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Le football libyen traverse une crise majeure à la suite des récents événements politiques et sécuritaires qui ont secoué la capitale Tripoli. Les affrontements armés déclenchés après l’assassinat du commandant du dispositif de soutien à la stabilité, Abd el-Ghani al-Kakli, ont profondément affecté la tenue des compétitions locales.
La tension sécuritaire persistante a conduit à la suspension des compétitions dans la région de Tripoli et ses environs. Le week-end dernier, la Fédération libyenne de football a annoncé l’arrêt de toutes les rencontres dans cette zone, rendant impossible l’organisation des matchs en raison de l’instabilité.
Cependant, les clubs de la région orientale, notamment ceux de Benghazi et des villes proches, poursuivent leurs compétitions. En revanche, la phase finale du championnat dans la zone occidentale, qui regroupe six équipes issues de Tripoli, Misrata et Zawiya, a été interrompue jusqu’à nouvel ordre.
Un avenir incertain et de multiples hypothèses
Au cours de la semaine passée, à la suite de la reprise des affrontements armés à Tripoli, la commission des compétitions de la Fédération libyenne a confirmé la suspension de la phase finale du championnat professionnel dans la zone occidentale. Aucune date officielle n’a encore été fixée pour la reprise, en attendant la stabilisation de la situation.
Dans un communiqué officiel, la commission a déclaré : « La commission d’organisation annonce la suspension de toutes les compétitions sportives sous sa responsabilité dans la zone ouest jusqu’à nouvel ordre. »
Des sources non officielles rapportent que la Fédération et le Ministère des Sports étudient des solutions pour surmonter cette interruption, envisageant même une reprise des matchs à l’étranger. L’objectif est d’assurer une participation réussie des clubs libyens aux compétitions africaines.
La Fédération a ainsi précisé dans un communiqué : « Les matchs de la phase finale reprendront dès que certaines procédures organisationnelles seront mises en place, afin de garantir une participation efficace de nos clubs aux compétitions africaines la saison prochaine. »
Elle a également lancé un appel aux joueurs étrangers, entraîneurs et médias, locaux et internationaux, à s’impliquer dans cette phase cruciale. L’étape finale pourrait se dérouler hors de Libye, dans un pays dont le nom sera annoncé prochainement, dans le but de promouvoir un championnat professionnel de haute qualité, valorisant sa réputation régionale et internationale.
Cette annonce fait suite au départ de la majorité des entraîneurs et joueurs étrangers de Tripoli, inquiets face à la situation sécuritaire instable.
Malgré des rumeurs évoquant la reprise des matches aller de la phase finale le dimanche 25 mai, aucune confirmation officielle n’a été apportée par la Fédération concernant la reprise du championnat dans la zone ouest.
Les inquiétudes des clubs et entraîneurs
Fathi Jebal, entraîneur du club Al-Sweihli, qui occupe la deuxième place du groupe ouest, a souligné : « Ni les clubs, ni les entraîneurs et joueurs du groupe n’ont reçu de décision officielle à propos de la reprise des matchs pour le moment. »
Il a mis en garde contre les effets négatifs de cette suspension sur la préparation des équipes et leurs chances de remporter le titre ou de se qualifier pour les compétitions africaines.
Jebal a déclaré à Al Jazeera : « Nous attendons une décision officielle pour poursuivre la phase finale avant d’entamer la dernière étape en poule unique. La situation actuelle ne profite à personne. Nous espérons que la région retrouvera la paix pour continuer la compétition. Les clubs aspirent à devenir champions ou à participer aux compétitions africaines la saison prochaine. »
Le technicien tunisien craint que les crises sécuritaires et politiques ne pénalisent durement les clubs et sélections libyens dans leurs prochaines compétitions régionales et continentales.
Le championnat libyen professionnel a terminé la phase aller des deux groupes par des matchs en aller-retour, chaque groupe comptant six équipes. Les trois meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour la phase finale qui désigne le champion. Le dauphin se qualifie pour la Ligue des champions africaine.
Conséquences sur les clubs et la sélection nationale
Murad Dakheel, journaliste sportif libyen, estime que les récents développements confirment que le football libyen n’est pas à l’abri des répercussions politiques et sécuritaires. Il reste cependant l’un des secteurs les plus fragiles, en raison de la complexité des acteurs impliqués.
Il a indiqué à Al Jazeera : « Ce qui est remarquable dans le milieu footballistique libyen — clubs, joueurs et supporters — c’est leur attachement constant à leur droit de continuer les compétitions malgré les difficultés. Le retour progressif et organisé aux entraînements est un signe positif que le secteur refuse de renoncer. »
Dakheel juge encourageantes les perspectives actuelles, rappelant que les équipes de la zone orientale reprendront les matchs aller de la phase retour dès jeudi. Quant à la zone occidentale, les entraînements se poursuivent en attendant la décision officielle pour la reprise des rencontres, attendue la semaine prochaine.
Concernant la possibilité de jouer à l’étranger, il note que cette option, bien qu’organisée pour éviter l’annulation ou des événements imprévisibles, présente des risques :
- La séparation du football de son environnement naturel et de son public local.
- Le poids financier accru pour l’État et la communauté sportive nationale.
Si la saison parvient à son terme, le football libyen aura surmonté cette crise soudaine et amorcé une nouvelle phase de stabilité, loin des inquiétudes sécuritaires. Cette stabilité est cruciale alors que la sélection nationale prépare la Coupe arabe des nations (Qatar 2025), souligne le journaliste.
À noter que la Fédération libyenne a organisé les phases finales des saisons 2021-2022 et 2022-2023 dans trois stades tunisiens. L’année dernière, ces matchs se sont déroulés dans trois villes italiennes : Empoli, Pise et Florence.
Sur le plan continental, les clubs libyens ont été éliminés dès les tours préliminaires en Ligue des champions et Coupe de la Confédération pour la saison en cours, tandis que la sélection nationale n’a pas réussi à se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025.