Home ActualitéSécurité et défense Le départ de Wagner du Mali remplacé par Africa Corps, nouvelle stratégie russe

Le départ de Wagner du Mali remplacé par Africa Corps, nouvelle stratégie russe

by charles
Le groupe paramilitaire russe Wagner quitte le Mali, remplacé par Africa Corps pilotée directement par Moscou
Mali, Russie

Depuis le 6 juin, le groupe de mercenaires russe Wagner, présent au Mali depuis 2021, a officiellement annoncé son retrait du pays par le biais d’un communiqué vidéo diffusé sur ses réseaux sociaux. La fin de leur mission, affirmée comme accomplie, marque un tournant dans l’implication de la Russie dans le Sahel, où elle a considérablement renforcé son influence depuis les coups d’État de 2020 et 2021 ayant mené à la prise de pouvoir de la junte militaire dirigée par le général Assimi Goïta.

Un départ en apparence, une transition sous contrôle

Alors que le groupe Wagner, qui est une organisation paramilitaire privée fondée par Evgueni Prigojine, dit avoir rempli sa mission contre les groupes jihadistes, c’est en réalité un simple changement de nom et d’organisation. Selon plusieurs sources diplomatiques et militaires, ses contingents seront intégrés au sein d’un autre groupe russe, l’Africa Corps, qui opère avec la même logique de coopération militaire directe avec le Kremlin.

Logo de l'Africa Corps, successeur de Wagner dans la région

Ce transfert symbolise une volonté de Moscou de maintenir sa présence sécuritaire en Afrique tout en dissimulant la fin de Wagner, dont la brutalité et les méthodes controversées ont souvent été dénoncées par des ONG et l’ONU. La majorité des personnels russes, y compris les formateurs et conseillers militaires, seront transférés vers cette nouvelle entité qui poursuit, selon des analystes, un objectif stratégique de contrôle et d’influence dans la région.

Une implication que le pouvoir malien continue d’affirmer

Malgré le retrait officiel de Wagner, le gouvernement malien affirme maintenir sa coopération avec la Russie. « Wagner hier ou Africa Corps aujourd’hui, notre interlocuteur reste le même : le pouvoir central en Russie, c’est le Kremlin », a indiqué une source sécuritaire malienne. Dépourvu de reconnaissance officielle, la présence de Wagner est même niée formellement par Bamako, qui préfère parler d’instructeurs russes plutôt que de mercenaires étrangers.

Les autorités maliennes soulignent que la coopération militaire avec Moscou se poursuit, notamment dans la formation et le soutien à l’armée locale face à la résurgence des attaques jihadistes, qui ont encore coûté la vie à plusieurs soldats dans le centre du pays ces dernières semaines. Le contexte sécuritaire demeure donc instable, malgré la prétendue fin de Wagner.

Une nouvelle ère pour la Russie en Afrique

Depuis la mort d’Evguéni Prigojine lors d’un mystérieux accident d’avion en août 2023, la restructuration du groupe Wagner a accéléré. La création d’Africa Corps, appuyée par le ministère russe de la Défense, marque une étape dans la stratégie de Moscou d’étendre son influence dans la région. La nouvelle organisation affiche une rhétorique largement anti-française et pro-indépendance, en jouant sur un discours de libération des pays africains du colonialisme.

Les opérations d’Africa Corps, selon des analyses, ont déjà débuté dans plusieurs pays du continent, notamment au Burkina Faso, où une centaine de spécialistes russes sont arrivés début 2024. La présence mercenaire s’étendrait à plus de 6 000 hommes, dont une majorité d’anciens mercenaires de Wagner, et pourrait atteindre plus de 10 000 contractuels à moyen terme.

Une continuité contestée sur le terrain

Les méthodes employées par Wagner ont souvent été dénoncées pour leur brutalité extrême, y compris des exactions de masse et des exécutions sommaires, notamment dans la région de Moura en mars 2022, où l’ONU a accusé l’armée malienne et ses partenaires étrangers d’avoir tué des centaines de civils. La transition vers Africa Corps ne semble pas apporter de changement significatif dans ces pratiques, selon des ONG et observateurs, qui restent très critiques à l’égard de la présence militaire russe en Afrique.

Les opérations militaires conjointes continuent de se succéder dans une région secouée par la violence jihadiste et les affrontements entre groupes armés. Malguèrement, la situation sécuritaire demeure fragile, avec une recrudescence des attaques dans plusieurs zones, rendant toute stabilisation difficile, malgré la présence persistante des acteurs russes.

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés