Table of Contents
Après deux années parmi les pires en matière de feux de forêt au Canada, la saison 2024 commence dans certaines régions du pays, alors que se déroule la campagne pour l’élection fédérale. Malgré l’importance grandissante des incendies et du changement climatique, ces thèmes restent largement absents des débats électoraux jusqu’à présent.
Contexte de la saison des feux de forêt au Canada
La saison des feux s’étend habituellement de fin avril ou début mai jusqu’au mois d’août. Un récent sondage Ipsos, réalisé exclusivement pour Global News et publié le 13 avril, révèle que le changement climatique est désormais classé 12e priorité pour les électeurs canadiens, contre la 10e place avant le début de la campagne.
Bien que le climat ait été abordé lors des débats des chefs la semaine dernière, les feux de forêt ont été à peine évoqués par les quatre leaders présents. La priorité demeure le coût de la vie, notamment face à la hausse constante des primes d’assurance habitation et des coûts de réparation, exacerbés par les tensions commerciales.
Les événements climatiques extrêmes, y compris les incendies, ont fait de 2024 l’année la plus coûteuse jamais enregistrée au Canada, avec des pertes évaluées à 7,6 milliards d’euros selon l’Association canadienne des assureurs (Insurance Bureau of Canada).
Le feu de forêt de Jasper, avec des pertes estimées à 1,1 milliard d’euros, est le deuxième incendie le plus coûteux de l’histoire du pays.
Cette situation impacte directement les tarifs d’assurance habitation, qui augmentent en réponse à la multiplication des sinistres liés aux conditions climatiques extrêmes.
Au 7 avril, Ressources naturelles Canada a recensé moins de 100 incendies, principalement de petite taille, en Alberta et en Colombie-Britannique. Le météorologue Ross Hull indique que la saison est, pour l’instant, typique, avec la plupart des feux actifs sous contrôle, mais que la situation peut rapidement évoluer selon les conditions météorologiques en mai et durant l’été.
Plans des partis politiques face aux feux de forêt
Parti libéral
Lors du débat à Montréal, le chef libéral Mark Carney a affirmé que la lutte contre le changement climatique reste une priorité pour son parti et le pays. Le programme électoral libéral prévoit des investissements, une formation accrue et un équipement moderne pour les équipes de lutte contre les incendies de Parcs Canada.
Le parti souhaite également renforcer les programmes FireSmart, assurer une planification complète des évacuations dans les parcs nationaux, réviser les normes de construction et rendre les infrastructures plus résilientes face au climat.
Parti conservateur
Le parti conservateur n’a pas encore dévoilé son programme électoral. Le chef Pierre Poilievre a annoncé qu’il sera présenté mardi. Lors du débat en anglais, il a indiqué que sa priorité est de ramener des emplois au pays tout en réduisant les émissions mondiales.
Il a expliqué que l’exportation de gaz naturel liquéfié vers des pays comme l’Inde permettrait non seulement de réduire les émissions dans ces pays, mais aussi de créer des emplois au Canada.
Poilievre a par ailleurs promis de supprimer le prix du carbone industriel des libéraux, en plus de la taxe carbone sur les consommateurs déjà éliminée par Carney le mois dernier.
Nouveau Parti démocratique (NPD)
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a déclaré que le Canada traverse une « crise climatique » qui nécessite une attention urgente. Il a évoqué les événements météorologiques extrêmes, les feux de forêt, les vagues de chaleur et les inondations comme des menaces à combattre pour protéger l’avenir.
Selon la porte-parole de campagne Anne McGrath, le NPD milite pour la création d’une Force nationale de lutte contre les feux de forêt capable d’intervenir dans tout le pays pour soutenir les provinces et communautés touchées.
Le parti s’est engagé à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles d’ici 2026, à réduire les émissions et factures d’énergie en rénovant tous les bâtiments canadiens d’ici 2050, et à construire un réseau national d’énergie propre.
Bloc Québécois
Le Bloc Québécois met l’accent sur l’adaptation pour prévenir et réduire les impacts du changement climatique et des feux de forêt. Le parti réclame que le gouvernement fédéral triple son financement pour l’accord Canada-Québec sur la nature, passant de 85 millions d’euros à 255 millions d’euros.
Il propose aussi un programme de réassurance pour les habitations touchées au Québec, afin d’offrir des assurances à un prix raisonnable face aux catastrophes naturelles récurrentes.
Le Bloc soutient le programme conjoint de lutte contre les feux de forêt et les changements climatiques, avec un financement fédéral et provincial de près de 27 millions d’euros chacun sur trois ans.
Son chef, Yves-François Blanchet, prône un sevrage progressif des carburants fossiles et un investissement accru dans les énergies vertes, avertissant que le coût pour les familles de l’inaction serait bien plus élevé.
Parti vert
La co-cheffe Elizabeth May estime que le Canada doit faire bien plus en matière de prévention et de préparation face aux inondations, feux et autres phénomènes climatiques extrêmes. Elle souligne le manque de préparation, notamment pour les communautés autochtones isolées menacées par les incendies.
May appelle à une amélioration significative des capacités de lutte contre les incendies au niveau national, incluant la création d’une force nationale de pompiers, une flotte nationale d’avions bombardiers d’eau et des systèmes d’alerte précoce.
Le programme électoral des Verts prévoit aussi la création d’une agence nationale de gestion des urgences pour coordonner les réponses aux catastrophes, ainsi qu’une force d’intervention rapide entièrement financée.
Ils souhaitent améliorer les stratégies de prévention des feux et des inondations grâce à la cartographie des risques assistée par intelligence artificielle et promouvoir la fabrication locale de matériel d’urgence pour réduire la dépendance aux chaînes d’approvisionnement internationales.
Le plan inclut le lancement d’une Stratégie nationale de résilience aux feux de forêt, mobilisant des pouvoirs d’urgence fédéraux pour étendre la plantation d’arbres, les coupe-feux et les efforts de suppression des incendies.
Pour mieux répondre aux urgences, un Corps national de défense civile serait créé, combinant personnels salariés, contrats saisonniers et volontaires civils. Le parti s’engage également à acquérir des avions bombardiers supplémentaires pour les zones à haut risque et à restaurer les zones tampons naturelles protégeant les communautés vulnérables.
Enfin, les Verts souhaitent que la Banque d’infrastructure du Canada consacre au moins la moitié de ses investissements aux projets de résilience climatique. Ils promettent des réductions d’émissions juridiquement contraignantes sous la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, visant la neutralité carbone d’ici 2050.