Home ActualitéSoudan : crise humanitaire massive, millions privés d’aide

Soudan : crise humanitaire massive, millions privés d’aide

by Sara

Le Programme alimentaire mondial (PAM) alerte sur une crise humanitaire d’ampleur au Soudan : des millions de personnes affamées se voient privées d’accès à des vivres essentiels alors que les combats se poursuivent dans ce pays déchiré par la guerre. Selon l’organisation, les besoins dépassent largement ce qui peut aujourd’hui être fourni.

Une aide insuffisante face à des besoins colossaux

Carl Skau, directeur exécutif adjoint du PAM, a déclaré à Al Jazeera que l’organisation assistait environ cinq millions de personnes à l’échelle nationale, dont deux millions dans des zones difficiles d’accès. Il a toutefois souligné que cet effort restait largement insuffisant au regard de la situation.

  • 20 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë.
  • Environ 6 millions en situation de famine imminente ou déjà en état de famine.
  • Mesures employées : parachutages, transferts d’argent numérique, convois positionnés à l’extérieur des zones assiégées.

« Les besoins sont massifs… Ce que nous pouvons faire, même s’il est important, n’est pas suffisant », a affirmé Skau.

Zones inaccessibles et tentatives d’acheminement de l’aide

Le PAM affirme avoir tenté toutes les voies possibles pour atteindre les populations en besoin, mais l’accès reste impossible dans plusieurs secteurs en proie à la violence. Parmi les zones touchées figurent el-Fasher, la capitale du Nord-Darfour, et la ville de Babnusa au Kordofan occidental.

el-Fasher était sous siège depuis 18 mois avant sa chute aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) en octobre (https://www.aljazeera.com/news/2025/11/19/sudans-el-fasher-a-crime-scene-after-rsf-takeover-un-aid-chief). Le statut de Babnusa est contesté : les RSF l’affirment sous leur contrôle, mais l’armée soudanaise (SAF) dément ces allégations (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/2/sudan-army-refutes-claim-that-rsf-has-seized-key-city-of-babnusa).

Mise en garde sur la région du Kordofan

Skau a appelé la communauté internationale à focaliser son attention sur la région du Kordofan, où les affrontements entre la SAF et la RSF se sont intensifiés depuis plusieurs semaines. Le danger de nouvelles atrocités de masse y est particulièrement élevé.

Cette alerte rejoint celle du chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, qui a prévenu que le Kordofan pourrait connaître une vague d’atrocités comparable à celles documentées à el-Fasher (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/4/un-warns-sudans-kordofan-faces-mass-atrocities-as-fighting-spreads).

Avant la chute d’el-Fasher, l’ONU avait émis des mises en garde restées largement sans effet ; après la prise de la ville, des tueries massives ont été rapportées, jusqu’à des images satellites montrant des corps, ce que le secrétaire général de l’ONU a qualifié de « scène de crime » (https://www.aljazeera.com/news/2025/11/19/sudans-el-fasher-a-crime-scene-after-rsf-takeover-un-aid-chief).

Violences ciblées et bilan humain

Les violences continuent de provoquer un lourd tribut civil. Dans la localité de Kalogi, au Sud-Kordofan, des responsables locaux ont indiqué qu’au moins 116 personnes ont été tuées lors d’une attaque attribuée aux RSF contre une école maternelle et d’autres sites, dont 46 enfants (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/5/rsf-kills-dozens-mostly-children-in-war-torn-sudans-kalogi-saf-sources).

Le ministère soudanais des Affaires étrangères a qualifié l’attaque de « massacre » et affirme que la maternelle a été visée directement par des missiles lancés depuis un drone, puis bombardée à nouveau pendant que les habitants tentaient de secourir les blessés.

  • Des hôpitaux et infrastructures médicales visés, dissuadant certaines familles de chercher des soins.
  • Signalements d’interceptions de drones et de coupures d’électricité suite au bombardement d’une centrale électrique à al-Damazin.

Violences sexuelles et déplacement de populations

Des organisations médicales et humanitaires rapportent des cas de violences sexuelles commises contre des femmes déplacées. Le Sudan Doctors Network a documenté 19 cas de viol collectif dans le camp d’al-Afad, à al-Dabbah, impliquant des femmes fuyant el-Fasher.

Parmi les survivantes, deux femmes seraient enceintes et reçoivent des soins spéciaux sous la supervision d’équipes médicales locales. Le réseau médical a dénoncé ces actes comme des violations du droit international et appelé la communauté internationale à réagir, estimant que le silence favorise la répétition de ces crimes.

Critiques et réponses politiques

Au Forum de Doha, le ministre soudanais de la Justice, Abdullah Dirife, a critiqué la prestation des agences onusiennes et demandé de concentrer les efforts sur la réduction du soutien extérieur aux RSF, en pointant du doigt les Émirats arabes unis.

Dirife a affirmé que le gouvernement soudanais avait « tout fait » pour faciliter l’aide humanitaire, en ouvrant des points de passage et en délivrant plus de 12 000 visas à des travailleurs humanitaires. Il a cependant jugé l’action des agences internationales « honteuse » et « embarrassante ».

De son côté, Rosemary DiCarlo, sous-secrétaire générale des Nations unies pour les affaires politiques et le maintien de la paix, a souligné que l’ONU avait placé la protection des civils au cœur de ses efforts, tout en reconnaissant la difficulté d’obtenir des parties au conflit qu’elles épargnent la population civile.

Par ailleurs, les RSF ont accusé la SAF d’avoir bombardé le poste-frontière d’Adré, point de passage vital pour l’acheminement de l’aide depuis le Tchad, ce qui, selon les RSF, viserait à entraver les secours (https://www.aljazeera.com/news/2025/12/6/rsf-alleges-saf-forces-struck-crucial-border-crossing-near-chad).

Impact humanitaire et déplacements

La violence a provoqué un exode massif et une crise humanitaire généralisée. L’ONU estime que neuf millions de personnes ont été déplacées et que plus de 30 millions ont besoin d’assistance.

  • Des conditions de famine ont déjà été confirmées dans certaines zones du Darfour et du Kordofan (https://www.aljazeera.com/news/2025/11/3/thousands-more-flee-as-sudan-conflict-grinds-eastwards).
  • Les routes humanitaires restent fragmentées, et de nombreuses populations restent coupées des secours essentiels.

La communauté internationale est appelée à intensifier ses efforts diplomatiques et humanitaires pour éviter l’aggravation d’une crise qui touche désormais des millions de personnes au Soudan.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/7/wfp-warns-of-massive-humanitarian-aid-crisis-in-sudan-as-war-rages

You may also like

Leave a Comment