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Stacii Samidin, photographe de 37 ans, est le benjamin d’une fratrie de trente cousins. Issus de familles vivant dans trois immeubles du quartier Oosterflank à Rotterdam, ils formaient une communauté soudée. Ce groupe de jeunes hommes d’origines moluques, indonésiennes et surinamaises s’épaulaient mutuellement, se protégeant d’un monde extérieur perçu comme froid et peu fiable. On pourrait les assimiler à un gang, bien que Stacii ne connaissait pas ce terme à l’époque, il en ressentait néanmoins l’essence.
Un regard intime sur la vie de quartier

Stacii était bon élève au lycée de son quartier, mais il se sentait exclu et discriminé. Tandis que ses camarades avaient des petits emplois, ses tatouages et ses dents en or lui barraient la route. Plusieurs de ses cousins avaient des liens avec la criminalité, mais lui, non. Cependant, il se retrouvait souvent au poste de police après des bagarres, répondant par la violence aux regards dédaigneux.
À 18 ans, il découvre pour la première fois le centre-ville de Rotterdam en participant à un projet destiné à offrir des opportunités aux jeunes en difficulté. C’était en 2009, l’année où Rotterdam était Capitale européenne de la jeunesse. Parmi les encadrants, le photographe Kees Spruijt repère le jeune homme et son regard incisif.
Le début d’une carrière photographique prometteuse

Avec un simple appareil compact, Stacii réalisait des images brutes de la vie dans la rue. Sa proximité avec ses sujets, qu’il connaissait intimement, lui permettait de capter l’essence de ces vies marginalisées. Impressionné, Spruijt l’introduit dans le milieu photographique, lui prodigue conseils et opportunités, le prenant au sérieux.
Encouragé, Stacii intègre la Willem de Kooning Academie à Rotterdam pour étudier la photographie. Il s’épanouit pleinement, se spécialisant dans le portrait de groupes marginalisés, de bandes, de familles souvent reléguées aux marges de la société, ou uniquement représentées à travers des clichés.
Une exploration internationale des marginalités
Son travail, regroupé sous le nom *Societies*, l’a conduit bien au-delà des Pays-Bas. Il a photographié des scènes de vie à Los Angeles, Nairobi, en France, Baltimore, New York, en Albanie, à Aceh, au Cap-Vert et au Suriname. Partout, il s’attache à révéler la richesse et la complexité des communautés invisibles.







Un photographe ancré dans son quartier
Aujourd’hui, Stacii Samidin est un photographe reconnu basé dans son studio de Rotterdam-Nord. Son espace de travail, où tapis et encens créent une atmosphère chaleureuse, est orné de ses propres œuvres, témoignant de son parcours et de son regard unique sur les invisibles de la rue.
