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Les forces gouvernementales syriennes et les Forces démocratiques syriennes (SDF) dirigées par les Kurdes ont convenu de cesser les hostilités à Alep après des heurts qui ont fait au moins deux morts civils et plusieurs blessés. Les affrontements sont survenus au moment de la visite à Damas du ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.
Déroulement des affrontements
Selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, le ministère de la Défense a ordonné à la direction générale de l’armée de suspendre les tirs visant les combattants des SDF après l’escalade. De leur côté, les SDF ont annoncé avoir donné des consignes pour ne plus riposter aux attaques des forces gouvernementales, après des contacts en vue d’une désescalade.
Les violences ont principalement affecté les quartiers kurdes d’Ashrafiyah et de Sheikh Maqsoud, où des unités kurdes et les forces de sécurité locales ont maintenu le contrôle malgré un accord de désengagement conclu en avril avec les autorités syriennes.
Accusations et démentis
Les autorités syriennes ont affirmé que des forces kurdes avaient attaqué du personnel aux points de contrôle mixtes dans les deux quartiers, tandis que les SDF ont accusé « des factions affiliées au gouvernement intérimaire » d’avoir frappé un poste de contrôle. Les deux camps ont ensuite publié des démentis concernant des attaques ciblées contre les positions adverses.
Un accord de mars resté lettre morte
Un accord signé en mars entre les SDF et Damas prévoyait l’intégration des forces kurdes dans la nouvelle armée syrienne, mais les modalités sont restées vagues et la mise en œuvre a été bloquée. Le point de blocage principal porte sur le statut des SDF : resteront-ils une unité cohésive ou seront-ils dissous et leurs membres intégrés individuellement?
Les autorités turques, opposées à l’entrée des SDF comme formation unifiée en raison des liens présumés avec le PKK, ont fait pression pour que l’intégration soit négociée en profondeur. Des responsables kurdes affirment néanmoins qu’un accord préliminaire permettrait à trois divisions affiliées aux SDF d’entrer dans l’armée en tant qu’unités, sans que la finalisation soit assurée.
Enjeux régionaux et risques
La question de l’intégration reste l’une des fractures les plus profondes de la Syrie post-conflit. L’échec d’un règlement durable expose le pays au risque d’un nouveau conflit armé capable de compromettre la sortie de la guerre qui a duré quatorze ans et fait des centaines de milliers de morts.
Par ailleurs, il existe un risque d’implication turque : Ankara considère la principale composante des SDF, les Unités de protection du peuple (YPG), comme liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié de groupe terroriste par plusieurs pays. Le PKK a pourtant annoncé en mars vouloir abandonner la lutte armée après un appel de son leader emprisonné.
Analyses et réactions diplomatiques
Pour l’analyste syrien Gamal Mansour, chargé de cours en science politique, les SDF ont « gagné du temps » et étaient réticents à avancer politiquement sur l’intégration. Selon lui, les forces syriennes ont toutefois réussi à provoquer un mouvement cinétique hors des bastions kurdes.
Le ministre turc Hakan Fidan a averti que la patience des parties concernées arrivait à son terme, répétant que « la stabilité de la Syrie signifie la stabilité de la Turquie ». Il a exhorté les SDF à ne plus faire obstacle à l’unité et à la prospérité du pays. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, a pour sa part accusé les SDF de « procrastination systématique ».
La délégation turque, accompagnée notamment du ministre de la Défense et du chef du renseignement, a rencontré le président par intérim syrien Ahmed al-Sharaa pour aborder, entre autres, la lutte contre le terrorisme et la prévention d’une résurgence de l’État islamique.
Acteurs impliqués
- Armée syrienne et ministère de la Défense
- Forces démocratiques syriennes (SDF) et composantes kurdes (YPG)
- Turquie et délégation conduite par Hakan Fidan
- PKK et contexte régional lié aux décisions de son leadership
- Acteurs internationaux présents dans la région, notamment les États-Unis
Le cessez-le-feu à Alep reste fragile et dépendra de la mise en œuvre effective des engagements pris, ainsi que de la capacité des parties à finaliser l’accord d’intégration militaire. Les tensions régionales et les intérêts concurrents rendent cependant incertaine la consolidation d’une paix durable.