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Le ministère syrien des Affaires étrangères a salué l’adoption, par le Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), d’une décision visant à détruire les restes du programme d’armes chimiques de l’époque de Bachar al-Assad. Cette annonce marque une étape diplomatique et technique importante pour la question des armes chimiques en Syrie.
Adoption du plan par le Conseil exécutif
Selon le communiqué publié jeudi soir par Damas, la décision a été parrainée conjointement par 53 États parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, y compris la Syrie et le Qatar.
Le texte précise que l’adoption s’est faite à l’unanimité des membres du Conseil exécutif et qu’il s’agit du premier projet de décision présenté par la Syrie dans les enceintes internationales depuis la reprise du contrôle de la capitale.
La Syrie a présenté cette proposition lors de la 110e session du Conseil exécutif de l’OIAC, en coopération avec la mission du Qatar qui représente les intérêts syriens auprès de l’Organisation.
Calendrier de la session et portée
La 110e session du Conseil exécutif de l’OIAC se tient depuis mardi et s’achève ce vendredi. Le contenu adopté vise explicitement la « destruction accélérée de tout résidu d’armes chimiques sur le territoire syrien ».
La décision ouvre la voie à des mesures techniques et logistiques coordonnées entre les États parties et l’OIAC pour localiser, sécuriser et détruire les sites et matériaux encore potentiellement liés au programme chimique.
Contexte des attaques chimiques en Syrie
Les traces des attaques chimiques en Syrie restent au centre des préoccupations internationales depuis le début du conflit. Les organisations syriennes et internationales ont documenté de nombreuses utilisations d’agents chimiques depuis 2011.
- La Syrian Network for Human Rights recense 217 attaques chimiques imputées aux forces du régime depuis mars 2011.
- La plus meurtrière reste l’attaque de la Ghouta orientale, le 21 août 2013, qui a fait plus de 1 400 morts et plus de 10 000 blessés civils.
Ces faits ont conduit, en septembre 2013, à l’adhésion de la Syrie à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et à l’adoption, en interne, de mesures coordonnées avec l’OIAC et l’ONU pour le démantèlement officiel des stocks déclarés.
Interventions de l’OIAC et bilan des missions
L’OIAC et les Nations unies ont mené des missions d’inspection en Syrie. En août 2014, l’OIAC a annoncé la fin de la mission de destruction des stocks déclarés du régime.
Toutefois, il est apparu ultérieurement que les destructions avaient porté sur les sites signalés par le régime lui-même. Des attaques au chlore et au sarin ont continué d’être rapportées dans plusieurs villes, notamment à Alep.
Décisions et sanctions récentes
Le 21 avril 2021, les États parties à la Convention ont suspendu certains droits de la Syrie au sein de l’OIAC après des constatations confirmant l’utilisation d’armes chimiques lors d’attaques survenues en 2017 et 2018.
- Mars 2017 : attaque chimique signalée à Latamneh (province de Hama).
- Février 2018 : utilisation d’agents chimiques signalée à Saraqeb (province d’Idlib).
La décision récemment adoptée par le Conseil exécutif s’inscrit dans ce contexte, cherchant à répondre aux lacunes constatées lors des missions précédentes et à rapprocher la Syrie des obligations de la Convention.
Réactions officielles et communication
Le ministère syrien a diffusé un message de satisfaction à propos de l’adoption de la résolution, soulignant la coopération avec la mission qatarie représentant ses intérêts au sein de l’OIAC.
Dans ses communications publiques, Damas a qualifié la décision de pas important vers la neutralisation de toute menace chimique résiduelle sur le territoire national.
Chronologie récente et enjeux politiques
Les développements diplomatiques interviennent après une série de changements politiques significatifs en Syrie. Le 8 décembre 2024, des factions syriennes ont repris le contrôle de Damas, marquant la fin de 61 ans de domination du parti Baas et 53 ans de la famille Assad au pouvoir.
La question des armes chimiques reste un enjeu clé pour la reconstruction des institutions, la confiance internationale et la responsabilisation des acteurs impliqués dans les violences passées.
Points clés à retenir
- Le Conseil exécutif de l’OIAC a adopté une décision visant à détruire les restes du programme d’armes chimiques syrien.
- La décision a été parrainée par 53 États parties, dont la Syrie et le Qatar, et présentée lors de la 110e session du Conseil exécutif.
- Le bilan des attaques chimiques recensées reste lourd, avec des centaines d’incidents documentés depuis 2011.
- Des décisions antérieures, y compris des suspensions de droits de la Syrie au sein de l’OIAC, témoignent des enjeux non résolus autour de l’utilisation d’armes chimiques.