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18 ans après : Mystères et rebondissements dans l’affaire Chiara Poggi

by Sara
France

18 ans après le meurtre de Chiara Poggi, l’affaire Garlasco continue de défrayer la chronique avec de nouveaux éléments et des rebondissements inattendus. Chiara Poggi, une jeune femme de 26 ans décrite dans les rapports comme sérieuse et timide, a été assassinée le 13 août 2007 après avoir ouvert la porte à son agresseur. Selon les verdicts rendus, l’auteur est Alberto Stasi, son petit ami à l’époque, condamné définitivement à 16 ans de prison et aujourd’hui en semi-liberté. Ces dernières années ont vu émerger des hypothèses alternatives et des doutes persistants sur la responsabilité de l’ex-étudiant de Bocconi. Cette année, le parquet de Pavia a inscrit dans le registre des personnes indagées un nouveau suspect: Andrea Sempio, ami du frère de Chiara, Marco Poggi, qui avait 19 ans au moment des faits.

Dna, impronte e testimoni. 18 anni di misteri sulla morte di Chiara Poggi

Ce que disent les verdicts

Le parcours judiciaire autour d’Alberto Stasi est marqué par des retournements spectaculaires. L’étudiant en économie à Bocconi a été acquitté en première instance (2009) par le gip de Vigevano et en appel par la Cour d’Assises d’Appello de Milan. Cependant, la Cour de cassation n’a pas confirmé l’acquittement et a renvoyé l’affaire au second degré pour un nouveau procès. Dans le cadre de ce « procès d’appel bis », Stasi a été condamné et cette condamnation est devenue définitive.

L’assassinat

Chiara Poggi a été tuée de manière « certaine » selon les verdicts et l’analyse logique des faits. À 9h12 le 13 août 2007, elle a désactivé l’alarme de sa maison pour ouvrir la porte à son assaillant. Elle portait un pyjama rose, léger pour la chaleur estivale, et avait une confiance telle envers son visiteur qu’elle n’a pas opposé de résistance apparente. Son corps a été « massacré sans effort »: pas de cris, pas de griffures, pas de défense. Les enquêteurs de l’époque ont décrit Chiara comme une jeune femme sérieuse et discrète, employée, avec peu d’amis et peu de fréquentations. Selon les motivations des juges, Chiara communiquait principalement avec quelques amies par téléphone et par e-mails, et son unique contact régulier était son compagnon Alberto Stasi, proche de la laurea. Malgré les thèmes évoqués par les avocats de Stasi sur une éventuelle « double vie » de Chiara, les juges estiment que cette double vie n’existait pas.

La dynamique du crime selon les verdicts

Selon les verdicts, Chiara, pesant moins de 50 kilos, a été frappée près de l’entrée puis près des escaliers qui mènent à la cave. Son corps a ensuite été projeté dans les escaliers sur 13 marches, atterrissant au troisième marche et glissant jusqu’au neuvième, où il a été retrouvé sans vie. Alberto Stasi aurait été « pris » par une empreinte de chaussure à points, marque Frau n°42, trouvée à l’entrée de la cave mais pas sur les escaliers. Le récit des juges indique que l’assassin n’a pas parcouru une seule marche après l’agression, s’est rafraîchi dans la salle de bains, a lavé le lavabo (il y a du sang sur le tapis de la salle de bains) et est parti. De retour chez lui, il a allumé l’ordinateur à 9h36 et a rédigé quelques dizaines de pages de sa thèse, puis tenté d’appeler Chiara. Sept appels parviennent sur son téléphone: trois depuis le téléphone mobile de Stasi (à 9h44, 10h47 et 13h31) et quatre depuis des numéros anonymes. Peu avant 14h, il « découvre » le corps, appelle le 112 et se rend chez les gendarmes. Les enquêteurs notent des incohérences, comme des chaussures « trop propres » au moment de l’appel au 112, sans traces de sang sur les semelles, ce qui, selon les experts de la prosecution, suggère qu’il a menti et qu’il a simplement simulé la découverte du cadavre. Les investigators estiment que Stasi a travaillé sur sa thèse à partir de 9h36, soit 24 minutes après l’agression, une période jugée suffisante pour commettre le crime et rentrer chez lui à vélo, avec les pédales « échangées » selon les enquêteurs de l’époque.

Sempio déjà indagato et archivé deux fois: 2017 et 2020

Andrea Sempio, ami du frère de Chiara, a été inculpé puis archivé à deux reprises, en 2017 et en 2020. À l’époque, la procureure Marco Venditti a soutenu que les preuves scientifiques contre Sempio étaient « infructueuses et inexploitables ». En 2017, le gip de Pavia, Fabio Lambertucci, a ordonné la non-poursuite dans une enquête née d’une plainte déposée par Elisabetta Ligabò, mère d’Alberto Stasi, visant la présence d’ADN du suspect sur les ongles de la victime. Cette hypothèse s’appuyait sur les conclusions du généticien Pasquale Linarello, mais la procureure a de nouveau sollicité l’archivage après avoir entendu le généticien Francesco Di Stefano, qui avait signé une expertise utilisée dans les affaires contre Stasi, estimant que « des traces d’ADN de Sempio pourraient s’être retrouvées sur les ongles de Chiara Poggi via une position indirecte ». En 2020, le gip de Pavia, Pasquale Villani, a à nouveau archivé l’affaire. Cependant, une note des carabiniers du Nucleo Investigativo de Milano, qui avait recommandé l’archivage, mettait en avant une empreinte devenue « célèbre »: l’empreinte n°33 sur la paroi droite de l’escalier menant à la cave. Pour les carabiniers, cette trace était sanguinolente, malgré les tests de sang réalisés en 2007 par les RIS di Parma (Combur test et OBti test), dont le premier était ambigu et le second négatif.

Andrea Sempio et la nouvelle enquête de 2025. À quel point en sommes-nous?

En mars 2025, un rebondissement majeur survient: les carabiniers convoquent Andrea Sempio pour prélever un échantillon d’ADN. Aujourd’hui âgé de 37 ans, il est de nouveau inscrit au registre des indagati pour le cas Garlasco, avec l’accusation d’« omicidio volontario » cette fois « in concorso » avec d’autres. Son ADN est comparé à celui retrouvé sur les ongles de Chiara Poggi: les consulenti della procura donnent raison à Pasquale Linarello, le généticien qui avait initialement trouvé le « match » pour la défense de Stasi. Sempio est convoqué pour être interrogé à la procure de Pavia, mais ne se présente pas pour une question de forme et n’est pas reconvoqué. Parallèlement, la pression médiatique sur Sempio est forte et les investigations se poursuivent: le canal de Tromello, près de Garlasco, est exploré à la recherche de l’arme du crime; des témoins sont entendus, y compris la mère de Sempio qui évoque l’alibi du jeune homme, qui aurait dit être allé à Vigevano pour acheter un livre mais aurait trouvé le magasin fermé, et a conservé le reçu d’un stationnement à Vigevano.

L’empreinte 33

La procure était initialement convaincue que l’empreinte 33 était imbibée de sang de Chiara. Cette position est partagée par la défense de Stasi, qui a également fourni une expertise en la matière. Le débat entre experts, qui compte déjà près de quarante avis au cours des différentes phases, se concentre sur les empreintes (la n°10 est aussi discutée, car non attribuable à Sempio ni à Stasi mais pas de sang) et sur les prélèvements. Le 9 juin 2025, les enquêteurs, avec le soutien du RIS de Cagliari, reviennent sur les lieux pour reconstituer en modèle 3D l’ensemble de la maison, y compris l’étage et la cave, afin de réévaluer la Bloodstain pattern analysis, c’est-à-dire l’analyse des taches de sang qui aide à reconstituer la dynamique d’un crime.

La nouvelle thèse de la procure

Les carabiniers de la Squadra Omicidi de Milano, avec les procureurs Stefano Civardi, Giuliana Rizza et Valentina De Stefano, remettent en question la reconstruction du crime déjà établie par les verdicts. Ils émettent l’hypothèse que l’assassin serait descendu jusqu’au second palier pour lancer le corps, laissant une empreinte de la main droite ensanglantée sur le mur. L’individu serait passé par la salle de bains sans se laver, laissant des traces sur le tapis, et s’est ensuite éloigné. Toutefois, un point d’interrogation demeure: l’enduit sur lequel se trouvait l’empreinte 33 a été détruit à cause d’une condamnation passée en force. Les tests sanguins ne peuvent être répétés, et toutes les expertises confirment qu’ils ne peuvent être refaits que sur les photographies de l’époque. D’autres analyses sont envisagées lors de l’incident probatoire afin d’assurer le contradictoire et la transparence du processus.

Le prélèvement oral et l’inconnu 3: « Fruto di una contaminazione »

Une partie de l’enquête est encore en cours, mais les premiers éléments de l’incident probatoire sont clairs: l’analyse des déchets a révélé que les seuls ADN présents sur Estathè et Fruttolo appartiennent à Stasi et à Chiara Poggi, confirmant qu’ils avaient été ensemble la veille du crime. Le prélèvement oral de Chiara a aussi révélé l’ADN d’un « inconnu 3 » sur une gaze, identifiable uniquement par la lignée paternale Y. Des soupçons de contamination par le médecin légiste ont été évoqués, mais le 12 août, jour précédant le 18e anniversaire de l’assassinat, la procure de Pavia a publié une note officielle. Selon les consultants généticiens de la procure, Carlo Previderè et Pierangela Grignani, il s’agirait d’une contamination survenue lors de l’autopsie. À ce stade, les analyses de l’incident probatoire n’ont pas donné de résultats divergeant des conclusions initiales.

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source:https://www.ilgiornale.it/news/cronaca-giudiziaria/chiara-poggi-condanna-stasi-nuova-inchiesta-che-punto-siamo-2520455.html

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