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Un récent rapport de KPMG a mis en lumière des abus significatifs dans l’utilisation du système RAM (Modèle d’Analyse de Risque) de la Belastingdienst, l’administration fiscale néerlandaise. Ce système, en place depuis 1998, a été utilisé pour cibler des entrepreneurs d’origines spécifiques, comme les Chinois, les Turcs et les Italiens, dans le cadre de contrôles fiscaux. Ces sélections étaient basées sur des préjugés concernant leur propension à commettre des fraudes fiscales ou à employer des immigrants illégaux.
Fonctionnement du système RAM
Le système RAM regroupait des données sur des millions de citoyens, intégrant des informations provenant de différentes sources comme le registre foncier, la chambre de commerce et le service des transports. Grâce à ce système, les employés de la Belastingdienst pouvaient naviguer librement à travers une vaste base de données pour identifier ceux qu’ils jugeaient mériter un examen fiscal plus rigoureux.
Cependant, la sécurité de ce système était très insuffisante. Les accès et l’utilisation des données n’étaient pas surveillés ni enregistrés, malgré des risques connus depuis des années au sein de l’administration. Ce manquement a conduit à des violations répétées de la vie privée des citoyens.
Les révélations de KPMG
Suite à l’enquête du journal *NRC* en 2023, qui a dénoncé la gestion laxiste des données sensibles par la Belastingdienst, la société KPMG a été chargée d’examiner le fonctionnement de RAM. Leur rapport, qui comprend plus de 300 pages, a révélé que certains éléments du système étaient encore en usage jusqu’en 2021, bien qu’il ait été officiellement désactivé en 2018.
KPMG a découvert que deux employés externes de CapGemini avaient eu un accès illimité aux données de RAM pendant plusieurs années. De plus, des copies d’une liste noire, qui avait contribué à des suppressions injustifiées de prestations sociales, ont été retrouvées sur les serveurs de l’administration, malgré la promesse que ces informations avaient été supprimées.
Conséquences et risques de sécurité
Le rapport de KPMG a souligné que RAM offrait une accessibilité illimitée à des données sensibles sans aucun contrôle adéquat, augmentant ainsi le risque de fuites ou d’utilisations abusives des informations. En 2017, la Belastingdienst avait déjà reconnu que ses processus n’étaient pas sécurisés et que de nombreux employés avaient accès à des données auxquelles ils n’auraient pas dû avoir accès.
Les données stockées comprenaient des informations financières, des biens, des dettes, ainsi que des données personnelles de partenaires fiscaux, telles que la nationalité et l’historique d’immigration.
Utilisation des données par des tiers
KPMG a également confirmé que la Belastingdienst avait partagé des données avec diverses agences gouvernementales, dont le ministère de la Justice, la police, et d’autres entités. Cela a soulevé des questions sur la légitimité de l’utilisation des données et sur les critères de sélection des individus soumis à des contrôles renforcés.
Les audits internes ont montré que des préjugés liés à la nationalité influençaient les décisions d’audit, ce qui a mis en évidence des pratiques discriminatoires au sein de l’administration fiscale.
Avenir incertain
La situation actuelle soulève de nombreuses questions concernant la protection des droits des citoyens. Le gouvernement a annoncé un examen complémentaire pour déterminer si les droits fondamentaux des individus ont été violés à cause de l’utilisation de RAM. Les résultats sont attendus pour juin.
Cependant, le rapport de KPMG souligne qu’il sera difficile d’évaluer l’impact réel de RAM sur les citoyens, car l’utilisation de ce système n’a pas été systématiquement documentée. Pour obtenir des réponses, il faudrait examiner chaque enquête fiscale ou recours lié à des prestations sociales sur les 20 ans d’utilisation de RAM, une tâche jugée irréalisable par les experts.