Home ActualitéSécurité et défensePalantir : la firme tech controversée entre IA, surveillance et armée

Palantir : la firme tech controversée entre IA, surveillance et armée

by Sara
États-Unis, Israël, Palestine

Palantir est devenue l’une des entreprises technologiques américaines les plus controversées, en raison de son usage intensif des données et de l’intelligence artificielle au service d’objectifs militaires.
Ce positionnement a transformé des outils conçus pour faciliter des tâches en instruments utilisés dans des opérations de surveillance et des actions militaires coordonnées.

Pour beaucoup, le nom Palantir renvoie à une surveillance invasive qui collecte des informations personnelles puis les réutilise contre les individus.
Pourtant, une part importante du public ignore la nature exacte de l’entreprise, son champ d’action et la manière dont elle a converti la technologie en un outil stratégique.

Qui est derrière Palantir ?

Après la vente de PayPal en 2003, Peter Thiel — cofondateur — cherchait une nouvelle idée.
Contrairement à d’anciens collègues qui se sont lancés dans les réseaux sociaux, l’automobile ou l’aérospatial, Thiel a choisi de se concentrer sur l’exploitation des données profondes.

Palantir a été fondée avec plusieurs investisseurs et dirigeants clés, dont Alex Karp (PDG depuis 2005), Stephen Cohen, Joe Lonsdale et Nathan Gettings.
Ces fondateurs ont apporté une expertise technique et des liens étroits avec le monde des affaires et des gouvernements.

Les relations de Thiel avec l’administration américaine ont permis à Palantir d’obtenir des contrats gouvernementaux majeurs, notamment pour des plateformes de suivi des mouvements de migrants et la constitution de bases de données destinées à accélérer les procédures d’expulsion.

L’entreprise a aussi été associée à plusieurs controverses : révélations sur des collaborations possibles avec des outils d’analyse de la CIA, et des investissements passés par des personnalités contestées.

Que fait Palantir ?

Le travail de Palantir est difficile à résumer, même pour d’anciens employés.
L’approche consiste essentiellement à fournir des logiciels supplémentaires qui s’intègrent aux systèmes existants d’une organisation pour collecter, indexer et analyser leurs données.

Plutôt que de remplacer les infrastructures, les solutions Palantir les « traduisent » et les rendent exploitables par une interface unique.
Plusieurs anciens salariés décrivent ces outils comme un traducteur qui rassemble des informations disparates et les restitue de manière claire et exploitable.

En pratique, Palantir propose deux produits principaux :

  • Foundry : destiné aux entreprises civiles pour agréger, analyser et archiver leurs données.
  • Gotham : conçu pour les organismes gouvernementaux et les forces de l’ordre, il centralise des sources variées pour faciliter le suivi et la surveillance.

Récemment, l’entreprise investit aussi dans des systèmes d’intelligence artificielle destinés à être intégrés à ses plateformes existantes, ainsi que pour des usages militaires.

Pourquoi Palantir est-elle unique et recherchée ?

De nombreuses sociétés offrent des services d’analyse de données, mais Palantir se distingue par plusieurs atouts difficiles à reproduire.

Son image publique et son mode de fonctionnement — proche d’une culture quasi-militaire — renforcent la perception d’un partenaire spécialisé dans la sécurité et la défense.
Les intitulés de postes, le vocabulaire interne et la manière de traiter les missions rappellent souvent le langage des forces armées.

Techniquement, ses logiciels peuvent s’interfacer avec des systèmes très anciens comme avec des architectures modernes, évitant ainsi des refontes coûteuses et longues.
Ce caractère plug-and-play économise des centaines de millions de dollars pour grandes entreprises et gouvernements.

Une aura militaire et des pratiques controversées

L’identité de Palantir est fortement marquée par des références militaires et sécuritaires.
Cette aura sert à la fois d’argument commercial et de véhicule d’image pour des clients recherchant des solutions robustes de surveillance ou de gestion de crise.

La capacité de l’entreprise à traiter et croiser d’immenses jeux de données la rend attrayante pour des agences de renseignement, des forces armées et des services de police.

Cette proximité avec le monde de la défense s’accompagne d’accusations : collaboration discutée avec des outils d’analyse de la CIA et financement par des personnalités controversées ont alimenté le débat public.

L’usage militaire croissant des technologies de Palantir soulève des questions éthiques sur la finalité des algorithmes et la responsabilité en cas d’utilisation létale.

Peter Thiel lors d'une conférence à Miami, avril 2022

Position controversée sur Gaza et soutien à Israël

Les positions publiques du fondateur Peter Thiel et d’autres dirigeants de Palantir ont été jugées provocatrices par des observateurs.
Thiel a exprimé à plusieurs reprises son soutien ouvert aux autorités israéliennes, arguant de l’exactitude des actions de l’armée israélienne dans certains contextes.

En mai 2024, des déclarations ont émergé selon lesquelles un modèle d’IA développé par la société, nommé « Lavender », aurait été utilisé pour le ciblage lors d’opérations à Gaza.
Ces allégations ont relancé les préoccupations sur l’utilisation des technologies d’IA dans des frappes militaires.

Palantir se décrit par ailleurs comme partenaire stratégique du ministère de la Défense israélien, fournissant à plusieurs reprises des outils d’analyse et d’IA associés à des campagnes controversées.

Le soutien au-delà du fondateur s’étend au PDG Alex Karp, qui a lui aussi affirmé son appui aux forces israéliennes à plusieurs reprises, renforçant ainsi l’image d’une entreprise alignée avec des intérêts militaires spécifiques.

Questions soulevées et enjeux

L’évolution de Palantir interroge sur plusieurs plans :

  • Éthique : quelles garanties quant à l’usage des technologies d’IA et des données ?
  • Transparence : comment contrôler des outils déployés dans des contextes militaires ou policiers ?
  • Responsabilité : qui répond en cas d’erreur ou d’utilisation abusive menant à des dommages humains ?

Ces questions restent largement débattues au sein des communautés technologiques, juridiques et des droits humains, alors que Palantir continue d’étendre ses contrats et capacités.

source:https://www.aljazeera.net/tech/2025/12/4/%d8%a7%d8%b3%d8%aa%d8%ab%d9%85%d8%b1-%d9%81%d9%8a%d9%87%d8%a7-%d8%a5%d8%a8%d8%b3%d8%aa%d9%8a%d9%86-%d9%88%d8%a7%d8%aa%d9%87%d9%85%d9%87%d8%a7-%d8%b3%d9%86%d9%88%d8%af%d9%86

You may also like

Leave a Comment