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Dans le cadre d’un débat télévisé, le chancelier allemand Olaf Scholz a récemment fait des déclarations concernant les expulsions d’immigrés, affirmant que celles-ci avaient augmenté de 70 % depuis qu’il était au pouvoir. Cette affirmation a suscité des interrogations sur l’exactitude de ses statistiques et leur interprétation.
Une revendication contestée
Scholz a souligné l’importance de ces chiffres dans le contexte d’une offensive contre les expulsions, lancée en 2023. Il a déclaré : « Nous devons enfin procéder à des expulsions massives de ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne. » Cependant, sa référence à une augmentation de 70 % mérite d’être examinée de plus près.
Des données trompeuses
Pour parvenir à ce chiffre, Scholz compare les données de 2020 à celles de 2024. Or, en 2020, alors qu’il était ministre des Finances sous le gouvernement d’Angela Merkel, il n’avait pas d’influence directe sur la politique migratoire. En réalité, si l’on prend 2021 comme référence, l’augmentation des expulsions ne serait que de 53 %.
Comparaisons inappropriées
En 2022, environ 13 000 expulsions ont eu lieu, et en 2024, jusqu’à fin novembre, ce chiffre est monté à environ 18 400 expulsions, représentant une augmentation de 42 %. Si l’on projette ces chiffres jusqu’à la fin de l’année, on pourrait compter environ 20 100 expulsions, ce qui ramène l’augmentation à environ 55 %.
Impact de la pandémie de COVID-19
Le choix de 2020 comme référence est également trompeur car cette année-là, la pandémie a eu un impact significatif sur les expulsions. Beaucoup de retours ont été suspendus, ce qui a conduit à des chiffres très bas, avec seulement 10 800 expulsions enregistrées.
Les expulsions en deçà des niveaux d’avant la pandémie
En 2024, le nombre d’expulsions reste inférieur à celui des années 2015 à 2019, où plus de 20 000 expulsions étaient courantes chaque année. En 2016, par exemple, environ 25 400 personnes avaient été expulsées. Cela souligne que l’augmentation des expulsions s’est produite à partir d’un niveau historiquement bas.
Échec des expulsions
De plus, de nombreuses expulsions échouent. Au premier semestre de 2024, plus de 14 000 tentatives d’expulsions n’ont pas abouti. Ces chiffres soulignent l’inefficacité des processus d’expulsion en place.
Erreurs dans les demandes d’asile
Scholz a également déclaré qu’en janvier 2025, le nombre de demandes d’asile était le plus bas depuis 2016. Pourtant, selon l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF), il y a eu 16 594 demandes d’asile en janvier. Des chiffres plus bas avaient déjà été enregistrés dans des mois antérieurs, comme en décembre 2024 ou en avril 2022.
Conclusion sur les statistiques
Il semble donc que les déclarations de Scholz concernant la politique migratoire et les expulsions soient en partie embellies, que ce soit intentionnellement ou non. Une augmentation d’environ 50 % des expulsions à partir d’un niveau bas ne correspond pas à l’ampleur des annonces politiques faites en 2023.