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Au moment de la pandémie de Covid‑19, les théories du complot, biais cognitifs, réseaux sociaux se sont trouvés réunis dans un cocktail propice à la désinformation : croyances erronées, limitations mentales et diffusion numérique à grande échelle ont favorisé la montée d’idées délirantes, comme la rumeur selon laquelle la 5G aurait provoqué le virus, qui s’est répandue massivement sur Facebook et X.
Pourquoi les théories du complot, biais cognitifs, réseaux sociaux forment une combinaison dangereuse
Selon un article de Live Science, ces théories «naissent d’interactions complexes impliquant les limitations cognitives des individus, l’influence sociale au sein des groupes et la diffusion mondiale des idées sur les réseaux sociaux». Cette formulation met l’accent sur trois composantes qui, combinées, produisent ce que les spécialistes qualifient de pensée dysfonctionnelle : des raisonnements biaisés ou déformés poussant à percevoir la réalité de manière erronée.
La pandémie a offert un terrain particulièrement fertile : l’incertitude, la peur et l’abondance d’informations ont favorisé des narratifs simples et saisissants. Un exemple frappant rapporté par les médias a été la propagation de la théorie liant la 5G au Covid‑19, accompagnée d’actes concrets : plus de 100 incendies criminels contre des infrastructures 5G ont été signalés, illustrant la capacité des rumeurs à provoquer des comportements violents.
Mécanismes cognitifs et comportements de groupe observés pendant la pandémie
Les «limitations cognitives des individus» tiennent à notre évolution : notre cerveau possède une capacité limitée à traiter des informations complexes, ce qui nous pousse à emprunter des raccourcis mentaux. En pratique, cela signifie que l’on a tendance à privilégier des croyances préexistantes et à ignorer les éléments qui contredisent notre vision du monde.
«Un autre symptôme de notre incapacité à gérer la complexité est notre tendance à voir une intention malveillante dans des événements complexes et inexpliqués»
Cette propension à attribuer une intention rend compte de phénomènes anciens, comme les chasses aux sorcières du XVIe siècle, et des formes modernes de complotisme à l’ère numérique. Les biais cognitifs — notamment le biais de confirmation, qui consiste à rechercher et valoriser les informations conformes à ses convictions — facilitent l’adhésion à des récits simples mais faux.
Par ailleurs, l’influence sociale joue un rôle décisif. Des comportements observés en psychologie sociale, tels que l’ignorance pluraliste — renoncer à poser une question par peur de paraître incompétent parce que personne d’autre ne le fait — ou l’effet spectateur, contribuent à la diffusion et au maintien des croyances erronées. Live Science illustre ce phénomène :
«Par exemple, des personnes habituellement serviables deviennent souvent des spectateurs passifs en présence d’autrui et négligent d’aider une victime»
À l’échelle des groupes, la préservation de l’image collective et la dynamique du leader peuvent pousser des individus à taire leurs doutes et à se conformer, renforçant ainsi la cohésion d’un narratif complotiste au détriment de la remise en question.
Rôle amplificateur des plateformes et difficultés pour y répondre
Les réseaux sociaux ont transformé la vitesse et l’ampleur de la diffusion des idées. Là où, jadis, une rumeur se transmettait lentement de bouche à oreille dans un village, aujourd’hui une opinion individuelle peut trouver un large écho en quelques heures et se structurer en communautés en ligne. La propagation des fausses informations est souvent comparée à une épidémie : des «super‑diffuseurs», comme certains influenceurs, jouent le rôle d’agents de transmission.
La vérité rencontre plusieurs handicaps face au mensonge : ce dernier est souvent conçu pour séduire, en exploitant des biais cognitifs connus. Comme le note le média, «Cette technique est largement utilisée dans les médias politiquement polarisés, les réseaux sociaux et la vérification des faits biaisée». En clair, les contenus simplistes et émotionnels ont plus de chances d’être vus, partagés et retenus que des explications nuancées et factuelles.
Pour freiner la désinformation, il faudrait, selon les spécialistes cités, s’attaquer à plusieurs niveaux : identifier et éliminer les sources de mensonge, limiter leur diffusion et renforcer l’esprit critique du public. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures se heurte à des enjeux techniques, juridiques et culturels, rendant la tâche extrêmement délicate.
Constats et portée historique
Les chercheurs soulignent que ces phénomènes ne sont pas entièrement nouveaux : la pensée dysfonctionnelle et la transmission d’idées fausses ont toujours existé. Ce qui a changé, c’est l’échelle et la vitesse de propagation. Les réseaux sociaux ont catapulté des croyances marginales dans des sphères beaucoup plus larges, transformant des rumeurs locales en mouvements globaux capables de générer des actes concrets.
Comprendre les mécanismes — cognitifs, sociaux et médiatiques — qui favorisent les théories du complot est une étape nécessaire pour concevoir des réponses efficaces. Mais comme le relève l’analyse, la tâche est complexe : «La vérité ne peut tout simplement pas rivaliser avec le mensonge». Renforcer l’éducation aux médias et les compétences de pensée critique apparaît comme une des pistes pour réduire la vulnérabilité collective face à la désinformation.