Table of Contents
Le président du Gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a annoncé une augmentation significative du budget défense de plus de 10 milliards d’euros cette année, dans le but d’atteindre 2 % du PIB. Cette décision, prise sous la pression de l’OTAN, reçoit un accueil favorable de la part de l’Union européenne, même si Bruxelles estime que cet effort reste insuffisant face aux menaces grandissantes pour l’Europe.
Une augmentation bienvenue mais jugée insuffisante par Bruxelles
L’Union européenne salue la décision de Pedro Sánchez d’accélérer le financement de la défense et de la sécurité, considérant ce plan de 10,471 milliards d’euros comme un pas dans la bonne direction. Toutefois, des sources communautaires précisent que cette « bienvenue » est assortie d’un avertissement important : il faudra aller au-delà de ce seuil de 2 % du PIB.
En effet, Bruxelles rappelle que, conformément aux objectifs exprimés par le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, les dépenses militaires européennes doivent tendre vers 3 % du PIB. Rutte a clairement indiqué que ce seuil devrait être la norme fixée lors du prochain sommet de l’Alliance, prévu en juin à La Haye.
Certaines voix évoquent même un objectif supérieur, autour de 3,5 % du PIB, bien que les États-Unis aient demandé un effort encore plus important, à hauteur de 5 %. Malgré l’augmentation annoncée par Sánchez, l’Espagne resterait donc en deçà des attentes fixées par les instances internationales.
Défis pour la mise en œuvre du plan
Au-delà de l’annonce, reste à voir comment le gouvernement espagnol concrétisera ce plan ambitieux. Il s’agit d’assurer que les mesures soient effectivement mises en œuvre dès cette année, ce qui s’annonce complexe. Par ailleurs, il faudra vérifier que les investissements soient reconnus par l’OTAN comme faisant partie des dépenses de défense.
Sánchez a assuré que la méthodologie utilisée pour établir ce budget respecte les critères de l’Alliance, mais cette affirmation devra être confirmée lors de la transmission des documents officiels à Bruxelles.
Cette démarche a d’ailleurs suscité des débats en interne, le gouvernement ayant essayé d’élargir la notion de défense pour y inclure, par exemple, la lutte contre le changement climatique. Ce point a provoqué des réticences chez certains partenaires européens, qui craignent une tentative d’« inflation » du budget militaire espagnol.
La pression européenne et atlantique sur l’Espagne
Le plan de Sánchez apparaît comme une réponse aux fortes pressions exercées par l’Union européenne et l’OTAN ces derniers mois. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas, ont multiplié les appels pour que les pays membres augmentent rapidement leur budget défense.
En février, Rutte avait même menacé les gouvernements les plus en retard de recevoir l’attention d’« un homme très sympathique à Washington, qui pourrait avoir moins de patience ». Il insistait alors pour que les États sous le seuil de 2 % accélèrent leur investissement militaire.
En mars, il avait affiché une certaine confiance dans les ambitions espagnoles, évoquant une possible atteinte de ce seuil avant l’été. Le gouvernement espagnol avait toutefois démenti, et l’OTAN avait modéré ses propos. Néanmoins, il est désormais clair que Rutte était informé des projets de Sánchez, qui a choisi de présenter une feuille de route claire lors du sommet de La Haye pour apaiser les critiques.
Après l’annonce de Sánchez, Rutte a simplement salué sur les réseaux sociaux la rapidité avec laquelle l’Espagne vise les 2 %, une manière diplomatique d’exprimer son approbation.
Les attentes de Bruxelles et la posture de Pedro Sánchez
Ursula von der Leyen a également insisté sur la nécessité d’augmenter les dépenses militaires pour atteindre rapidement les 3 % du PIB, sans mentionner explicitement l’Espagne, mais en laissant entendre que les États membres doivent redoubler d’efforts. Malgré que le débat européen ait été largement monopolisé ces dernières semaines par des enjeux commerciaux, la hausse des budgets de défense reste une priorité majeure pour la Commission.
Dans ce contexte, le président Sánchez a montré une certaine réserve à Bruxelles, adoptant une posture moins expansive et limitant ses déclarations publiques lors des sommets consacrés à la défense, ce qui contraste avec son habitude de s’affirmer dans la capitale européenne.
Cette retenue traduit la pression importante subie par l’Espagne, qui s’inscrit dans un paysage européen marqué par un virage politique vers la droite et un durcissement des exigences budgétaires dans le domaine militaire. Des sources communautaires affirmaient dès le début de l’année que « Sánchez ne fait pas assez en matière de défense ». Ce discours critique persiste malgré les annonces récentes du gouvernement espagnol.