Le ministère syrien de la Défense a annoncé un cessez-le-feu dans la ville de Soueïda, majoritairement peuplée de Druzes, après des jours d’affrontements meurtriers avec des tribus bédouines. Un accord aurait été conclu avec les « notables et dignitaires » de la ville, mettant fin aux violences ayant fait plusieurs dizaines de morts depuis vendredi.
Le ministre de la Défense, Murhaf Abu Qasra, a déclaré sur le réseau social X : « À toutes les unités opérant dans la ville de Soueïda, nous déclarons un cessez-le-feu complet ». Cette annonce fait suite au déploiement des forces gouvernementales pour arrêter la violence qui avait déjà causé de nombreuses pertes humaines.
Un couvre-feu a été instauré à Soueïda, alors que les violences se sont étendues à l’ensemble du gouvernorat, causant la mort d’au moins 99 personnes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
- Parmi les victimes, on compte 60 Druzes dont quatre civils.
- 18 combattants bédouins.
- 14 membres des forces de sécurité.
- 7 individus non identifiés portant des uniformes militaires.
Le ministère de la Défense a rapporté 18 morts parmi les forces armées.
Les factions bédouines et druzes entretiennent une inimitié de longue date à Soueïda, où des violences éclatent périodiquement.
Par ailleurs, Israël a mené des frappes aériennes sur Soueïda mardi, peu après l’entrée des forces gouvernementales syriennes dans cette ville druze. Israël, qui s’est engagé à protéger la minorité druze en Syrie, la considère comme un allié potentiel.
La direction spirituelle druze avait initialement refusé le déploiement des troupes syriennes dans cette ville du sud, tout en appelant les combattants druzes à déposer les armes et à permettre l’entrée des forces gouvernementales.
Cependant, mardi après-midi, la direction politique druze a changé de position. Le cheikh Hikmat al-Hajri, farouche opposant au nouveau régime de Damas, a affirmé que les troupes syriennes avaient violé tout accord en continuant de tirer sur les habitants.
« Nous faisons face à une guerre totale d’extermination », a-t-il déclaré dans une vidéo enregistrée, appelant tous les Druzes « à affronter cette campagne barbare par tous les moyens disponibles ».
Plus tôt dans la journée, des colonnes militaires syriennes ont été aperçues progressant vers Soueïda, avec un déploiement d’artillerie lourde aux environs. Le ministère de la Défense a confirmé l’entrée de ces forces dans la ville et a exhorté la population à rester chez elle et à signaler tout mouvement de groupes armés hors-la-loi.
Ce déploiement des forces gouvernementales à Soueïda est inédit depuis la chute du président syrien de longue date, Bachar al-Assad, en décembre dernier, et la formation d’un gouvernement intérimaire sous la présidence d’Ahmed al-Sharaa.
La secte religieuse druze est une minorité qui trouve son origine dans une branche du chiisme au Xe siècle. En Syrie, cette communauté d’environ 700 000 membres réside principalement dans la province méridionale de Soueïda ainsi que dans certaines banlieues de Damas, notamment Jaramana et Ashrafiyat Sahnaya.
Osama Bin Javaid, journaliste d’Al Jazeera en reportage à Deir Az-Zor, rapporte que les combats dans la ville se poursuivent depuis vendredi.
« Les affrontements ont dégénéré, faisant plus de deux douzaines de morts. Le gouvernement a envoyé des renforts, mais ceux-ci ont été pris en embuscade, causant au moins 18 soldats tués ou blessés », a-t-il expliqué.
La situation est aggravée par les frappes israéliennes contre des positions gouvernementales en Syrie. Israël, qui se présente comme un protecteur des Druzes dans le pays, a bombardé plusieurs chars syriens lundi.
« Plusieurs attaques israéliennes ont eu lieu, et l’armée israélienne a déclaré qu’elle continuerait à surveiller tout mouvement de personnel ou de matériel dans le sud de la Syrie, et à répliquer en conséquence », a précisé Osama Bin Javaid.