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À Soweto, un township emblématique de l’Afrique du Sud, une ancienne mine d’or, surnommée la « montagne jaune » par les habitants, continue de provoquer des effets dévastateurs sur la santé des riverains. Les résidents dénoncent depuis plusieurs années la présence de résidus miniers hautement toxiques, héritage de la ruée vers l’or qui a façonné Johannesburg à la fin du XIXe siècle.
Une menace toxique subsistante et ses impacts sur la population locale
Le site abandonné, situé au pied de la montagne, est source de poussières corrosives à l’odeur âcre qui contaminent l’air et l’eau. Des analyses révèlent la présence de substances extrêmement nocives telles que l’arsenic, le plomb, l’uranium ou le strontium, dont certains radionucléides radioactifs. La poussière provient des résidus miniers accumulés au fil des décennies, contaminant également la rivière rougeâtre qui traverse la secteur.
Les effets de cette pollution chronique sont alarmants. Le Snake Park Cerebral Palsy Forum a recensé plus de 15 enfants atteints de paralysie cérébrale, maladies qu’ils attribuent directement à l’exposition à ces nuisances toxiques. Parmi eux, Okuhle, jeune fille de 13 ans abandonnée étant bébé, ne peut ni marcher ni parler, et souffre d’asthme, de problèmes oculaires et sinusaux. Sa mère adoptive, Lilly Stebbe, témoigne : « La mine est la cause de tous ses maux. »
Les risques sanitaires amplifiés par la contamination environnementale
Selon David van Wyk, chercheur à la Bench Marks Foundation, la poussière et l’eau polluées pourraient provoquer l’apparition de cancers, alterner l’ADN et engendrer des malformations congénitales. La situation est d’autant plus critique que plus de 6 000 mines abandonnées défigurent le territoire sud-africain, dont 2 322 à haut risque sanitaire pour les populations locales. Environ 15 à 20 millions de personnes vivent à proximité de ces sites contaminés, notamment dans le secteur de Snake Park où plus de 50 000 habitants résident.
Les tests effectués par des chercheurs de l’Université de Johannesburg ont révélé des concentrations élevées de toxines dans l’eau du site. Un exemple : un échantillon relevé avec un taux de 776 mg par litre, un chiffre bien supérieur aux seuils de sécurité. Ce cours d’eau, utilisé par les familles pour irriguer leurs terres agricoles et abreuver le bétail, pourrait, paradoxalement, devenir un vecteur supplémentaire de contamination, comme l’attestent la naissance de chèvres avec trois pattes et les malformations des animaux selon les habitants.
Les enjeux de la réhabilitation et les responsabilités de l’industrie minière
La société Pan African Resources, qui a racheté la mine en 2022, promet de retirer le site de résidus dans une dizaine d’années. Sonwabo Modimoeng, porte-parole de l’entreprise, reconnaît l’impact de ses activités : « Nous savons que cela affecte la santé des populations. » Cependant, les mesures de prévention restent insuffisantes, dénoncent associations et riverains.
Les habitants déplorent un manque de soutien et d’action de la part du gouvernement, qu’ils tiennent responsable de leur inaction face à cette situation. Baile Bantseke, grand-mère d’un enfant autiste, dénonce la difficulté d’accéder aux soins et la responsabilité supposée de la mine. La communauté réclame davantage d’interventions concrètes, notamment pour améliorer leur accès à la santé et leur qualité de vie.
Une sensibilisation et un engagement locaux face à une crise environnementale persistante
Les familles se mobilisent malgré les conditions difficiles, organisant régulièrement des réunions pour soutenir les enfants affectés. Kefilwe Sebogodi, fondatrice du centre communautaire, insiste : « Nous sommes toujours debout, car nos enfants comptent. » Mais l’urgence demeure : sans intervention efficace pour dépolluer le site, la menace pour la santé publique perdurera, impactant plusieurs générations.