Le fonctionnement du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Bordeaux est actuellement secoué par une grave affaire de comportements inappropriés impliquant son ancien directeur général, Jean-Pierre Ferré. Suspendu à titre conservatoire par le ministère de l’Enseignement supérieur, l’ancien responsable est visé par des accusations de harcèlement, d’agressions sexuelles et de relations contraignantes à l’encontre de plusieurs membres féminins du personnel.
Les premiers signalements remontent à février 2025, lorsque des victimes à Bordeaux ont dénoncé quatre agressions sexuelles et une relation forcée ayant donné lieu à des rapports répétés. À ces accusations s’ajoutent des déclarations concernant trois autres victimes identifiées à Grenoble, où l’intéressé officiait avant d’être en poste à Bordeaux. Ces faits s’étaleraient sur plusieurs années, ce qui a mené à l’ouverture d’une enquête approfondie confiée à l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR).
Une enquête contestée mais révélatrice
Les résultats de cette investigation sont venus tempérer l’émotion suscitée par les accusations, en précisant que la majorité des mentions dans le courriel anonyme, initialement à l’origine des signalements, étaient en partie inexactes. Les affirmations concernant sept signalements effectués auprès du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (CNUS) ont notamment été jugées fausses. Pourtant, l’enquête a confirmé l’existence de comportements inappropriés de la part de Jean-Pierre Ferré envers plusieurs femmes du personnel du Crous de Bordeaux.
Ce constat a justifié une suspension immédiate à titre conservatoire, et a conduit la ministre de l’Enseignement supérieur à transmettre le rapport au procureur de la République de Bordeaux, du fait de la possible qualification pénale de certains faits. La procédure disciplinaire en cours n’empêche pas une enquête judiciaire approfondie, visant à éclaircir la nature exacte des comportements reprochés.
Une gestion intérimaire et des enjeux
Pour assurer la continuité de la direction, c’est Dominique Froment, la directrice générale du Crous de Toulouse, qui a été nommée en tant que directrice par intérim du Crous de Bordeaux. Ce remaniement intervient dans un contexte où le personnel et les étudiants attendent des réponses claires sur la conduite des affaires et la lutte contre le harcèlement.
Les remontées officielles, notamment celles de l’enquête, illustrent les limites de la prévention et de la gouvernance dans ces structures. Elles soulignent la nécessité de renforcer la vigilance et les protocoles de signalement pour prévenir de tels incidents à l’avenir.