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Après une audience marathon de près de trois mois, la justice du Morbihan a rendu son verdict dans l’affaire Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien viscéral jugé pour abus sexuels sur 299 victimes. La cour criminelle a condamné l’ex-professionnel à la peine maximale, soit 20 ans de réclusion, avec deux tiers de peine de sûreté, marquant une étape cruciale dans la justice pour les victimes.
Un procès d’une ampleur historique
Ce procès, débuté le 24 février, a mobilisé environ 60 avocats de parties civiles, témoins de la gravité des faits et de l’ampleur de l’affaire. Le chirurgien, aujourd’hui âgé de 74 ans, a reconnu l’ensemble des accusations, admettant 111 viols et 188 agressions sexuelles, principalement commis sur des mineurs entre 1989 et 2014. Lors de l’audience, il a également assumé la responsabilité morale pour la mort de deux victimes, l’une par overdose, l’autre par suicide.
Les victimes, souvent d’anciens patients, ont exprimé leur douleur et leur colère face à cette reconnaissance officielle des faits. Les avocats de la partie civile ont insisté sur l’horreur d’un tel chiffre et la gravité des actes, qualifiant le prévenu de « pire pédophile de masse » selon l’avocat général Stéphane Kellenberger.
Le verdict et ses implications
La cour a suivi la requête du parquet, qui réclamait la peine maximale, mais a décidé de ne pas prononcer de rétention de sûreté, une mesure exceptionnelle visant à prévenir la récidive chez les délinquants sexuels jugés particulièrement dangereux. La présidente de la cour a souligné que, malgré la gravité des faits, le risque de récidive ne justifiait pas cette mesure, notamment du fait de la volonté de réparation affichée par l’accusé et de son âge avancé.
Le juge a toutefois ordonné un suivi socio-judiciaire de quinze années et une interdiction définitive d’exercer sa profession. Pour certains avocats de victimes, cette décision reste une déception, considérant que cette peine ne reflète pas la gravité des faits ni le nombre de victimes.
Les réactions et perspectives
Manon Lemoine, victime de Joël Le Scouarnec, a exprimé son mécontentement quant à l’absence de rétention de sûreté, la jugeant comme une mesure essentielle pour la prévention, compte tenu de la dangerosité du prévenu. De son côté, l’avocat général a indiqué qu’il n’excluait pas la possibilité d’un futur procès pour d’autres victimes potentielles, la justice poursuivant ses investigations auprès de victimes non encore identifiées.
Ce procès, considéré comme un « procès fleuve », ne marque probablement pas la fin de l’affaire. La justice a annoncé l’ouverture de deux nouvelles enquêtes, laissant entrevoir d’autres procédures dans un futur proche, pour continuer à faire toute la lumière sur l’étendue des actes de Joël Le Scouarnec.
Ce verdict renforce le message que, malgré leur position, certains figures d’autorité ne sont pas intouchables, et que la justice peut enfin faire entendre la voix des victimes. La question de la prévention et de la protection des enfants demeure au cœur des débats, avec un appel à renforcer les mesures pour éviter de nouveaux drames.