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Les islamistes frappent Bamako, révélant l’impuissance des autorités militaires
En ciblant la capitale Bamako, les islamistes démontrent un pouvoir de nuisance toujours intact face à des autorités militaires qui affirment avoir maîtrisé la situation. Des images choc, montrant des cadavres calcinés au milieu d’un paysage dévasté, continuent d’être diffusées ce vendredi sur les réseaux sociaux, après l’attaque meurtrière du mardi 17 septembre, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), allié à Al-Qaeda. C’est souvent le groupe islamiste lui-même qui partage ces vidéos sinistres, sachant pertinemment qu’ils infligent un coup dur à la junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le coup d’État de 2020.
Une dérive sécuritaire persistante
Les militaires maliens ont justifié leur prise de pouvoir en affirmant vouloir stopper l’escalade de l’insécurité au Mali. Rappelons que ce pays, plus de deux fois plus grand que la France, a été plongé dans le chaos à la suite du renversement de Ibrahim Boubacar Keïta, le président élu, il y a quatre ans. Suite à un second coup d’État un an plus tard, la junte a consolidé son pouvoir. Les Maliens, lassés d’assister à cette crise sécuritaire grandissante, avaient initialement applaudi l’arrivée des militaires, autant que leur volonté de rompre avec la France, dont l’ancienne opération militaire Barkhane n’a jamais réussi à éradiquer l’hydre islamiste.
Un message fort du GSIM
En frappant pour la première fois au cœur même de Bamako et à proximité d’installations militaires stratégiques, le GSIM démontre que les militaires maliens, maintenant au pouvoir, ne parviennent guère mieux à assurer la sécurité. Malgré le soutien russe et l’appui des mercenaires de l’ex-groupe Wagner, les assaillants ont mené une double attaque qui a terrorisé les habitants de la capitale. L’assaut a commencé à l’école de gendarmerie à Faladié, faisant entre 77 et 81 morts, malgré les dénégations initiales de la junte qui parlait de « quelques pertes ».
Des conséquences dramatiques pour la sécurité
Ensuite, une base aérienne adjacente à l’aéroport international de Bamako a également été prise d’assaut, entraînant la destruction de plusieurs avions, y compris ceux affrétés par des ONG cruciales pour l’aide humanitaire dans ce pays en proie à une grave crise humanitaire, exacerbée par l’insécurité au nord et au centre du Mali. En outre, les assaillants ont incendié le 737 présidentiel, une scène largement diffusée sur les réseaux sociaux.
Un anniversaire malvenu
Cette attaque survient alors que le colonel Assimi Goïta se vantait des succès militaires lors du premier anniversaire de l’Alliance des États du Sahel (AES), visant à renforcer la coopération sécuritaire entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tous dirigés par des juntes militaires. Il est difficile de ne pas établir un lien entre l’attaque spectaculaire du GSIM et cette date commémorative, ainsi qu’avec le discours triomphal de Goïta.
Un regard sceptique sur la situation sécuritaire
Selon Mohamed Amara, docteur en sociologie et analyste sécuritaire, _« En attaquant l’école de gendarmerie et la base aérienne 101 accolée à l’aéroport, les terroristes ont frappé le cœur du réacteur militaire à Bamako »_. Il souligne qu’il n’y a pas de précédent en termes d’ampleur ou de vulnérabilité pour le système sécuritaire malien. Avec l’accroissement des attaques, les autorités militaires avaient réussi jusqu’à présent à minimiser leurs échecs enregistrés loin de la capitale, tout en censurant les voix critiques. Toutefois, le nombre de décès dus à des attaques terroristes a presque doublé depuis leur arrivée au pouvoir, passant de 3 500 en 2020-2021 à plus de 6 600 en 2022-2023.
La réponse des autorités face à la crise
Dans l’immédiat, les autorités maliennes ont ordonné la fermeture de sept marchés à bestiaux, soupçonnés d’être des points d’infiltration pour les assaillants. Les cérémonies funèbres ont été organisées à huis clos, tandis que des témoignages évoquent la peur parmi la population et une critique du relâchement apparent des forces de sécurité. La question demeure quant à l’impact de cette attaque à Bamako sur la perception de la sécurité au Mali, alors que les canaux d’information restent étroitement surveillés.