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Le vrai visage du label MSC : pêche durable ou simple marketing ?

by charles
Que signifie vraiment le label MSC sur les étiquettes de poisson?
France

Le label MSC : un symbole de pêche durable sous surveillance

Le logo bleu et blanc du Marine Stewardship Council (MSC) accompagné de l’inscription « Pêche durable » est omniprésent sur de nombreux produits de la mer. Pourtant, ce label international, créé en 1997 par une alliance entre l’ONG WWF et le groupe Unilever, suscite aujourd’hui de vives controverses quant à sa réelle capacité à garantir une gestion durable des ressources halieutiques.

Logo MSC sur un étal de poisson
Le logo MSC apposé sur des produits de la mer certifiés comme durables

Les promesses du label et ses critères

Selon le site officiel du MSC, cette certification doit assurer « une gestion efficace des pêcheries », un « impact environnemental minimisé » ainsi qu’une exploitation dans « des stocks de poisson durables ». En pratique, le label repose sur une quarantaine de critères scientifiques, tels que le maintien du niveau du stock de poissons au-dessus des seuils de renouvellement ou l’absence de capture d’oiseaux, mammifères ou reptiles. Le respect de ces engagements est vérifié par des audits indépendants, nécessaires pour obtenir la certification.

Les critiques et limites du MSC

Malgré ces promesses, le label est régulièrement remis en question. En 2023, l’ONG Bloom, spécialisée dans la défense des océans, a estimé que 83 % des volumes certifiés par le MSC provenaient de pêcheries considérées comme destructrices. Les détracteurs dénoncent le caractère permissif du label, notamment en raison des types de pratiques qu’il autorise, comme le chalutage en eau profonde, le dragage hydraulique ou l’utilisation de dispositifs de concentration de poissons (DCP). Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, déplore un « label par et pour l’industrie », qui autoriserait des méthodes parfois néfastes pour la biodiversité marine.

« La drague, un chalut de fond, le DCP, ça peut être néfaste », soulignent ses critiques.

Une autre faiblesse réside dans l’accès au label, qui coûte cher et impose des démarches complexes, rendant difficile l’obtention pour les petits pêcheurs, souvent plus respectueux de l’environnement. « Cela crée une situation paradoxale où le label peut parfois ne pas refléter la durabilité réelle », déclare Didier Gascuel, écologiste marin.

Les autres labels et solutions alternatives

En France, le MSC domine largement en volume, mais d’autres labels existent. L’écolabel public « Pêche durable », lancé en 2014 par FranceAgriMer, couvre une faible part des pêcheries françaises. Selon Didier Gascuel, leur faible impact est dû à leur volume modeste et leur portée géographique.

Certains acteurs prônent des démarches plus transparentes et simples, comme le label « Bar de ligne de la Pointe de Bretagne », qui certifie une pêche à la ligne locale, ou encore l’adoption de processus d’étiquetage environnemental plus précis et accessible, basé sur des critères comme la taille des bateaux ou la localisation de la pêche.

Des recommandations pour une pêche plus durable, issues d’études scientifiques, proposent de réduire la pêche, limiter la taille des navires ou interdire l’accès aux zones ou espèces vulnérables, afin d’assurer une meilleure préservation des écosystèmes marins.

Une réglementation encore perfectible pour un véritable engagement durable

Si le MSC reste une référence pour la certification, l’amélioration de ses critères et une vigilance accrue sont indispensables pour que la dimension écologique ne soit pas sacrifiée au profit des intérêts industriels. La transparence des processus et un soutien accru aux petits pêcheurs pourraient favoriser une véritable pêche durable, respectueuse de la biodiversité marine.

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