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Les différentes populations d’animaux sauvages ont perdu en moyenne 73 % de leurs individus en 50 ans, principalement en raison des activités humaines qui mettent en danger leur existence, selon le rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) publié jeudi, en amont de la COP16 Biodiversité qui se tient en Colombie.
Un déclin inquiétant
Le rapport *Planète Vivante* précise que cette diminution de 73 % ne signifie pas que plus des deux tiers des animaux sauvages ont disparu, mais plutôt que la taille des populations (groupes d’animaux d’une même espèce partageant un habitat commun) a baissé de manière significative entre 1970 et 2020. Ce chiffre est en augmentation par rapport aux 68 % notés dans l’édition précédente de 2022.
Actuellement, environ 5500 vertébrés, incluant des mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens, sont suivis dans près de 35 000 populations à travers le monde grâce à l’« Indice Planète Vivante », mis à jour tous les deux ans par la Société zoologique de Londres (ZSL) depuis 1998. Cet indice est devenu une référence mondiale pour évaluer l’état des écosystèmes naturels et leurs impacts sur la santé humaine, la nutrition et le changement climatique, malgré les critiques concernant sa méthode de calcul.
Les risques d’extinction et la santé des écosystèmes
Andrew Terry du ZSL, lors d’une conférence de presse, a réaffirmé la fiabilité de l’indice, soulignant l’utilisation d’une gamme d’indicateurs supplémentaires concernant les risques d’extinction, la biodiversité et la santé des écosystèmes pour enrichir l’analyse.
« Il ne s’agit pas seulement de la faune sauvage, mais aussi des écosystèmes qui sont essentiels à la vie humaine », a déclaré Daudi Sumba, conservateur en chef du WWF. Il a insisté sur l’importance de traiter conjointement les crises liées au climat et à la destruction de la nature, évoquant des « points de bascule » dans divers écosystèmes qui pourraient entraîner des conséquences irréversibles pour l’humanité.
Des exemples alarmants
M. Sumba a cité l’exemple de l’Amazonie, qui risque de changer de son rôle de puits de carbone à celui de source d’émissions de carbone, exacerbant ainsi le réchauffement climatique. De plus, la perte de coraux compromettrait la régénération des espèces de poissons soumises à la surpêche, privant ainsi l’humanité de ressources alimentaires cruciales.
D’après les données, le déclin est le plus prononcé dans les populations d’espèces d’eau douce, avec une perte de 85 %, suivi des vertébrés terrestres à -69 % et marins à -56 %. « Nous avons vidé les océans de 40 % de leur biomasse », a rappelé Yann Laurans du WWF France.
En analysant les continents, le déclin est de 95 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, 76 % en Afrique, et 60 % en Asie et dans le Pacifique. En revanche, la baisse est moins marquée en Europe et en Asie centrale (-35 %) et en Amérique du Nord (-39 %), en partie parce que des impacts importants étaient déjà visibles avant 1970 dans ces régions, permettant à certaines populations de se stabiliser ou de croître grâce aux efforts de conservation.
Des efforts de conservation
Le bison d’Europe, qui avait disparu à l’état sauvage en 1927, compte désormais 6800 individus en 2020 grâce à des programmes d’élevage et de réintroduction réussis dans des aires protégées. « Le tableau dépeint est incroyablement préoccupant », a déclaré Kirsten Schuijt, directrice générale du WWF.
Cependant, elle a aussi souligné qu’il n’est pas trop tard pour agir. Des initiatives telles que l’accord de Paris sur le climat et l’accord de Kunming-Montréal, qui fixe des objectifs de conservation à atteindre d’ici 2030, montrent qu’il y a encore de l’espoir. La 16e conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB), qui se tient à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre, vise à stimuler la mise en œuvre de ces plans.