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La suspension de la Fiesta du Mouton au Maroc a provoqué un choc important sur le marché ovine de la province de Cordoue, en Espagne. Cette décision, annoncée récemment par le roi Mohamed VI, a laissé des milliers d’agneaux invendus, bouleversant l’équilibre économique des éleveurs locaux et faisant chuter les prix de l’agneau.
Un impact majeur sur le secteur du mouton à viande à Cordoue
Au-delà des droits de douane de 20 % imposés récemment par l’administration américaine, la suspension de la Fiesta du Mouton au Maroc s’ajoute aux difficultés rencontrées par l’industrie agroalimentaire de Cordoue. Cette fête religieuse, très attendue chaque année par le Royaume chérifien, est une occasion majeure d’achat d’agneaux, notamment en provenance d’Espagne.
En raison de l’annulation de cette célébration estivale, de nombreux éleveurs se retrouvent avec des commandes non honorées. Cette surabondance d’agneaux sur le marché local a entraîné une chute sensible des prix, dont l’évolution reste incertaine.
Statistiques et poids économique du secteur ovins à Cordoue
Selon les données officielles publiées par la Consejería de Agricultura, Pesca, Agua y Desarrollo Rural, la province de Cordoue comptait fin 2024 un cheptel de 127 274 ovins de viande. Cela place Cordoue en tête de l’Andalousie, avec près de 32 % du total régional des têtes de bétail ovine.
La Fiesta du Mouton représente une des festivités religieuses les plus importantes du Maroc, avec une importation d’environ 680 000 animaux vivants chaque année depuis l’Espagne. La récente sécheresse sévissant dans la région a réduit la disponibilité locale d’agneaux en 2024, incitant le roi Mohamed VI à octroyer des subventions directes à la population pour garantir l’accès à cette viande essentielle.
Cependant, cette année, la suspension de la fête a été privilégiée, ce qui a pris de court les producteurs espagnols, comme Dehesas Cordobesas, basée à Hinojosa del Duque, qui avaient prévu un important envoi d’animaux vers le Maroc.
Une chute significative des prix de l’agneau
Antonio Arévalo, président de Dehesas Cordobesas, a confié que cette annulation a eu des répercussions lourdes : « Nous avions des animaux de grande taille prêts à être envoyés, et l’impossibilité de les livrer au Maroc nous a contraints à chercher des marchés alternatifs. »
Il estime que l’Espagne pourrait avoir perdu les ventes de 300 000 à 400 000 agneaux en raison de cette situation. Pour sa coopérative, ce chiffre avoisine 10 000 têtes.
Les marchés locaux ont rapidement ressenti la pression, les cotations à la criée enregistrant une baisse sensible. Le prix moyen à l’origine de l’agneau de 23 kilos est passé à environ 110 euros, soit 15 euros de moins qu’en début d’année, une diminution de près de 12 %. Ce recul intervient après un pic historique atteint en décembre 2024, avec un prix culminant à 130 euros.
Orientation vers de nouveaux marchés d’exportation
Pour limiter les pertes, une large partie des agneaux initialement destinés au Maroc a été redirigée vers d’autres pays, principalement de la sphère arabe, tels que la Jordanie, l’Algérie et l’Arabie Saoudite. Par ailleurs, des ventes ont également eu lieu vers plusieurs pays européens comptant une importante communauté musulmane, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie.
Antonio Arévalo souligne toutefois la complexité de ces exportations alternatives, nécessitant une lourde bureaucratie et des autorisations spécifiques pour le transport maritime, ce qui ne se règle pas rapidement.
D’un point de vue stratégique, Felipe Molina, gérant de Ganadería Las Albaidas, recommande de ne pas se reposer sur un seul marché pour la commercialisation afin d’éviter de tels désagréments. Il encourage également la vente d’animaux déjà abattus plutôt que le transport d’animaux vivants, afin de limiter les risques logistiques.