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Conflit à Jenin : La sécurité palestinienne intensifie ses actions
Les forces de sécurité palestiniennes poursuivent depuis samedi dernier une opération de sécurité appelée « Protection de la patrie » dans le camp de Jenin, au nord de la Cisjordanie, visant des militants du groupe armé de la Brigade Jenin, que les autorités qualifient de « hors-la-loi ».
Des affrontements sporadiques ont éclaté dans le camp, entraînant samedi la mort du leader de la brigade, Yassir Jaa’isa, recherché par l’occupation israélienne, ainsi que plusieurs civils tués par les tirs des forces de sécurité.
L’opération a débuté suite à l’arrestation par les forces de sécurité de deux membres de la brigade, Ibrahim Toubassi et Imad Abu Al-Hijja, au début du mois, ce qui a suscité la colère de la Brigade Jenin. Cette dernière a retenu des véhicules des forces de sécurité comme monnaie d’échange pour demander leur libération.
Pourquoi cette campagne ?
Le porte-parole des forces de sécurité palestiniennes, le général Anwar Rajab, a déclaré que la campagne vise des « hors-la-loi » et s’engage à les poursuivre « dans toute la Cisjordanie ». En revanche, la Brigade Jenin affirme que l’Autorité palestinienne souhaite un « Jenin sans résistance armée », selon les déclarations d’un porte-parole au site Al Jazeera.
Le politologue Bassim Al-Tamimi explique que certaines factions ont défié l’ordre public palestinien, en violant la loi nationale qui interdit l’usage des armes entre Palestiniens. Il souligne que ces groupes ont commis plusieurs violations, y compris des agressions contre des citoyens et des vols de véhicules appartenant à des institutions gouvernementales.
Al-Tamimi ajoute que ces groupes ont semé la terreur parmi les citoyens en tirant des balles dans des zones peuplées et en attaquant des installations sécuritaires.
Inquiétudes pour l’avenir
Contrairement à Al-Tamimi, Suleiman Basharat, directeur du Centre Yabous pour les études, indique que le passage de l’Autorité à une approche de confrontation, au lieu d’un dialogue, pourrait créer des problèmes sérieux. Il relie les événements actuels à la réalité politique de l’Autorité qui cherche à se renforcer dans un environnement de pression régionale et internationale.
Basharat estime que l’Autorité fait face à un défi : prouver sa capacité à gérer la situation selon les attentes américaines et israéliennes, sinon elle pourrait faire face à un changement radical.
Il mentionne qu’un contrôle israélien total est à envisager comme alternative, ce qui pourrait exacerber les divisions politiques et sociales parmi les Palestiniens.
Une grande fracture
Le politologue Samer Anabtawi souligne que la situation à Jenin s’inscrit dans un cadre de conflits politiques et sécuritaires au sein du peuple palestinien, aggravés par l’absence d’une direction nationale unifiée. Il fait la distinction entre les résistants qui mènent des actions contre l’occupation et ceux qui estiment que ces actions n’ont pas d’impact positif sur la situation globale.
Anabtawi affirme que « la résistance, sous toutes ses formes, est un droit légitime du peuple palestinien » et rejette l’idée de qualifier les personnes recherchées à Jenin de « hors-la-loi ».
Il conclut que si une amélioration des relations avec les États-Unis ou Israël est envisagée par l’Autorité, cela serait une illusion, car le processus politique actuel n’a conduit qu’à des pertes pour le peuple palestinien sur tous les fronts.