Table of Contents
La disparition des serpents en Nouvelle-Aquitaine : un phénomène alarmant
Les serpents disparaissent progressivement de nos paysages, comme le révèle une étude menée par l’association Cistude Nature en Nouvelle-Aquitaine. D’après cette recherche, sur les neuf espèces de serpents recensées dans la région, trois d’entre elles ont vu leur taux de présence diminuer de moitié en moyenne, au sein des 87 sites analysés.
Des chiffres inquiétants
Entre 2020 et 2023, le taux de présence de la couleuvre d’Esculape est tombé de 25 % à 9 %. La couleuvre helvétique a connu une baisse similaire, passant de 41 % à 19 %, tandis que la couleuvre vipérine a chuté de 20 % à 13 %.
Le déclin de la population ne doit cependant pas faire oublier l’état préoccupant de quatre autres espèces où le taux de présence est, au mieux, voisin de 5 % (coronelle lisse), et au pire, autour de 1 % (coronelle girondine, vipère péliade, vipère de séoane). Quant à la vipère aspic, sa présence s’est réduite de 21 % en 2021 à 13 % en 2023. Seule la couleuvre verte et jaune semble résister, bien que sa présence ait également diminué, passant de 76 % à 67 % des sites en deux ans.
Des causes multiples
Les experts ne sont pas surpris par ces résultats, ayant déjà observé un déclin des populations de serpents. Selon Matthieu Berroneau, herpétologue, cette étude, menée sur le long terme, validerait les hypothèses formulées précédemment. Les espèces les plus touchées sont souvent celles dites communes.
La principale raison de cette disparition réside dans la destruction des habitats. Ces reptiles nécessitent des milieux naturels préservés, mais l’urbanisation et la bitumisation de l’environnement réduisent considérablement leurs chances de survie. Le mode d’entretien des jardins, de plus en plus frequenté par des tontes à ras, réduit également les caches nécessaires à leur protection. De plus, la circulation routière aggrave la situation en isolant les serpents, qui risquent d’être écrasés lorsqu’ils tentent de traverser les routes.
Les impacts du changement climatique
Les spécialistes notent également que le changement climatique commence à produire des effets néfastes. Par exemple, l’été 2022 a été marqué par une mortalité importante due à l’assèchement des habitats, même si toutes les espèces ne sont pas touchées de la même manière.
Un avenir incertain pour les serpents
Les résultats de cette étude, basée sur des sites protégés, soulèvent des inquiétudes. Si la diminution des populations est visible dans ces zones, il est probable que la situation soit encore plus grave ailleurs. Bien que le scientifique souligne qu’il s’agit d’un effondrement des populations et non d’une extinction totale, certaines espèces risquent de disparaître localement, notamment dans les endroits les plus isolés.
Une espèce sous-estimée
Malgré la perception négative que certains peuvent avoir des serpents, Matthieu Berroneau insiste sur l’importance de cette espèce. Tous les serpents de France jouent un rôle crucial dans la chaîne alimentaire. Prédatant de petits animaux tels que les souris et les lézards, ils constituent également une proie pour des rapaces, comme le Circaète Jean-le-Blanc.
Changer les mentalités pour préserver les serpents
Berroneau note que les mentalités évoluent concernant les serpents, avec une meilleure tolérance de la part du public. Il encourage les particuliers à conserver des espaces naturels dans les zones urbanisées, par exemple en laissant des herbes hautes dans les jardins. Ce geste simple peut aider à préserver certaines espèces menacées.
Conclusion : Un appel à l’action pour la biodiversité
L’étude pointe clairement la nécessité de mesures de conservation, telles que la création de passages faune sur les nouvelles routes. La lutte contre la disparition des serpents passe par une prise de conscience collective et des actions concrètes pour protéger leur habitat.