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Le ministre de la Justice démissionnaire, Gérald Darmanin, a annoncé dimanche 21 septembre avoir saisi l’Inspection générale de la justice après le féminicide, protection femmes, justice France lié à la mort d’Inès Mecellem, tuée début septembre à Poitiers (Vienne), alors qu’elle avait déposé plusieurs plaintes contre son ex‑compagnon ; ce dernier, en fuite depuis les faits, est toujours recherché.
Saisie de l’Inspection après le féminicide à Poitiers — féminicide, protection femmes, justice France
Gérald Darmanin a publié sur X un message soulignant la nécessité d’une enquête approfondie : «Les victimes doivent être au centre des préoccupations de la justice. À chaque fois que l’une d’entre elles demande protection aux forces de l’ordre et à la justice, et que nous n’avons pas réussi à la protéger, c’est un profond et terrible échec. Toute la lumière doit être faite sur cette horrible affaire».
Le parquet de Poitiers a ouvert une enquête pour assassinat. Du côté du ministère de l’Intérieur, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a déjà été saisie d’une enquête administrative.
Les faits et les démarches antérieures
Inès Mecellem, 25 ans, a été retrouvée poignardée à son domicile le 8 septembre. Deux jours plus tôt, elle avait activé son téléphone grave danger (TGD), dispositif permettant aux victimes de violences conjugales d’alerter rapidement les forces de l’ordre lorsqu’elles se savent traquées.
Selon le parquet, la victime avait déposé une première plainte le 10 juillet, dans laquelle elle évoquait des étranglements et des viols récurrents. Elle s’est rendue ensuite au commissariat le 17 juillet, puis les 13, 19 et 28 août, se disant harcelée et menacée de mort.
Son ex‑compagnon, un réfugié afghan né en 1989, avait été interpellé après les faits mais «un équipage de police se déplaçait, interpellait l’individu sans qu’il soit placé en garde à vue», a relaté la procureure de la République à Poitiers, Rachel Bray, sans préciser les raisons de cette décision.
Point sur l’enquête et les procédures
Le parquet a qualifié l’affaire d’assassinat et les investigations doivent permettre d’établir les circonstances précises du meurtre et l’enchaînement des réponses des services de police et de justice. L’IGPN conduira une enquête administrative sur l’intervention policière et les décisions prises après les plaintes d’Inès.
Le ministre a indiqué qu’il recevrait «la présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicide, comme nous recevons toutes les victimes qui me sollicitent», poursuivant ainsi des dialogues avec les associations et proches des victimes.
Réactions des proches, avocats et collectifs
Me Pauline Rongier, avocate de la famille, dénonce «une défaillance majeure des services de police et des autorités judiciaires», estimant que l’attribution du téléphone grave danger, le 23 juillet, était «une mesure de protection insuffisante».
Des membres de collectifs féministes, présents samedi à Poitiers pour une marche blanche qui a rassemblé environ un millier de personnes, ont déclaré : «À quoi servent tous ces outils de protection mis en place par l’État si les victimes continuent de vivre dans la terreur, et de mourir ?»
Chiffres et financement des mesures de protection
En 2023, 96 femmes ont été victimes d’un féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19 % par rapport à 2022, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur.
Depuis 2017, la protection des femmes a été placée parmi les priorités nationales et le Grenelle des violences conjugales a débouché en 2019 sur un plan d’action. Les associations estiment toutefois que les moyens restent insuffisants : en 2023, la Fondation des femmes a évalué les besoins entre 2,6 et 5,4 milliards d’euros, contre moins de 200 millions d’euros dépensés cette année‑là selon elle. Début juillet, un rapport du Sénat avait critiqué des montants qualifiés de «dérisoires» alloués à cette cause.
Suite judiciaire et étapes attendues
L’enquête judiciaire pour assassinat se poursuit, tandis que l’enquête administrative de l’IGPN vise à établir d’éventuelles fautes ou manquements dans la prise en charge des alertes et plaintes déposées par la victime. Les autorités locales et nationales ont annoncé vouloir «faire toute la lumière» sur cette affaire.