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Scandale Sodalitium : révélations sur les accusations contre le pape Leo XIV

by Sara
Scandale Sodalitium : révélations sur les accusations contre le pape Leo XIV
Pérou, États-Unis, Vatican

Depuis la récente élection de Robert Francis Prevost au siège pontifical sous le nom de pape Leo XIV, une vague d’interrogations entoure son passé, notamment en raison de son lien avec la puissante organisation catholique péruvienne Sodalitium Christianae Vitae, au cœur d’un scandale majeur d’abus. La journaliste d’investigation péruvienne Paola Ugaz, qui a travaillé de longue date sur ce dossier, livre un éclairage essentiel sur ces accusations et les coulisses de cette affaire délicate.

Rencontre avec le futur pape Leo XIV

Paola Ugaz a fait la connaissance de Robert Francis Prevost en 2018, alors qu’elle enquêtait sur les abus au sein de la secte catholique Sodalitium. « Je me souviens d’une rencontre où il a su apaiser une victime très bouleversée », relate-t-elle. Depuis, elle souligne son caractère calme, empathique et intelligent, démentant l’image d’un homme froid ou distant. Prevost, bien que natif des États-Unis, a passé la majeure partie de sa carrière ecclésiastique au Pérou, où cette organisation exerce une influence marquée.

Qui est Sodalitium ?

Sodalitium Christianae Vitae, ou simplement Sodalicio au Pérou, est une organisation catholique conservatrice fondée en 1971 par Luis Fernando Figari, ancien leader étudiant et théologien. Elle s’est constituée en réaction à la théologie de la libération, privilégiant des membres issus de la haute et moyenne bourgeoisie, parmi lesquels de nombreux politiciens et chefs d’entreprise. Ce réseau étendu comprenait des cabinets d’avocats et des contacts médiatiques, et selon une enquête de 2023, aurait même exercé une influence sur le parquet général péruvien via deux conseillers. Une large part des membres ont été victimes d’abus physiques, sexuels et psychologiques.

Une organisation protégée et controversée

Sous le pontificat de Jean-Paul II, Sodalitium a pu développer un empire commercial d’une valeur de plusieurs millions d’euros, détenant cimetières, entreprises d’exportation agricole et sociétés immobilières. En 2007, un de ses cadres fut arrêté en flagrant délit d’abus sexuels sur un garçon de 11 ans, en échange de figurines Pokémon, à Lima. Malgré une condamnation initiale, il fut libéré après deux ans, suite à une décision d’un juge apparenté à un membre de Sodalicio.

Enquête journalistique et affrontements

Avec son collègue Pedro Salinas, Paola Ugaz a mené plusieurs années d’investigations, recueillant les témoignages d’une trentaine d’anciens membres qui ont levé le voile sur les manipulations internes et les abus. La publication de leur livre a déclenché un séisme médiatique et mis l’Église sous pression. Lors de la visite de François au Pérou en 2018, le sujet des abus fut largement discuté, mais le prélat de Piura, membre de Sodalicio, s’en abstenait totalement. Suite à une chronique critique de Salinas, les deux journalistes furent poursuivis pour diffamation, avant d’être blanchis. Cependant, les pressions se sont intensifiées, avec des perquisitions et écoutes téléphoniques. Seuls quelques évêques, dont Prevost, leur apportèrent un soutien.

Intervention du Vatican et mesures disciplinaires

En 2022, Ugaz et Salinas obtiennent une audience auprès du pape François à Rome, sollicitant son aide face aux persécutions exercées par Sodalicio. Le pape envoie une mission d’enquête au Pérou, entraînant le renvoi de plusieurs membres influents, y compris le fondateur Figari et l’évêque de Piura. À cette période, Prevost venait d’être nommé préfet de la Congrégation pour les évêques au Vatican et a signé ces mesures disciplinaires.

Les accusations de dissimulation contre Prevost

Malgré ces actions, des accusations resurfaçaient début 2024, notamment dans la presse à sensation, affirmant que Prevost aurait couvert un prêtre accusé d’avoir abusé de trois sœurs à Chiclayo entre 2005 et 2009. Ces dernières avaient porté plainte en 2022, et se seraient également adressées à Prevost, sans jamais émettre de reproches à son encontre. Prevost avait suspendu le prêtre, interdit son ministère de confession, et transmis le dossier à la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome. En avril 2023, le parquet péruvien a classé l’affaire pour prescription, tandis que la Congrégation a conclu à un manque de preuves en août.

Une campagne de dénigrement orchestrée ?

Paola Ugaz estime que cette polémique est le fruit d’une vengeance orchestrée par Sodalicio, une organisation rancunière. Elle ne décèle aucune volonté de dissimulation chez Prevost mais admet que la vigilance doit rester de mise dans les affaires d’abus. L’association américaine des victimes Snap conteste ce point de vue, affirmant qu’aucune procédure équitable n’a eu lieu et que le prêtre incriminé aurait simplement été déplacé, continuant à célébrer la messe. Ugaz se refuse à commenter ces allégations, rappelant que l’avocat actuel des plaignantes est un ancien prêtre défroqué, lié à une branche importante de Sodalicio aux États-Unis.

Une organisation dissoute et un avenir incertain

Sodalicio a été dissoute début 2024, une décision qui semble liée à la campagne de dénigrement contre Prevost, qualifiée de « goutte d’eau qui a fait déborder le vase » par Ugaz. Si la nomination de Leo XIV apporte un espoir de justice pour les centaines de victimes, la journaliste et son collègue continuent de faire face à des procédures judiciaires, notamment un procès fondé sur des accusations qu’elle qualifie de mensongères, menaçant Pedro Salinas de onze ans de prison. Leur combat pour la vérité est donc loin d’être terminé.

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source:https://www.nzz.ch/international/was-hinter-der-schmutzkampagne-gegen-papst-leo-steckt-ld.1883414

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