parti d’extrême droite « se dédiabolise sur notre dos ». « La prostitution ce n’est ni du travail, ni du sexe », a jugé Marylise Léon, patronne de la CFDT, jugeant ce projet « assez révélateur de leur image de la femme dans la société ».

Cadre légal et contexte

La discussion s’inscrit dans le cadre de la loi de 2016 qui pénalise les clients et qui est dénoncée comme insuffisante par les soutiens de la démarche RN. Le débat intervient en plein travail parlementaire et dans un contexte budgétaire et médiatique, avec des appels à garantir la sécurité et les droits des travailleurs du sexe.

La loi de 2016 « sur la pénalisation des clients n’a rien résolu » et les acteurs soulignent que des violences subsistent et que de nouvelles structures de prostitution apparaissent, nécessitant une approche adaptée.

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