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Le désenchantement des jeunes face au travail : un manque d’espoir

by Sara
France

La journaliste et professeure Suzy Welch affirme que le malaise des jeunes au travail tient moins à l’intensité des horaires qu’à une perte d’espoir : les nouvelles générations ne croient plus que le travail acharné sera récompensé, une thèse qui met en lumière le phénomène de burnout génération Z.

Burnout génération Z : Suzy Welch et le « manque d’espoir »

Suzy Welch, autrice d’affaires et professeure à New York University, a développé cette analyse lors de l’épisode du 24 juillet du podcast Masters of Scale animé par Jeff Berman. Ancienne éditrice en chef de Harvard Business Review, diplômée de la Harvard Business School et ancienne consultante chez Bain & Co., Welch explique que les jeunes affrontent des rythmes de travail comparables à ceux des générations précédentes, mais sans la conviction fondamentale qu’un effort soutenu conduira à une progression de carrière significative.

Son constat lui est apparu lors d’un échange avec une travailleuse indépendante de 25 ans, venue lui demander de publier davantage de contenus sur la fatigue professionnelle des jeunes : « They’re just so burnt out », lui a expliqué la jeune femme. Lorsque Welch a répondu qu’à son âge elle travaillait « seven days a week » et aimait son travail — et qu’elle en aurait fait davantage si elle avait pu — la réponse fut cinglante : « But you had hope. »

“And I did have hope. We all did have hope,” Welch told Masters of Scale host Jeff Berman. “We believed that if if you worked hard you were rewarded for it. And so this is the disconnect.”

La remarque de Welch résume le clivage générationnel mis en avant : pour de nombreux jeunes, la logique méritocratique selon laquelle l’effort se convertit en récompense ne fonctionne plus, ce qui alimente un sentiment d’injustice et d’épuisement.

Chiffres, coûts et réalité économique pour les jeunes

Les observations de Welch recoupent plusieurs études récentes documentant des niveaux inédits de stress professionnel chez les générations plus jeunes, avec des conséquences sur la présence au travail et la santé mentale. Un sondage Gallup de 2024 indique que seulement 31 % des salariés de moins de 35 ans déclarent « s’épanouir » et qu’environ 22 % se sentent seuls.

Jim Harter, scientifique en chef chez Gallup sur le bien‑être au travail, a déclaré : « When people become more distant physically, you become more mentally distant. That’s what’s happened with younger workers. »

Le phénomène touche particulièrement les millennials : environ 66 % d’entre eux signalent des niveaux modérés ou élevés de burnout, selon un rapport récent d’Aflac. Le document évoque « des environnements de travail plus exigeants que pour d’autres générations, caractérisés par une connectivité permanente, des attentes élevées de performance et un marché du travail concurrentiel ». Une part importante de ces travailleurs fait aussi partie de la « génération sandwich », assumant à la fois des responsabilités parentales et le soin de parents âgés ; plus de 60 % de ceux qui conjuguent ces rôles craignent l’épuisement, selon un rapport Principal Financial.

La conjonction de crises — changement climatique, instabilité politique, conséquences persistantes de la pandémie de COVID‑19, incertitudes économiques et conflits internationaux — alourdit le fardeau psychologique des jeunes. Des chercheurs de Harvard rapportent que près de 45 % des adultes de 18 à 25 ans estiment que leur santé mentale est affectée par un « sentiment général que les choses partent en lambeaux ».

Sur le plan économique, les obstacles structurels pèsent lourd. Welch souligne : « Gen Z thinks, ‘Yeah, I watched what happened to my parents’ career and I watched what happened to my older sister’s career and they worked very hard and they still got laid off.’ » Les dettes étudiantes constituent un fardeau significatif : la génération Z verse en moyenne 483,92 € par mois pour ses prêts, contre une moyenne générale d’environ 261,28 € par mois, selon Empower.

Les coûts du logement aggravent la pression : les prix ont augmenté de 121 % entre 1960 et 2017, alors que le revenu médian des ménages n’a progressé que de 29 %. Aujourd’hui, 87 % de la génération Z et 62 % des millennials ne peuvent pas se permettre d’acheter un logement.

Les difficultés d’insertion professionnelle sont immédiates après l’obtention du diplôme : environ 58 % des diplômés de l’année passée recherchent encore un emploi à temps plein, contre 25 % chez les générations précédentes ; seulement 12 % des jeunes de la génération Z décrochent un emploi à temps plein au moment de la sortie d’études, contre 40 % auparavant. Ceux qui trouvent un emploi gagnent en moyenne 62 928 € par an tout en portant une dette personnelle moyenne d’environ 86 480 €.

Le burnout a aussi un coût macroéconomique majeur : Gallup estime que l’épuisement professionnel coûte aux entreprises 296,24 milliards € par an en perte de productivité, et génère des coûts de santé compris entre 115 et 174,8 milliards €.

Les données et témoignages convergent vers une lecture commune : le malaise professionnel des jeunes combine facteurs psychologiques, économiques et sociaux. L’idée centrale mise en avant par Suzy Welch — que le déficit d’espoir, plus que la charge de travail elle‑même, alimente un burnout générationnel — propose un cadre explicatif pour comprendre pourquoi les approches traditionnelles de gestion du stress au travail peuvent être insuffisantes pour répondre aux attentes et aux peurs des nouvelles générations.

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source:https://fortune.com/2025/09/19/suzy-welch-gen-z-millennials-burnout-hope/

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