Depuis l’adoption de la loi Duplomb le 8 juillet dernier, le climat de tensions ne cesse de s’intensifier autour de cette réforme controversée. Elle prévoit notamment la réintroduction dérogatoire de pesticides de la famille des néonicotinoïdes, une mesure qui divise profondément le monde agricole et écologique.
Au cœur de cette polémique, la députée écologiste Delphine Batho, siégeant dans les Deux-Sèvres, dénonce avec vigueur les agressions dont elle fait l’objet. Elle a publié sur Facebook une photo illustrant la dégradation de sa permanence parlementaire, située à Melle, où des bottes de paille ont été déposées devant ses locaux. La députée affirme que ces actes sont attribuables aux Jeunes Agriculteurs et à la FNSEA, deux acteurs majeurs du secteur agricole, qui, selon elle, tenteraient de l’intimider en représailles à ses prises de position contre la loi Duplomb.
Une mobilisation face à une législation contestée
Depuis son adoption, la loi Duplomb, qui autorise le retour sous conditions d’un pesticide interdit depuis 2018 pour ses effets néfastes sur l’environnement, a suscité une opposition massive. Une pétition lancée par une étudiante, pour obtenir son annulation, a recueilli plus de 1,7 million de signatures, dépassant tous les clivages politiques.
Ce climat de contestation s’est traduit aussi par des actes de vandalisme et des menaces ciblant des parlementaires opposés à la loi. La semaine dernière, la permanence du député écologiste Jean-Louis Roumégas dans l’Hérault a été vandalisée par la Coordination Rurale, qui a également été à l’origine d’actions similaires auparavant. En parallèle, la députée du MoDem du Puy-de-Dôme, Delphine Lingemann, qui a voté en faveur de la loi, a porté plainte après la dégradation de sa permanence.
Réactions et enjeux
Face à ces violences, le ministère de l’Intérieur a recensé neuf incidents impliquant notamment des dégradations et des outrages sur les réseaux sociaux. Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, a d’ailleurs indiqué qu’il demanderait aux procureurs d’être d’une « grande fermeté » face à ces actes inacceptables.
Si tous les agriculteurs ne soutiennent pas la loi Duplomb, qui est accusée de reculer certains enjeux écologiques sous prétexte de soutenir l’agriculture française, elle bénéficie toutefois du soutien des principaux syndicats agricoles, tels que la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination Rurale. Ces divisions illustrent la complexité du débat autour de cette réforme majeure.