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Une enquête du Guardian révèle que plusieurs sociétés enregistrées au Royaume‑Uni seraient impliquées dans le recrutement de centaines de mercenaires colombiens pour combattre aux côtés des forces du soutien rapide au Soudan, accusées de crimes de guerre et d’actes pouvant relever du génocide. L’enquête établit un lien surprenant entre une modeste chambre à coucher au nord de Londres et un réseau international de recrutement de combattants.
Un réseau apparent depuis Londres
Selon le reportage, une société centrale baptisée « Zeus Global » a été immatriculée dans le nord de Londres avec un capital limité. Ses fondateurs seraient des ressortissants colombiens installés au Royaume‑Uni et récemment visés par des sanctions de la part des autorités américaines pour leur rôle présumé dans le recrutement de mercenaires.
Après l’annonce des sanctions, la société aurait modifié son siège pour s’installer en plein centre de Londres et utilisé des adresses associées à des établissements haut de gamme, qui nient pourtant toute relation. Ce déplacement soulève des interrogations sur la transparence des enregistrements et la capacité des régulateurs à suivre de telles structures.
Rôle des mercenaires sur le terrain
L’enquête attribue aux mercenaires colombiens une participation directe à l’offensive contre la ville d’Al‑Fashir, dans le Darfour, fin octobre dernier. Cette offensive aurait été suivie d’une escalade meurtrière dont le bilan est évalué à des milliers de victimes, ainsi que d’accusations de viols massifs et d’exécutions ciblées de civils, y compris des femmes et des enfants.
Par ailleurs, ces combattants auraient pris part à l’exploitation de drones, à la formation de miliciens et, selon le reportage, à l’entraînement d’enfants au maniement des armes. Leur implication est également signalée dans la chute d’Al‑Fashir et dans les affrontements dans la région de Kordofan, voisine du Darfour.
Des images et des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent des populations déplacées et les conséquences humanitaires dramatiques des combats, renforçant l’ampleur des accusations portées contre les forces en présence.
Inquiétudes et mesures prises
Des experts sur le Soudan et des représentants onusiens ont exprimé leur inquiétude face à la facilité apparente avec laquelle des personnes soumises à des sanctions internationales ont pu créer et utiliser des sociétés au Royaume‑Uni. Ils rappellent que l’enregistrement facile de structures commerciales a par le passé servi d’écran pour des trafics d’armes et des soutiens militaires à des acteurs interdits.
De son côté, le gouvernement britannique a assuré avoir renforcé récemment les procédures de vérification des identités des dirigeants d’entreprises et pris des sanctions contre certains responsables des forces du soutien rapide. Il a par ailleurs réitéré son appel à l’arrêt immédiat des exactions, à la protection des civils et à la garantie d’un accès sans entrave de l’aide humanitaire au Soudan.
L’affaire met en lumière les défis posés par la mondialisation des réseaux de mercenaires et la nécessité d’une coopération internationale accrue pour assurer la transparence des entités commerciales et la responsabilité des acteurs impliqués dans des conflits. Les appels à des enquêtes indépendantes et à des poursuites pour violations du droit international se font plus pressants.