Home ActualitéSyrie : Inquiétudes des minorités face aux islamistes au pouvoir

Syrie : Inquiétudes des minorités face aux islamistes au pouvoir

by Sara
France

En Syrie, les minorités expriment de vives inquiétudes quant aux véritables intentions des islamistes radicaux qui ont récemment pris le pouvoir. Après la chute de Bachar al-Assad, le Premier ministre syrien de transition, issu du groupe sunnite radical Hayat Tahrir al-Cham (HTC), a affirmé que « les droits de toutes les communautés seront garantis ». Cependant, depuis le début de la guerre civile en 2011, de nombreuses minorités ont été persécutées par des groupes jihadistes.

Des minorités sous pression

Les minorités en Syrie, comprenant des alaouites, des chrétiens et des yazidis, craignent de subir à nouveau des persécutions avec l’ascension des islamistes au pouvoir. En effet, les groupes sunnites radicaux, comme le HTC, font resurgir de douloureux souvenirs d’oppression. Depuis 2011, environ six millions de Syriens, soit un quart de la population, ont fui le pays, faisant face à une guerre qui a coûté la vie à 300 000 personnes selon l’ONU.

Des chrétiens assistent à une messe de Pâques orthodoxe à l'église Saint-Jacques de la ville de Qamishli, contrôlée par les Kurdes, dans le nord-est de la Syrie, le 28 avril 2019.

Promesses et scepticismes

Dans une interview, Mohamed al-Bachir, le Premier ministre syrien de transition, a garanti que la coalition rebelle respecterait « les droits de toutes les communautés » et a appelé les millions d’exilés à rentrer chez eux. Pourtant, pour de nombreux Syriens, ces promesses semblent vides.

Les chiites, un courant de l’islam souvent persécuté par les groupes sunnites, ont déjà fui vers le Liban, tandis que d’autres minorités, comme les alaouites, craignent des représailles liées à l’héritage d’Assad, qui était lui-même alaouite. Hussein Ibish, chercheur à l’Institut des États arabes du Golfe, souligne que la situation actuelle déterminera si la Syrie évoluera vers une nation stable ou sombrera dans un chaos sectaire.

La réalité des chrétiens

Valentina Napolitano, sociologue et spécialiste des migrations forcées, note que lorsque al-Bachir mentionne les « communautés », il fait principalement référence aux chrétiens. Depuis la prise de pouvoir par le HTC, les églises à Damas sont vides et les chrétiens se cachent, craignant pour leur sécurité.

Les chrétiens représentent environ 8 à 10 % de la population syrienne, mais la guerre a poussé une grande partie de cette communauté à l’exil. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a souligné la nécessité pour le HTC de démontrer une réelle volonté d’écarter l’extrémisme.

Des craintes légitimes

Les Yazidis et d’autres minorités, y compris les musulmans chiites et les alaouites, continuent de vivre dans la peur. Antoine Fleyfel, directeur de l’Institut chrétien d’Orient, rappelle que ces groupes ont souvent été considérés comme des apostats par des mouvements jihadistes, les forçant à choisir entre la conversion ou la mort.

Bien que le HTC prétende avoir rompu avec ses liens jihadistes, de nombreux experts demeurent sceptiques. La communauté internationale, à travers des experts tels que Gilles Kepel, reste vigilante face aux changements de posture du groupe.

Un avenir incertain

Les inquiétudes des minorités confessionnelles sont fondées sur une incertitude persistante. Valentina Napolitano conclut que même si le nouveau gouvernement semble ouvert au dialogue, la situation reste floue. Les événements futurs détermineront si la Syrie pourra évoluer vers un modèle de coexistence pacifique ou si elle plongera davantage dans le sectarisme.

Minorités En Syrie | Syrie | Islamisme | Minorités | Persécution | Guerre Civile | Droits Humains | France

You may also like

Leave a Comment