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Des prisonniers palestiniens fraîchement libérés racontent des récits accablants de tortures physiques et psychologiques, ainsi que de négligence médicale délibérée dans les prisons israéliennes. Ils sont revenus affaiblis, amaigris et marqués par des blessures et des maladies, tandis que d’autres détenus n’ont pas survécu aux conditions. Ces témoignages dévoilent une réalité humaine brutale et mettent en lumière des pratiques infligées sur des détenus pendant des années.
Arrivée des libérés et état sanitaire
Les libérés sont arrivés dans la bande de Gaza (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/19/%D8%BA%D8%B2%D8%A9) avec des corps amaigris et des visages pâlis, portant les traces visibles des mauvais traitements subis. Parmi eux, Jamal Daghah, originaire des fermes de Noubani à Ramallah (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/21/%D8%B1%D8%A7%D9%85-%D8%A7%D9%84%D9%84%D9%87), a perdu 30 kilogrammes après un an et demi de détention. Il décrit la vie en prison comme extrêmement dure, évoquant la mauvaise qualité de la nourriture, les sévices physiques et psychologiques, et un déni de soins médicaux adéquats.
La réunion entre détenus et familles a parfois tourné au drame émotionnel : une fille d’un détenu a perdu connaissance en voyant son père, illustrant l’ampleur du traumatisme familial. Des enfants sont devenus pères sans reconnaître leurs propres fils, et des grands-parents n’ont jamais vu leurs petits-enfants.
Chocs personnels et pertes humaines
Plusieurs témoignages racontent des chocs simultanés : un ex-détenu libre a appris la mort de son père et de son frère pendant sa détention. Malgré cette douleur, il évoque avec lucidité la dégradation de l’état de santé de codétenus, touchés par des maladies chroniques et des fractures non soignées, conséquence de passages à tabac répétés.
Le Dr Samer Halabi, qui a purgé dix ans d’une peine de 32 ans, souligne une amélioration relative récente, tout en rappelant que les détenus ont traversé deux années d’extrême privation : faim, peur et épuisement.
Récit d’un départ humiliant
Parmi les récits, celui de Faisal (condamné à 30 ans) décrit l’épisode de la libération comme profondément humiliant. Il explique que les détenus ont été isolés des avocats, des visites et même du Comité international de la Croix-Rouge avant d’être informés de l’accord.
Selon lui, la véritable souffrance a commencé dès leur sortie des quartiers de détention : des unités spéciales auraient infligé des passages à tabac ciblés, concentrés sur le visage et les zones sensibles. Les marques des sévices restent visibles sur les mains, les jambes et le torse des libérés.
Formes de torture et privations documentées
Les témoignages évoquent plusieurs formes de mauvais traitements :
- coups répétés avec barres métalliques et objets en caoutchouc ;
- maintien prolongé en position douloureuse (ventre au sol, bras levés) ;
- privation de sommeil, de nourriture et d’eau ;
- négligence médicale systématique et refus de remèdes de base ;
- suralimentation carcérale et promiscuité favorisant la propagation d’infections cutanées.
Ces abus ont entraîné une diffusion massive de maladies de peau et d’infections : plus de 80 % des détenus auraient présenté des affections dermatologiques, selon les récits.
Conditions de détention et conséquences sanitaires
La surpopulation carcérale aggravait la situation : des cellules prévues pour six personnes en accueillaient souvent quinze, favorisant la contagion et l’aggravation des maladies. Les détenus relatent que même le personnel médical participait parfois aux violences et refusait de fournir des soins, rendant l’accès aux médicaments quasi impossible.
Dans ce contexte, les prisonniers eux-mêmes ont tenté de s’entraider : certains détenus formés ont prodigué des soins rudimentaires, désinfectant des plaies avec des moyens limités pour tenter de prévenir les infections.
Témoignage de jeunes détenus et évocations d’exécutions médicales
Hani, 21 ans, décrit son arrestation par une unité spéciale, suivie d’une journée entière d’interrogatoire sur le terrain sans eau ni nourriture, assortie de coups sévères. Il évoque un lieu de fouille surnommé par les détenus « le disco », privé de conditions humaines élémentaires.
Hani rapporte que 50 détenus ont subi des fractures et sont restés menottés pendant le transfert, incapables de bouger. Il ajoute que des peines disciplinaires impitoyables — retrait de draps, de couvertures, privation de vêtements — renforçaient la souffrance, notamment en hiver.
Décès et bilan des libérations
Plusieurs détenus sont morts en détention, selon les récits, dont un grand-père de 83 ans qui n’a pas survécu aux mauvais traitements au centre pénitentiaire de Sdeeman. Ces décès soulignent l’impact fatal de la négligence médicale et des sévices répétés.
Le bureau médiatique des prisonniers affilié au mouvement de la résistance islamique Hamas (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/2/10/%D8%AD%D8%B1%D9%83%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%88%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D9%84%D8%A7%D9%85%D9%8A%D8%A9-%D8%AD%D9%85%D8%A7%D8%B3) a indiqué que 154 prisonniers palestiniens ont été libérés puis transférés vers l’Égypte (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/10/20/%D9%85%D8%B5%D8%B1) en application de décisions d’expulsion.
Chiffres officiels et échange des détenus
De son côté, l’administration pénitentiaire israélienne a annoncé avoir procédé à la libération de 1 986 prisonniers palestiniens dans le cadre de l’accord conclu avec les factions de la résistance (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2024/10/19/%D9%85%D8%B9%D8%AA%D9%82%D9%84%D8%A7%D8%AA-%D9%88%D8%B3%D8%AC%D9%88%D9%86-%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84-%D8%AA%D8%A7%D8%B1%D9%8A%D8%AE-%D9%85%D9%86).
Par ailleurs, les Brigades al-Qassam, branche armée du Hamas (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/2/10/%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8-%D8%B9%D8%B2-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D9%8A%D9%86-%D8%A7%D9%84%D9%82%D8%B3%D8%A7%D9%85), ont remis 20 prisonniers israéliens au Comité international de la Croix-Rouge, dans le cadre d’un premier volet d’échanges et d’un cessez‑le‑feu (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/11/30/%d9%88%d9%82%d9%81-%d8%a5%d8%b7%d9%84%d8%a7%d9%82-%d8%a7%d9%84%d9%86%d8%a7%d8%b1).
Ces actions s’inscrivent dans une série d’accords qui comprennent un cessez‑le‑feu et des étapes d’échange et de retrait, modèles évoqués dans les propositions internationales relatives au conflit entre Israël (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2010/12/15/%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84) et les mouvements palestiniens, parfois présentés dans le cadre d’initiatives promues par des États tiers, dont les États-Unis et des médiateurs régionaux (voir, par exemple, certaines propositions évoquées sous l’administration de Donald Trump : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/8/26/%D8%AF%D9%88%D9%86%D8%A7%D9%84%D8%AF-%D8%AA%D8%B1%D9%85%D8%A8).
Conséquences et demande de reddition de comptes
Les témoignages convergent vers un même constat : des pratiques de torture et une négligence médicale systématiques ont gravement affecté des milliers de détenus. Les libérés réclament justice et mettent en garde contre l’ampleur des séquelles physiques et psychologiques laissées par ces années de détention.
Face à ces allégations, la communauté internationale et les organismes de défense des droits humains sont appelés à documenter les faits et à exiger des enquêtes indépendantes pour établir les responsabilités et garantir des soins aux victimes.