Home ActualitésociétéAthlète kényan dupé par la guerre en Ukraine : un récit bouleversant

Athlète kényan dupé par la guerre en Ukraine : un récit bouleversant

by Sara
France

Le cas d’Evans Kibet, guerre en Ukraine, recrutement forcé, Kenya, prisonniers de guerre revient au premier plan après la diffusion d’une vidéo dans laquelle ce coureur kényan, désormais détenu en Ukraine, affirme avoir été dupé pour rejoindre l’armée russe et supplie de ne pas être renvoyé en Russie.

Evans Kibet, guerre en Ukraine et allégations de recrutement forcé

Sur la vidéo publiée mercredi par une brigade de l’armée ukrainienne, Evans Kibet, 36 ans, apparaît en larmes, vêtu d’un haut de sport rouge, la bannière de la brigade en arrière‑plan. « I will die there, » dit-il en agitant les mains vers l’intervieweur hors champ. Dans le message accompagnant la vidéo, la 57th Separate Motorised Infantry Brigade précise qu’il s’agit d’un exemple du traitement réservé par la Russie aux recrues étrangères, tout en ajoutant qu’il avait « fought on the side of the enemy, so whether to believe the words and tears is up to your discretion ».

Evans Kibet regardant la caméra

La brigade affirme que l’entretien a été filmé avec le consentement de Kibet ; la BBC n’a pas vérifié cette affirmation. Les cas de recrues étrangères dans l’armée russe existent, mais les témoignages filmés de captifs non ukrainiens restent rares.

Parcours sportif et arrivée en Russie

Kibet, originaire d’une famille d’agriculteurs de la région de Mount Elgon, à l’ouest du Kenya, a longtemps vécu pour l’athlétisme. Il s’entraînait à Iten, ville d’altitude réputée pour produire des Olympiens et champions du monde, mais n’a jamais atteint ce niveau. Il participait à des courses de 10 km et semi‑marathons en Europe et en Asie, selon sa famille et ses amis.

Evans Kibet en train de courir

Ses proches expliquent qu’il peinait financièrement. En mars, il a demandé à un partenaire d’entraînement, Elias Kiptum, de l’aider à courir en Pologne, mais l’équipe était complète. Plus tard dans l’année, un agent sportif lui a proposé un voyage en Russie pour participer à des courses ; Kibet a accepté l’opportunité. « He was very excited when he told me he was going to race in Russia, » raconte son frère. Sa cousine Edith Chesoi, qui l’a accompagné jusqu’au bus fin juillet, dit qu’il n’avait qu' »a small-sized suitcase » et que la famille pensait qu’il serait absent seulement deux semaines.

Le récit de l’enrôlement et la capture en Ukraine

Sur la vidéo, Kibet affirme être allé en Russie en tant que visiteur et non pour un « military job ». Après deux semaines, son hôte lui aurait proposé de prolonger et promis un emploi ; le soir, il lui aurait présenté des papiers en russe et lui aurait demandé de signer. « I didn’t know it was a military job. » Kibet dit ensuite que l’homme a pris son téléphone et son passeport : « And that is how everything went wrong… that signing ruined my life. »

Il raconte qu’on l’a alors conduit en voiture pendant environ sept heures jusqu’à un camp militaire où on lui a signifié qu’il avait signé pour l’armée et qu’il n’avait pas le choix. « I was told: ‘Either you go to fight or we’ll kill you.' »

Kibet affirme avoir suivi une semaine d’entraînement de base, où l’on lui a montré le maniement d’un fusil automatique. Ne comprenant pas le russe, il dit avoir reçu des instructions par poussées et gestes. Il soutient ne jamais avoir pris part à des combats, et raconte s’être enfui la veille d’une première mission, abandonnant son équipement et errant deux jours dans une forêt près de Vovchansk, dans la région de Kharkiv, avant de se rendre aux soldats ukrainiens.

« I went there with my hands up, »

raconte‑t‑il en reproduisant le geste pour la caméra. « I said: ‘I am a Kenyan, please don’t shoot me.’ Everyone pointed their guns at me, but I told them to calm down. The commander came, they tied me. I told them: ‘No, I am unarmed, I don’t want anything. I’m here to save my life. »‘

Réactions familiales et statut diplomatique

La diffusion de la vidéo a plongé la famille de Kibet au Kenya dans le choc, mais aussi dans un soulagement relatif d’apprendre qu’il est aux mains des Ukrainiens. Après avoir longuement soupiré, sa cousine Edith Chesoi confie : « I am so traumatised. I didn’t sleep at night. I don’t even know what to say. » Son frère Isaac Kipyego le décrit comme « humble guy and a man with a few words » et « a pillar and advisor to the rest of the family ».

La famille demande l’intervention des autorités kényanes ; le ministère des Affaires étrangères n’a pas encore répondu à une demande de commentaire. Petro Yatsenko, porte‑parole ukrainien sur le traitement des prisonniers de guerre, indique à la BBC que des citoyens de Somalie, Sierra Leone, Togo, Cuba et Sri Lanka, entre autres, sont détenus dans des camps ukrainiens. « Most of these individuals come from poorer countries and end up on the Russian side in different ways. Some are deceived – promised jobs at factories – while others join the war voluntarily. It is important to understand that very few are captured alive; most are either killed or seriously injured, » ajoute‑t‑il.

Interrogé sur une éventuelle restitution, M. Yatsenko dit : « If the government of his country of origin expresses interest in his repatriation, Ukraine is open to negotiations about transferring him home. » Il ajoute cependant au sujet d’autres prisonniers : « most African states show little interest in the return of such citizens and do not wish to take them back ».

Pour les proches de Kibet, la priorité reste sa sécurité. « If he made a mistake, let them forgive him. We only want him back, » déclare son frère.

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source:https://www.bbc.com/news/articles/c79vqpnqgy7o?at_medium=RSS&at_campaign=rss

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