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Qu’adviendra-t-il lorsque la neige, qui a permis le développement économique des 250 stations de ski françaises, sera menacée par le changement climatique ? Dans les Alpes, plusieurs stations de moyenne montagne ouvrent une nouvelle voie en misant sur un modèle associatif et citoyen pour faire revivre des domaines en perte de vitesse.
En Chartreuse, quatre stations dont celle de Saint-Hilaire-du-Touvet sont désormais gérées en mode associatif, et recherchent un nouvel équilibre.
Les défis du changement climatique
Depuis quelques années, les rapports scientifiques alarmistes sur les conséquences du changement climatique se succèdent. D’ici à 2050, et « quel que soit le scénario de concentrations en gaz à effet de serre », le volume d’enneigement pourrait en effet chuter de 10 à 40 % en basse et moyenne montagne, selon les projections de Météo France. Sans compter que la durée de l’enneigement « se réduira d’environ un mois par degré de réchauffement », rappelle l’étude ClimSnow.
Selon le rapport de la Cour des comptes, publié en février, « tous les domaines skiables français seront touchés », de près ou de loin, par les conséquences du changement climatique d’ici aux vingt-cinq prochaines années.
Adaptation et résilience
Dans les Alpes, cette tendance s’illustre déjà sur plusieurs aspects : même si le nord du massif représente toujours le principal berceau du ski hexagonal, les exemples de domaines qui ferment touchent désormais de plein fouet le territoire. Pierre-Alexandre Metral, chercheur de l’université Grenoble-Alpes, souligne que les domaines en péril ne sont plus uniquement de petits centres de ski sans activités annexes. Le changement climatique est un facteur, mais il est également influencé par une concurrence accrue, la disparition des classes de neige et l’obsolescence des remontées mécaniques.
Un modèle innovant en Chartreuse
De l’autre côté de la vallée, d’autres ont adopté un chemin de traverse avec un nouveau mode de gestion associatif au rythme de la nature, le plus souvent sans canons à neige. Sur les traces de l’association Ski Saint-Hugues-les-Égaux, qui gère le domaine nordique et skiable alpin avec la contribution de bénévoles, le massif de la Chartreuse dénombre désormais plusieurs initiatives similaires.
La station familiale du Granier, par exemple, a rouvert ses portes après être passée aux mains de l’association Les Skieurs du Granier. Avec près de 130 bénévoles exploitant ses quatre pistes, elle a généré 60.000 euros de chiffre d’affaires lors de sa première année.
Agilité et accessibilité
La station iséroise de Saint-Hilaire-du-Touvet, reprise par l’association Ag’hil, a également mis en place un modèle de gestion agile. Après des pluies torrentielles ayant endommagé des infrastructures, près de 150 bénévoles se sont unis pour exploiter les pistes. Ils s’efforcent de réduire les coûts tout en restant flexibles face aux conditions d’enneigement.
Vers un travail collectif
La communauté de communes Cœur de Chartreuse accompagne cette transition en attribuant des délégations de service public à des acteurs associatifs. Emmanuel Heyrman, responsable du service tourisme, souligne l’importance de construire de nouvelles offres d’activités qui ne dépendent pas uniquement de la neige, comme les raquettes, le trail sur neige ou la randonnée.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte où les stations de moyenne montagne doivent faire face à un déficit d’enneigement croissant, tout en continuant d’attirer les touristes.