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Une rave-party illégale s’est installée depuis vendredi soir sur un terrain récemment incendié dans les Corbières, provoquant colère et inquiétude parmi les habitants de l’Aude déjà éprouvés par l’incendie massif d’août.
Rave-party sur terrain incendié dans les Corbières (Aude)
La fête a commencé vendredi 29 au soir dans une plaine agricole située entre Fontjoncouse et Coustouge, au cœur d’une zone sinistrée. Deux jours après l’extinction officielle du feu qui a fait une victime, des milliers de personnes se sont réunies sur des terres encore marquées par les flammes.
Ce lundi 1er septembre au matin, la rave se poursuivait, au grand désarroi des habitants et des élus locaux. Le maire de Fontjoncouse, Christophe Tena, a alerté sur une situation « potentiellement explosive » et a dit : « La Rave continue. La tension est en train de monter. Après les incendies qu’on a connus, les habitants sont à bout de nerfs, on a des gens qui ont tout perdu, ça va mal finir ».
État des lieux : zone sinistrée et chiffres de l’incendie
La rave-party se tient sur une zone touchée par l’incendie du 5 août, qui a parcouru 16 000 hectares dans le massif des Corbières, détruit 36 habitations et entraîné la mort d’une personne. La préfecture de l’Aude a indiqué lundi à la mi-journée que « 1 500 personnes demeurent sur le site » et a appelé les participants à quitter les lieux.
Faute de pouvoir évacuer immédiatement l’ensemble des personnes présentes, les forces de l’ordre ont empêché l’accès au site à un certain nombre de nouveaux arrivants. Trois personnes ont été placées en garde à vue pour des délits routiers et des infractions à la législation sur les stupéfiants, selon la gendarmerie.
Préfecture, maire et habitants réagissent lundi 1er septembre
Le préfet de l’Aude, Alain Bucquet, a condamné « avec la plus grande fermeté ce rassemblement aussi dangereux pour les participants qu’indigne pour les habitants directement frappés par l’incendie ». Dans son communiqué, il a ajouté : « Venir faire la fête là où des gens ont souffert, tout perdu, cru qu’ils allaient mourir a un caractère indécent ! »
Le maire de Fontjoncouse a dénoncé des dégradations et l’occupation de propriétés privées : « Ils sont sur des propriétés privées, sans autorisation, ils détruisent tout et la préfecture me dit qu’on ne peut rien faire pour les faire partir. On marche sur la tête. Les gens sont en colère. Il y a eu des dégradations de véhicules des teufeurs, garées le long des routes, ça risque de dégénérer ».
Un exploitant viticole, participant aux vendanges, a exprimé son désarroi : « Et ça pourrait durer jusqu’à mardi. Tant qu’ils ont à boire, à manger, à fumer, ils ne s’en vont pas. Je ne sais plus quoi faire ».
Indignation d’habitants et personnalités locales
Plusieurs voix locales ont qualifié le rassemblement d’immoral et d’insensible face aux pertes humaines et matérielles. Le chef étoilé Gilles Goujon a déclaré sur RMC :
« C’est complètement immoral que des gens viennent danser sur les cendres de ceux qui ont tout perdu »
Gaëlle Richter, co-exploitante du domaine des Deux cités, citée par BFMTV, a ajouté : « Se faire ravager par les flammes, c’est déjà assez dur à accepter. Il y a des gens qui ont perdu leurs maisons, nous, on a perdu la moitié de nos vignes, tout notre matériel agricole… Et là, de voir des gens qui n’ont aucun respect, qui s’approprient les choses, qui se sentent dans leur bon droit de faire la fête, alors que nous, on est dans la misère ».
Une habitante de Fontjoncouse a résumé l’émotion locale : « On est un peu désolés, on vient de subir des incendies monstrueux, c’est malvenu de faire la fête ici. Des gens ont perdu leur maison, je trouve que ce n’est pas bien. On ne fait pas une rave après ce qui s’est passé ici. »
Intervention des forces de l’ordre et mesures prises
Des gendarmes mobiles et des CRS ont été dépêchés sur place. La préfecture a précisé que « l’ensemble des personnes contrôlées seront verbalisées pour le non-respect de l’arrêté préfectoral interdisant l’accès à zone de feu ». Les forces ont limité l’arrivée de nouveaux participants mais n’ont pas immédiatement réussi à déloger ceux déjà installés.
La situation demeure tendue pour les habitants qui tentent de panser les plaies laissées par l’incendie et voient s’installer, selon eux, une fête indécente sur leurs terres sinistrées.