Table of Contents
À mesure qu’Israël s’emploie à détruire la Palestine, la reconnaissance internationale de cette cause ne cesse de croître, transformant ainsi ce conflit en une question mondiale majeure. C’est dans cette tragédie incessante qu’émerge une lueur d’espoir, aussi tardive soit-elle, incarnant la voix de la conscience qui défend les principes d’humanité, de justice et d’égalité.
Le journaliste et intellectuel de gauche Édouard Blinel a récemment publié un long article sur MédiaPart, mettant en lumière ce réveil massif de la conscience mondiale. Malgré son retard flagrant, cette prise de conscience est saluée car elle rompt avec l’indifférence prolongée des États face au sort de la Palestine et, plus largement, à l’affaiblissement alarmant du droit international.
Un nouveau souffle porté par la société civile
Le mouvement initié par le nouveau « Flottille de la liberté » parti du port de Catane en Sicile vers Gaza dimanche dernier illustre bien ce réveil. À son bord, des personnalités engagées dans la cause palestinienne, telles que Rima Hassan, députée européenne du parti France Insoumise, ainsi que des figures internationales comme la militante écologiste Greta Thunberg et l’acteur irlandais Liam Cunningham. Ce convoi humanitaire fait suite à une attaque contre une flottille similaire, ciblée par des drones israéliens en pleine mer internationale le mois dernier.
Cette dynamique traduit la montée en puissance d’une « intifada » de la société civile, principalement menée par les jeunes pour qui la Palestine est devenue une cause emblématique, à l’image des guerres d’Algérie et du Vietnam pour les générations précédentes. Ce mouvement manifeste leur frustration face à l’inaction, à la lâcheté et à la complicité des États dans la guerre israélienne contre Gaza.
- Des supporters du Paris Saint-Germain ont exprimé leur solidarité lors de la finale de la Ligue des Champions en brandissant des banderoles « Arrêtez le génocide de Gaza » et « Nous sommes tous Gaza »
- Plus de 300 écrivains francophones, dont plusieurs lauréats du prix Goncourt et deux prix Nobel de littérature, ont signé une tribune dans Libération dénonçant « le génocide à Gaza »
- Plus de 350 professionnels du cinéma se sont mobilisés à Cannes pour commémorer la journaliste palestinienne Fatima Hassouna tuée à Gaza et appeler à la fin du silence face à ce massacre
Des voix individuelles majeures s’élèvent
Parallèlement à ces mobilisations collectives, des voix singulières se font entendre. L’écrivain Jean Hatzfeld, auteur d’une étude de référence sur le génocide des Tutsis au Rwanda, affirmant avoir constaté « des prémices de génocide » à Gaza, ou encore l’historien israélien Ilan Pappe qui dénonce « les auteurs du génocide au sein du gouvernement israélien ».
Le témoignage récent de Jean-Pierre Filiu, historien et écrivain, qui vient de publier son roman « Un historien à Gaza » à l’issue de son séjour de 32 jours dans la bande, rappelle que le combat ne concerne pas seulement la Palestine mais aussi la survie du droit international lui-même.
Un réveil tardif face à l’impunité
Cette prise de conscience intervient seize mois après que la Cour internationale de justice des Nations unies ait ordonné, le 26 janvier 2024, à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher tout acte contre les Palestiniens de Gaza relevant du « crime de génocide ». En défi à cette décision, les autorités israéliennes ont intensifié leur campagne de nettoyage ethnique dans la bande et leur colonisation excessive en Cisjordanie.
Malgré une instruction en cours et un mandat d’arrêt international délivré contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ce dernier continue d’être accueilli officiellement en Europe et aux États-Unis.
En parallèle, le président français Emmanuel Macron a qualifié la reconnaissance de la Palestine d’« impératif politique et éthique », sans pour autant engager de mesures concrètes. L’Union européenne n’a pas suspendu son accord de partenariat avec Israël, malgré les pressions d’États comme l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, ayant reconnu la Palestine comme État souverain.
Perspectives et appels à la mobilisation
La chercheuse Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient à Sciences Po Paris, souligne que « l’idée même d’une humanité partagée est détruite par la vengeance débridée de l’État d’Israël sur les habitants de Gaza » en réponse à l’attaque du Hamas. L’écrivaine indienne Arundhati Roy affirme pour sa part que « tout l’argent, la puissance, les armes et la propagande mondiales ne peuvent plus cacher la blessure de la Palestine, une blessure qui saigne pour le monde entier, y compris Israël ».
L’Histoire, rappelle l’auteur, ne commence pas le 7 octobre 2023 ni avec les attentats du 11 septembre 2001. Israël a construit une machine de propagande impressionnante pour étouffer toute réflexion sur le cycle colonial d’oppression, d’exil et d’humiliation qui a conduit à l’attaque du Hamas.
Au-delà du rejet de l’impunité, ces voix appellent à rejeter le silence complice et à raviver l’espoir par des mobilisations citoyennes. Malgré leur incapacité à stopper immédiatement le génocide en cours, ces initiatives préparent le terrain à un renouveau possible après cette tragédie.
« Notre droit à la légitime défense contre le génocide ne nous donne pas le droit d’opprimer les autres. »
Ce message, porté déjà en 1967 par douze citoyens israéliens dans un appel publié dans le journal Haaretz, est revenu en écho lors d’une mobilisation mondiale le 28 décembre 2023, appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Il prône la fin de l’occupation qui alimente un cycle sans fin de domination, résistance, répression et terrorisme, conduisant à une tragédie humaine dévastatrice.