Home ActualitésociétéFamilles monoparentales : un combat silencieux face aux inégalités

Familles monoparentales : un combat silencieux face aux inégalités

by Sara
France

Cette semaine, la rentrée a envahi les réseaux sociaux de photos d’enfants impeccables, de cartables neufs et de sourires réglés ; en coulisses, les familles monoparentales vivent une réalité différente, marquée par des comptes fragilisés, une charge organisationnelle lourde et des inégalités criantes.

Familles monoparentales en France : coût de la rentrée et chiffres clés

Le premier choc est financier. Selon la Confédération syndicale des familles, une rentrée coûte entre 320 et 400 € par enfant. Pour une famille monoparentale sur trois, cette somme représente près d’un tiers du revenu mensuel : il suffit d’une dépense imprévue pour que l’équilibre bascule.

Cette fracture sociale concerne une part importante de la population française. Plus d’un quart des foyers en France sont monoparentaux, et dans plus de 82 % des cas ce sont des femmes qui en assument la charge principale. Leur niveau de vie est en moyenne 33 % inférieur à celui des couples avec enfants. Derrière ces statistiques froides se cache une réalité brutale : 41 % des enfants élevés dans ces foyers sont considérés comme pauvres.

Chaque rentrée accentue ce fossé, transformant un moment scolaire en véritable test social. Les inégalités sont à la fois visibles — vêtements, fournitures, activités — et structurelles, touchant le revenu, l’accès aux services et la protection sociale.

Charge invisible : quotidien, organisation et épuisement

Le coût monétaire n’est qu’une face du problème. Le prix caché est l’épuisement quotidien, la charge mentale et l’organisation permanente qui pèsent sur celles et ceux qui tiennent seuls leur foyer. Les scènes décrites durant la rentrée se répètent dans des millions de maisons : lever tôt, vérifier les sacs, rassurer un enfant qui change d’école, courir au travail avec la boule au ventre.

Les tâches s’enchaînent sans relais : récupérer les enfants, écouter leurs journées, apaiser des pleurs, préparer les repas, faire le ménage, gérer les trajets et les activités extra‑scolaires. L’urgence d’acheter des fournitures manquantes ou de trouver une solution de garde se superpose à l’obligation d’assurer une alimentation équilibrée et un cadre sécurisant. Ce temps contraint et non reconnu se traduit par une fatigue chronique et une usure psychologique.

« Ça continue encore et encore, c’est que le début, d’accord, d’accord… »

Cette phrase, citée dans de nombreux foyers, illustre une colère sourde et récurrente que la répétition annuelle de la rentrée contribue à alimenter. Si certaines mobilisations publiques expriment la colère collective — « le 10 septembre, une partie du pays fera entendre sa colère dans la rue » — les familles monoparentales, elles, la portent souvent en silence.

Revendications et pistes d’action politique

Face à ces constats, plusieurs demandes sont mises en avant : reconnaître la réalité des familles monoparentales, réformer la fiscalité pour plus de justice, et mettre en place des droits effectifs au répit. L’objectif affiché est d’alléger la charge mentale par des dispositifs concrets et d’adapter l’organisation collective du temps pour qu’elle ne renvoie plus systématiquement le poids des responsabilités sur une seule personne.

Parmi les propositions figurent la création d’un statut spécifique pour les familles monoparentales afin de mieux les inscrire dans les politiques publiques, ainsi que des mesures de soutien ciblées en période de rentrée scolaire. L’enjeu est de sortir la rentrée scolaire du rôle de révélateur annuel des inégalités et de la transformer en point de départ d’une prise en charge durable.

Reconnaître ces réalités et agir suppose, selon les acteurs engagés, des investissements publics et des choix politiques assumés : justice fiscale, dispositifs de répit et réorganisation du temps social sont présentés comme des leviers pour réduire les écarts de ressources et de temps.

Par Olivia Barreau, membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes

Familles Monoparentales | Rentrée | Inégalités | France | Famille | Monoparentalité | Société
source:https://www.latribune.fr/la-tribune-dimanche/opinions/opinion-septembre-les-cheffes-de-familles-monoparentales-en-mode-survie-par-olivia-barreau-fondatrice-de-l-association-moi-mes-enfants-1031920.html

You may also like

Leave a Comment