Un homme de 24 ans a été arrêté jeudi dernier aux Pays-Bas, soupçonné de préparer un acte de terrorisme ; cette arrestation, déclenchée après un signalement des services de renseignement, met en lumière le radicalisme au sein d’un cercle étudiant lié à l’extrême droite. Lors d’une perquisition à son domicile, la police a saisi des armes interdites et de la munition ; il reste placé en détention provisoire pour quatorze jours après sa présentation au juge d’instruction.
GNSV à Nimègue : liens avec le radicalisme et les réseaux d’extrême droite
Le suspect est membre de la Groot-Nederlandse Studentenvereniging (GNSV) de Nimègue, une association estudiantine qui se présente comme ayant une « conservatief-nationale levensbeschouwing ». Selon le procureur, le jeune homme se dit également adhérent de la Geuzenbond, un groupe d’extrême droite actif aux Pays-Bas et en Belgique.
Le ministère public décrit la Geuzenbond comme visant les jeunes et poursuivant la « normalisering van het rechts-extremistische gedachtegoed en het weerbaar maken van het ‘blanke ras’ door fysieke training », selon l’Openbaar Ministerie. Ces liens entre GNSV et des réseaux nationalistes plus larges sont au coeur des interrogations depuis l’arrestation.
La GNSV a été fondée en 2021 à Leyde par des membres de la Geuzenbond ; la section de Nimègue a vu le jour en 2023. Cette même année, la présence de la GNSV sur le marché d’accueil de l’Université Radboud avait provoqué une altercation et trois interpellations après une bagarre impliquant des manifestants opposés au recrutement d’étudiants par l’association.
« geweld op geen enkele manier past in het democratisch debat waaraan de vereniging deelneemt »
Le président de la GNSV, Daan Meershoek, a déclaré dans un communiqué que, « geweld op geen enkele manier past in het democratisch debat waaraan de vereniging deelneemt ». Il a ajouté que le membre concerné est suspendu en attendant la suite de la procédure : « De vereniging streeft er altijd naar haar maatschappelijke doeleinden vreedzaam na te streven. Ideeën van politiek geweld maken absoluut geen deel uit van onze politieke levensbeschouwing en keuren wij ook stelselmatig af. »
Plusieurs actions récentes avaient déjà attiré l’attention : en juin, certains membres de la GNSV ont déposé des fleurs sur la tombe du politicien Hans Janmaat à l’occasion de l’anniversaire de sa mort. Janmaat avait été condamné notamment en 1995 pour discrimination et incitation à la haine à l’égard des étrangers. L’an dernier, l’ancien élu de Vlaams Belang Dries Van Langenhove, lui-même condamné pour incitation à la haine et au racisme, a pris la parole lors du « Groot-Nederlands Jongerencongres », organisé par la GNSV en collaboration avec la Geuzenbond et la NSV, pendant le même milieu militant.
Perquisition à Erp (Brabant-Septentrional) et procédure judiciaire
La police a perquisitionné le domicile du suspect dans le village d’Erp, province du Brabant-Septentrional, où ont été découverts des armes prohibées et de la munition. Les autorités indiquent que l’interpellation fait suite à un signalement de l’Algemene Inlichtingen- en Veiligheidsdienst (AIVD), qui avait averti que l’homme était disposé à commettre un acte de violence terroriste et possédait des armes.
Le suspect a été présenté vendredi au juge d’instruction, qui a ordonné sa détention provisoire pour une période de quatorze jours. Les chefs de mise en examen précis ne sont pas détaillés dans le communiqué, au-delà de la mention de la préparation d’un acte terroriste et de la détention d’armes illégales.
Les enquêteurs poursuivent leurs investigations afin de déterminer l’étendue des liens du suspect avec des organisations radicales et d’identifier d’éventuelles complicités. Les éléments saisis lors de la perquisition seront examinés dans le cadre de l’instruction.
Cette affaire relance le débat autour de la présence d’organisations à l’extrême droite au sein des campus néerlandais et de la façon dont les universités doivent réagir face au radicalisme qui s’organise parfois via des associations étudiantes.
L’Université Radboud a expliqué l’an passé être « terughoudend » pour empêcher l’action d’organisations étudiantes tant qu’elles respectent le cadre légal. Selon l’établissement, la GNSV avait signé le règlement intérieur, qui stipule notamment que « discriminatie niet toegestaan » ; la présence de la GNSV sur le marché d’accueil avait donc été autorisée, tout en restant surveillée par des agents de sécurité. L’introduction des nouveaux étudiants à Nimègue doit reprendre dimanche prochain, et la GNSV avait vu sa demande d’emplacement validée par l’université. L’année universitaire prochaine, la GNSV ouvrira également une section à Utrecht.