La Cour suprême de Thaïlande a ordonné mardi 9 septembre l’emprisonnement immédiat de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, afin qu’il purge une peine d’un an pour corruption et abus de pouvoir. « La cour va émettre un mandat (de dépôt) et un responsable de la prison de Bangkok va l’emmener », a déclaré la Cour suprême selon l’arrêt lu à l’audience. Une centaine de policiers ont été déployés devant la Cour et des partisans du mouvement Shinawatra, vêtus du rouge, se sont rassemblés sur place, témoignant des divisions politiques autour de la dynastie au pouvoir depuis deux décennies.
Thaïlande: la Cour suprême ordonne l’emprisonnement immédiat pour Thaksin Shinawatra
Âgé de 76 ans, Thaksin Shinawatra avait été condamné à huit ans d’emprisonnement pour corruption et abus de pouvoir, et n’avait jamais purgé cette peine en prison. Revenu en Thaïlande en août 2023 après un long exil, il avait été placé en détention puis sa peine avait été réduite à un an par une grâce royale, avant une libération anticipée en février 2024 par égard à son âge. Selon la Cour suprême, son séjour à l’hôpital ne pouvait pas être compté comme une peine et l’incarcération a été ordonnée à Bangkok. Il encourait jusqu’à 15 ans d’emprisonnement pour ces faits, selon la loi thaïlandaise interdisant toute critique du roi et de sa famille. Thaksin est revenu en Thaïlande lundi en jet privé, après quelques jours hors du pays qui avaient alimenté des rumeurs dans la presse nationale d’une possible fuite à l’étranger.

Contexte politique et réactions du nouveau gouvernement
La dynastie Shinawatra a dominé la vie politique thaïlandaise pendant deux décennies et a souvent été en opposition avec l’élite pro-armée et royaliste, considérant le populisme familial comme une menace pour l’ordre social. Le nouveau gouvernement, formé peu après l’éviction de Paetongtarn Shinawatra, a assuré qu’il organiserait des élections législatives sous quatre mois et qu’il n’y aurait ni favoritisme, ni persécution, ni vengeance à l’encontre de Thaksin.
La fille Paetongtarn Shinawatra, ancienne Première ministre destituée fin août, a déclaré devant la Cour suprême: « Mon père reste un chef spirituel, que ce soit par sa fonction politique passée, ses contributions pour le pays ou son intention sincère de participer à l’amélioration de la vie des Thaïlandais ». Cette prise de parole survient alors que la dynastie cherche à maintenir son influence face à une critique persistante et à des appels à la transparence.
