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À la frontière entre l’Iran et l’Afghanistan, la fratrie Shademani fait face à un avenir incertain après avoir été expulsée dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Sous un soleil ardent, ils tiennent fermement leurs valises, symboles d’une existence rayée d’un trait par leur retour forcé.
Retour forcé en Afghanistan
Hajjar Shademani, âgée de 19 ans, se souvient de l’odieux raid policier à leur domicile de Chiraz, qui a révélé l’absence d’acceptation de leur part en Iran. « Nous n’avons jamais été acceptés », déclare-t-elle. Avec leur retour, elle est consciente d’avoir perdu un droit fondamental : celui d’accéder à l’éducation, alors que l’Afghanistan interdit aux filles d’étudier au-delà de 12 ans.
Elle exprime son désir d’étudier, mais craint que cela ne soit plus possible dans son pays d’origine. « J’adore étudier », confie-t-elle en anglais, la voix empreinte de détermination.
Une tendance inquiétante
Les migrants afghans traversent de plus en plus souvent le poste-frontière d’Islam Qala. Cette fois, ce ne sont pas seulement des jeunes hommes qui cherchent un travail en Iran, mais aussi des familles entières. L’ONU a observé une augmentation préoccupante du nombre de familles expulsées par Téhéran. En mai, deux fois plus de familles afghanes ont été renvoyées que le mois précédent.
Entre le 21 et le 28 juin, 131.912 Afghans sont rentrés, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), portant le total des retours à 691.049 pour l’année, dont 70 % forcés. Les expulsions se poursuivent alors que l’Iran fixe une date butoir pour le départ de « quatre millions d’Afghans illégaux ».
Des histoires de désespoir
Yadullah Alizada, âgé de 37 ans, raconte son expérience traumatisante. Arrêté et détenu, il revient en Afghanistan sans rien, à l’exception de ses vêtements et d’un téléphone cassé. « Mes trois enfants sont là-bas, ils sont malades et ne savent pas comment venir ici », déplore-t-il, résolu à rester sur des cartons à Islam Qala jusqu’à ce qu’il puisse les rejoindre.
Aucun espoir d’avenir
Alors que la pauvreté et le chômage augmentent en Afghanistan, la situation devient de plus en plus désespérée. Bahara Rashidi, 19 ans, qui a perdu son père et a fui en Iran avec ses huit sœurs, se rend compte qu’il n’y a personne pour subvenir à leurs besoins. « Nous n’avons ni maison ni argent, nous n’avons rien du tout », dit-elle, soulignant la précarité de leur situation.
La communauté internationale face à la crise
Avec plus d’un million d’Afghans rentrés depuis le début de l’année, les agences humanitaires sont débordées. Elles craignent que jusqu’à six millions d’Afghans soient forcés de quitter l’Iran et le Pakistan. À Hérat, les efforts de l’OIM pour fournir nourriture et hébergement aux plus vulnérables ne suffisent pas.