Redécouvrir le sport à travers la pratique et l’expérience personnelle

sport, expérience, pratique, dilettante, kayak, immersion : retour sur le Léman

Cette chronique est née sur le Léman, à bord d’un kayak que je me suis finalement décidé à acheter après une initiation à l’école primaire il y a plus de 40 ans. Il faut parfois savoir ne pas renoncer à ses rêves d’enfant. Pour un minimaliste comme moi, qui déteste par avance tout ce qui est lourd, encombrant ou fastidieux — les séances, la déclaration d’impôts, travailler à la télévision, les valises — le volumineux de l’engin et ce qu’il impliquait était rédhibitoire.

La découverte décisive est venue avec les modèles gonflables. On fabrique aujourd’hui des kayaks gonflables de très bonne qualité, faciles d’utilisation et qui se rangent dans le hayon d’une voiture normale. Voilà comment je me suis retrouvé sur le lac, tenant enfin entre les mains quelque chose que j’avais imaginé pendant des décennies sans l’avoir pratiqué.

Très vite, des éléments que l’on m’avait expliqués de façon théorique lors de reportages ou d’interviews se sont éclairés. L’eau qui change de couleur au gré des courants, la surface plus ou moins gercée par les vagues et les vents, ce qu’il faut attendre de la météo à venir selon que le Jet d’eau au loin est gonflé comme un spi, refermé comme un parapluie ou torsadé comme une clé de sol : autant de détails qui prennent sens quand on les ressent.

Ce que l’expérience apporte à la compréhension sportive

En sport, rien ne vaut d’avoir vécu, essayé soi‑même pour ressentir ce qu’éprouvent, ou disent, les champions. Il y a un socle commun qui certes n’ouvre pas toutes les portes de la connaissance mais qui donne des clés pour saisir les grands principes. Et parfois prendre conscience par le peu que l’on sait que l’on ne sait rien.

Ce socle commun tient autant de la perception que de la pratique : sentir la poussée de l’aviron, jauger l’équilibre, anticiper un changement de vent. L’immersion physique transforme des notions abstraites en sensations concrètes. Pour un dilettante, l’expérience personnelle n’est pas une fin en soi mais un moyen d’accéder à des compréhensions autrement inaccessibles.

Le passage de l’observation à l’action révèle aussi des contradictions personnelles. J’ai longtemps repoussé l’idée d’un kayak parce que, pour moi, tout ce qui est volumineux ou contraignant est une source de friction. Le modèle gonflable a fait sauter cette contrainte matérielle et permis que l’envie d’enfant devienne pratique.

Ressentir les éléments et décrypter les signes

Sur le lac, chaque détail compte. La couleur de l’eau indique les courants, la texture de la surface renseigne sur le vent, et la façon dont le Jet d’eau se comporte fournit un indice météorologique immédiat. Ces signes, d’abord observés de loin, prennent un sens nouveau dès qu’on les éprouve en situation.

L’expérience transforme des savoirs parfois laborieux en intuitions utiles. Elle permet de relier ce que l’on sait théoriquement à ce que le corps perçoit, et d’ajuster ses gestes en conséquence. C’est cette articulation entre connaissance et sensation que j’essaie de restituer quand je raconte le sport par la pratique.

Quelques remarques finales sur la pratique personnelle

Redécouvrir une pratique après des décennies confirme que le rapport au sport peut rester modeste et riche à la fois. On peut être dilettante et sérieux dans l’expérience ; l’un n’exclut pas l’autre. L’essentiel reste la capacité à se mettre en situation d’apprentissage, à accepter les erreurs et à se laisser surprendre par ce que le corps révèle.

Mon aller‑retour sur le Léman ne prétend pas épuiser le sujet, mais il illustre un principe simple : l’immersion, même brève, éclaire des réalités qui restent opaques derrière les mots. C’est pourquoi, plus que des explications, j’essaie de rapporter ce que l’on ressent quand on pratique — et d’éprouver ce que l’on croyait savoir.