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Politique d’Israël : Tir à vue sur les Palestiniens en Cisjordanie
Une seule balle tirée par les soldats d’occupation israéliens a suffi à clouer le jeune Yazan Abu Shala à son lit d’hôpital, luttant pour sa vie dans le service de soins intensifs de l’hôpital arabe à Naplouse. Trois autres balles ont accru ses douleurs, anéantissant ses espoirs et ses rêves après la mort de sa femme, Sundus Shalabi, et de l’enfant qu’elle portait alors qu’elle était enceinte de neuf mois.
Une politique de tir ciblé
Les soldats israéliens n’ont pas tiré sur Yazan Abu Shala, sa femme et son frère qui les accompagnaient par hasard lors de leur fuite du camp de réfugiés de Nour Shams à Tulkarem, mais dans le cadre d’une politique d’exécution directe contre tout Palestinien, qu’il soit suspect ou non. Cette intensification des violences a été particulièrement marquée après le 7 octobre 2023 et a été exacerbée par l’opération « mur de fer » lancée par Israël contre les villes et camps du nord de la Cisjordanie depuis 22 jours.
Des ordres de tir inédits
Des données et des témoignages sur le terrain montrent une aggravation de la politique israélienne de violence. Les nouvelles ordres « d’ouvrir le feu », transmises par le général Avi Blot, commandant de la région centrale, stipulent de tirer à vue sur « quiconque travaille la terre », qu’il soit couché ou en train de creuser, sans qu’il soit nécessaire de l’arrêter, afin d’empêcher la pose de charges explosives.
Par ailleurs, le colonel Yaki Dolff, commandant de la Cisjordanie, a ordonné à ses troupes de tirer sur tout véhicule s’approchant des zones de combat pour l’arrêter et le fouiller. Cela a été confirmé par l’incident impliquant Yazan Abu Shala et sa femme, soulignant que l’armée d’occupation ne nécessite pas de justification pour ses actions meurtrières.
Une tragédie familiale
Mohammed Abu Shala, le père de Yazan, a raconté à Al Jazeera ce qui est arrivé à son fils. Dans la matinée du 9 février, peu après que l’armée d’occupation ait envahi le camp de Nour Shams pour élargir son opération militaire, Yazan, sa femme et son frère Bilal se dirigeaient en voiture vers le quartier de Dhannaba, où réside la famille de sa femme, en quête de sécurité et de soins médicaux pour sa femme enceinte.
Dans le quartier scolaire du camp, un soldat israélien a ouvert le feu à quelques mètres de distance, touchant Yazan à la tête, ce qui a provoqué un accident de voiture. Selon son père, « ensuite, sa femme, désespérée et en état de choc, s’est mise à frapper aux portes des maisons voisines à la recherche d’aide, seulement pour se retrouver face à un groupe de soldats israéliens qui ont également ouvert le feu sur elle, l’atteignant de trois balles, à la tête, au cœur et au ventre ».
Des arrestations et des violences
Les soldats n’ont pas seulement blessé Yazan et tué sa femme, mais ils ont également arrêté son frère Bilal dans le véhicule, le ligotant après l’avoir violemment frappé, l’utilisant comme bouclier humain lors des incursions dans les maisons environnantes. Il a vu les soldats placer une bombe à l’entrée de la maison de la jeune fille Rahaf Ashqar, qui a également été tuée en essayant d’ouvrir la porte piégée.
Ce n’est pas seulement la famille Abu Shala qui a souffert de cette violence. Le cas de l’enfant Saddam Rajab, âgé de 10 ans, confirme que le meurtre est la seule option recherchée par les soldats d’occupation. Une patrouille militaire israélienne a tué Saddam près de sa maison à Tulkarem après qu’un soldat a ouvert le feu sur lui sans raison. La caméra de sécurité de la maison a enregistré l’incident, et les soldats ont empêché son secours tout en agressant son père.
Une escalade des politiques militaires
Ces décisions militaires israéliennes, selon le politologue Ahmed Abu Heija, reflètent la continuité de la brutalité israélienne visant à changer les règles du jeu en Cisjordanie. Il affirme qu’Israël adopte une « répression excessive » pour atteindre plusieurs objectifs, notamment :
- L’acceptation totale de l’annexion de la Cisjordanie sans opposition.
- Transformer la vie des citoyens de la Cisjordanie en un enfer en restreignant leurs déplacements.
- Permettre aux colons d’agir librement en Cisjordanie, entraînant ainsi un déplacement forcé des habitants sous prétexte de volontariat.
Abu Heija ajoute que le seul motif d’élargir les ordres d’ouverture du feu est la sécurité, et que les allégations du régime d’occupation concernant la protection de ses soldats sont infondées, car ils tirent sans raison valable. La situation en Cisjordanie ne justifie pas cela, et l’occupation commet déjà des meurtres sans nécessiter de tels ordres, qui servent néanmoins à établir des transformations politiques, désignées comme « décisions historiques », dans la réalité de la Cisjordanie.
Un danger imminent
La gravité de cette décision, selon Khaldoun Barghouti, spécialiste des affaires israéliennes, réside dans son énoncé, visant ceux qui « travaillent la terre ». Si cela concerne les combattants qui posent des bombes, l’application de cet ordre est suffisamment large pour menacer la vie de tout citoyen, y compris un agriculteur travaillant dans son champ.
Cette décision justifie les opérations de tir visant à tuer n’importe quel Palestinien, établissant ainsi une politique d’impunité pour les soldats face à leurs actes de violence.